[CRITIQUE] : Les poings desserrés
Réalisatrice : Kira Kovalenko
Avec : Milana Aguzarova, Alik Karaev, Soslan Khugaev, …
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Russe.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Dans une ancienne ville minière en Ossétie du Nord, une jeune femme, Ada, tente d’échapper à la mainmise de sa famille qu’elle rejette autant qu’elle l’aime.
Critique :
Totalement incognito ou presque, la jeune Ada (Milana Aguzarova, absolument formidable) attend de manière gentiment impatiente à un arrêt de bus poussiéreux, le bas du visage couvert par son manteau.
Le spectateur ne sait pas si la jeune femme attend l'arrivée de quelqu'un, ou si elle prépare sa propre évasion de Mizur, une ancienne ville minière d’Ossétie du Nord qui a tout d'une prison à ciel ouvert dont elle ne peut s'échapper.
Finalement de retour dans la maison familiale, le cadre laisse lentement transparaître la relation étrange qui l'unit à son frère et son jeune frère, une relation qui va bien au-delà de la co-dépendance toxique reflétée à travers leurs interactions troublantes.
Un lien enraciné dans un traumatisme profond et douloureux, fruit d'une absence de figure maternelle qui a contraint Ada à devenir non seulement la personne responsable des tâches ménagères, mais aussi et surtout le pilier émotionnel du foyer.
Epuisée, elle rêve d'avoir une vie différente loin de tous soucis, dans cet ailleurs de liberté que son frère ainé Akim lui a promis (il est le seul membre de la famille à avoir réussi à quitter la maison et à trouver du travail dans une autre ville), où elle pourrait enfin se sentir comme une femme pleine et entière...
Avec son deuxième long-métrage, Les poings desserrés, la cinéaste russe Kira Kovalenko, épouse les codes du coming of age movie pour mieux asséner un véritable uppercut à son auditoire, un drame puissant et dévastateur rappelant parfois le formidable cinéma de Béla Tarr, dévoilant les recoins sombre d'une Russie à la masculinité aussi toxique que pathétique, mais surtout d'une nation incapable de panser ses blessures.
Bien que la violence hante continuellement le film, Kovalenko évite minutieusement de la laisser habiter le centre du cadre tout en pointant du bout de la caméra comment la désolation d'un pays habite et tyrannise le corps d'une femme, engoncé dans les contradictions désorientantes des traditions autant que de ses propres relations familiales liberticides et à l'ambiguïté troublante (constamment enlacé entre agressivité et affection, haine et amour, une profonde répulsion et un désespoir à la lisière de l'incestueux).
Aussi captivant et singulier qu'il est d'un mutisme opaque et d'un réalisme percutant, Les poings desserrés incarne une expérience sous tension glaciale et terrifiante, vissée sur une héroïne hyperactive que tout le monde s'arrache et abime, au point qu'elle n'a même pas une seconde pour s'imaginer une vie ailleurs que dans sa prison de verre.
Jonathan Chevrier
Avec : Milana Aguzarova, Alik Karaev, Soslan Khugaev, …
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Russe.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Dans une ancienne ville minière en Ossétie du Nord, une jeune femme, Ada, tente d’échapper à la mainmise de sa famille qu’elle rejette autant qu’elle l’aime.
Critique :
Aussi captivant qu'il est d'un réalisme percutant,#LesPoingsDesserrés se fait autant le portrait âpre et douloureux d'une femme hyperactive que tout le monde s'arrache et abime, que d'une Russie à la masculinité toxique que pathétique, une nation incapable de panser ses blessures pic.twitter.com/wA8sLZXxTc
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 25, 2022
Totalement incognito ou presque, la jeune Ada (Milana Aguzarova, absolument formidable) attend de manière gentiment impatiente à un arrêt de bus poussiéreux, le bas du visage couvert par son manteau.
Le spectateur ne sait pas si la jeune femme attend l'arrivée de quelqu'un, ou si elle prépare sa propre évasion de Mizur, une ancienne ville minière d’Ossétie du Nord qui a tout d'une prison à ciel ouvert dont elle ne peut s'échapper.
Finalement de retour dans la maison familiale, le cadre laisse lentement transparaître la relation étrange qui l'unit à son frère et son jeune frère, une relation qui va bien au-delà de la co-dépendance toxique reflétée à travers leurs interactions troublantes.
Un lien enraciné dans un traumatisme profond et douloureux, fruit d'une absence de figure maternelle qui a contraint Ada à devenir non seulement la personne responsable des tâches ménagères, mais aussi et surtout le pilier émotionnel du foyer.
Epuisée, elle rêve d'avoir une vie différente loin de tous soucis, dans cet ailleurs de liberté que son frère ainé Akim lui a promis (il est le seul membre de la famille à avoir réussi à quitter la maison et à trouver du travail dans une autre ville), où elle pourrait enfin se sentir comme une femme pleine et entière...
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Avec son deuxième long-métrage, Les poings desserrés, la cinéaste russe Kira Kovalenko, épouse les codes du coming of age movie pour mieux asséner un véritable uppercut à son auditoire, un drame puissant et dévastateur rappelant parfois le formidable cinéma de Béla Tarr, dévoilant les recoins sombre d'une Russie à la masculinité aussi toxique que pathétique, mais surtout d'une nation incapable de panser ses blessures.
Bien que la violence hante continuellement le film, Kovalenko évite minutieusement de la laisser habiter le centre du cadre tout en pointant du bout de la caméra comment la désolation d'un pays habite et tyrannise le corps d'une femme, engoncé dans les contradictions désorientantes des traditions autant que de ses propres relations familiales liberticides et à l'ambiguïté troublante (constamment enlacé entre agressivité et affection, haine et amour, une profonde répulsion et un désespoir à la lisière de l'incestueux).
Aussi captivant et singulier qu'il est d'un mutisme opaque et d'un réalisme percutant, Les poings desserrés incarne une expérience sous tension glaciale et terrifiante, vissée sur une héroïne hyperactive que tout le monde s'arrache et abime, au point qu'elle n'a même pas une seconde pour s'imaginer une vie ailleurs que dans sa prison de verre.
Jonathan Chevrier