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[CRITIQUE] : Scream

Réalisateurs : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Avec : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Melissa Barrera, Jenna Ortega, Jack Quaid,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Vingt-cinq ans après que la paisible ville de Woodsboro a été frappée par une série de meurtres violents, un nouveau tueur revêt le masque de Ghostface et prend pour cible un groupe d'adolescents. Il est déterminé à faire ressurgir les sombres secrets du passé.



Critique :


Au-delà même de l'enthousiasme certain qu'aura pu distiller sa jolie campagne promotionnelle, force est d'admettre que les angoisses du fan absolu de la saga restaient inchangées à l'entrée même de la salle (pas assez) obscure, face à ce cinquième opus que l'on savait déjà hautement dispensable, même dans une Hollywood la putain qui n'a de cesse de poncer jusqu'à la moelle le moindre de ces succès populaires.
Vouloir concocter une suite tardive, ou plutôt un reboot clairement assumé puisque c'est réellement le cas ici (le fameux " requel " à la mode), sans les présences tutélaires de feu Wes Craven (pas à un saccage près de sa filmographie, même de son vivant) et de Kevin Williamson, avait tout de la fausse bonne idée et cela même si le tandem Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (avec un autre duo au scénario, James Vanderbilt et Guy Busick) cherchait à s'inscrire dans la même veine que J.J. Abrams pour Le Réveil de la Force, et Jason Reitman pour S.O.S. Fantômes : L'héritage : rendre hommage à une saga légendaire tout en constituant un nouveau départ si ce n'est totalement satisfaisant, au moins à même de plaire à une nouvelle génération qui semble (ce que tout du moins, laisse entendre l'industrie) incapable de se projeter sur des oeuvres ayant - minimum - deux décennies au compteur.

Copyright Paramount Pictures

Basé sur ce constat, ce cinquième film triomphe sans doute là où aucune autre saga horrifique n'avait réussi jusqu'à aujourd'hui, pas même le Halloween de David Gordon Green, dans le sens où le film existe pleinement au sein d'une saga qu'il ne renie absolument pas - sauf peut-être le quatrième film -, même s'il a une sérieuse tendance à se cacher dans l'ombre du film original dont il se revendique totalement comme son héritier - et ce jusque dans son titre méta et maladroit.
Subvertissant peut-être plus encore que les trois précédentes suites, le concept de whodunit cher à la saga en le rendant plus ludique (même s'il n'est pas si difficile d'avoir le fin mot de l'histoire, même en étant peu attentif), tout en se complaisant un brin dans une mécanique aussi familière et confortable que profondément nostalgique, autant que son statut même de suite - comme le quatrième opus - dans une compréhension/attaque cynique et incisive sur la franchisation à outrance d'Hollywood (l'aspect furieusement méta et cathartique de chaque film sur le genre horrifique, étant la marque indélébile de la saga), Scream opère un léger retour en arrière pour mieux regarder vers l'avenir, convoque les personnages du passé (il offre un arc d'évolution fantastique et tragique au personnage de Dewey, campé par un exceptionnel David Arquette, mais totalement inconsistant en ce qui concerne Sidney et Gale) tout en faisant de ses nouveaux visages, les pivots centraux - et bancales - de son histoire.
Si son scénario n'est pas aussi malin que ses prédécesseurs (parfois savoureusement en avance sur leur temps), voire même un brin cliché (ce qui est, justement, totalement assumé), il réussit néanmoins à s'imposer comme un exposé affuté des tendances actuelles de l'horreur et à les évoquer de manière à réellement servir son histoire tranchante et brutale.
Réorganisation étonnante de la mythologie de la saga, donnant plus ou moins ce que les fans inconditionnels désirent autant que du grain à moudre pour ses détracteurs (sans surprise et exceptés quelques points essentiels, le film montre qu'il n'est qu'une suite/reboot certes fun mais franchement dispensable, dont les fondements étaient déjà ceux des opus 3 et 4), Scream recontextualise ce qu'un slasher d'une saga populaire peut faire et/ou dire en 2022, sans être complètement écrasé par les tics obsessionnels de sa fandom dont fait également partie ses auteurs et réalisateurs.

Copyright Paramount Pictures

Être capable de faire efficacement un film Scream qui ne repose pas sur la présence de Sidney Prescott n'était pas une mince affaire, et susciter l'intérêt autour de nouveaux personnages/potentiels survivants encore moins (même si sa galerie de nouveaux visages est peut-être un peu trop imposante pour qu'ils soient tous suffisamment bien traités), d'autant que le mobile du Ghostface ici, asséné dans un final peut-être un poil précipité (au coeur de l'iconique maison des Macher), est plutot rafraîchissant.
Avec des mises à mort parfois musclés (certaines convoquent même les attaques fortes des films précédents), un score oppressant de Brian Tyler et un nouveau casting emballant (excepté Melissa Barrera, qui a tout du mist-cast), Scream ne renouvelle pas la formule et n'est pas plus pertinent que ses ainés (une structure bancale, des parti pris jamais assez creusés,...), mais fait le café dans un double jeu d'héritage qui en laissera sans doute plus d'un sur le carreau (comme Matrix Resurrection en somme, la finesse du procédé et le souci d'incarnation en moins).
La question est désormais de savoir non pas si Ghostface peut revenir à Woodsboro, mais s'il le doit vraiment.


Jonathan Chevrier


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