[CRITIQUE] : The Fallout

Réalisatrice : Megan Park
Avec : Jenna Ortega, Maddie Ziegler, Niles Fitch,...
Distributeur : - (Warner Bros. France)
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
A la suite d'un événement tragique au sein de son lycée, Vada, une adolescente voit ses relations familiales et amicales modifiées à jamais...

Critique :

Toujours vissé sur ses victimes,#TheFallout est un teen movie honnête et déchirant qui gravite dans un douloureux et palpable état de purgatoire, ou les survivants vivent dans la mélancolie d'une insouciance révolue, et l'anxiété que quelque chose d'horrible se produise à nouveau pic.twitter.com/1Af51GIOfa
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 24, 2022

Il y a deux ans, le plutôt futé Spontaneous de Brian Duffield avait trouvé une façon à la fois originale - voire même franchement barrée - et bouleversante pour traiter du deuil adolescent, ou quand une épidémie de combustion spontanée frappant aléatoirement des jeunes hommes et femmes, se faisait le miroir affûté et dévastateur à une Amérique gangrenée par l'horreur des fusillades de masse dans les lycées.
The Fallout de Megan Park lui, adopte une approche nettement plus discrète et frontale du sujet en sondant les ellipses émotionnelles, la confusion terrible, les conséquences de la violation d'un territoire (supposément) sécurisé ou encore la douleur insondable du deuil et la culpabilité du survivant, qui découlent de ces catastrophes meurtrières.

Une exploration intime de ce qu'est être l'une des victimes d'une fusillade, de vivre une tragédie brutale qui se transforme lentement mais sûrement en une plaie impossible à cicatriser.
Survivre à l'impensable, c'est ce avec quoi doit jongler au quotidien Vada (Jenny Ortega, superbement authentique) dont la narration suit les chamboulements existentiels et émotionnels avec minutie et pudeur, auscultant de manière tangible ses relations avec Mia (avec qui elle a directement partagé cette tragédie), sa thérapeute compatissante (une Shailene Woodley sobre et juste), son meilleur ami Nick (qui suite aux évènements, devient la voix la plus médiatisée de l'école les actions à mener pour prévenir ces violences dans le futur), sa soeur cadette Amelia (qui se sent coupable), ses parents aimants mais aussi et surtout avec elle-même, et une colère qu'elle n'avait jusqu'alors jamais connu.
Avec une voix sensible qui correspond totalement à l'âge et à l'instabilité émotionnelle de ses protagonistes, la péloche fait le parti pris intelligent de ne jamais amener ces adolescents à devenir instantanément une sorte de version mûrie d'eux-mêmes, elle les laisse s'exprimer de manière crue, radicale ou même artistique, consciente que la seule guérison possible sera celle offerte par le temps.

Constamment vissé sur ses victimes et non sur un questionnement sociologique qu'il ne fait finalement que survoler, The Fallout, pas exempt de quelques maladresses (c'est le premier long-métrage de la comédienne Megan Park et cela se sent parfois), est un teen movie honnête et déchirant qui existe tout du long dans un douloureux et palpable état de purgatoire, ou les survivants vivent dans la mélancolie d'une insouciance révolue, et l'anxiété que quelque chose d'horrible se reproduise à nouveau.

Jonathan Chevrier