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[CRITIQUE] : L’histoire de Joe Bell


Réalisateur : Reinaldo Marcus Green
Acteurs : Mark Wahlberg, Reid Miller, Connie Britton,...
Budget : -
Distributeur : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
D'après l’histoire vraie de Joe Bell et de son fils de 15 ans, Jadin, qui s'est suicidé en 2013 après avoir été victime d'homophobie. Après la mort de son fils, Joe Bell a décidé de traverser les Etats-Unis pour lui rendre hommage...



Critique :

Il n'aura fallu qu'une poignée de semaines pour comprendre que l'année ciné 2022 allait sensiblement se jouer sur le même tempo infernal que celle de 2021 (enfin, dans sa seconde moitié), avec une proposition gentiment chargée dans les salles obscures, ainsi qu'une pluie de séances se rendant disponible en VOD et sur les plateformes, dans la même foulée.
À tel point qu'il nous est impossible de pouvoir tout voir mais aussi et surtout presque impossible de pouvoir être au courant de tout ce qui sort, sans laisser de nombreuses sorties sur le carreau.
Tête de liste des dix, douze films de ce début d'année à debarquer directement en VOD, Joe Bell - L'histoire de Joe Bell par chez nous - de Reinaldo Marcus Green (chapeauté avant son mitigé La Méthode Williams, en salles depuis début décembre), est de ces péloches émouvantes dont les défauts certains sont gentiment mis en sourdine par ses meilleures intentions; de ces séances imparfaites mais nobles qui abordent des sujets nécessaires et importants (ici les effets tragiques de l'intimidation et du harcèlement sur les adolescents homosexuels).

Copyright Leonine

Basé sur une histoire vraie, le film raconte comment la vie d'un père de famille fermement ancré dans la classe ouvrière de l'Oregon, Joe Bell, à la connaissance naïve et limitée du monde qui l'entoure, va être profondément ébranlée et brisée lorsque son fils de 15 ans, Jadin, victime de harcèlement et de violences au sein même de son lycée parce qu'il homosexuel, se suicide.
Même s'il n'avait jamais vraiment compris son fils, il acceptait ses choix et l'aimait plus que tout.
Décidé d'honorer sa mémoire, il traversera le pays à pied pour sensibiliser dans des discours publics (dans des églises, des gymnases,...), ceux qui voudront bien l'écouter et quitter leur ignorance...
Tissé au sein d'une narration un brin déroutante, entre une quête de rédemption sauce road trip au présent, et des flashbacks montrant l'intimité d'une relation père-fils dont la douleur a été ignorée jusqu'à ce qu'il soit trop tard, Joe Bell touche par sa sincérité et son humilité autant que par sa volonté de ne jamais trop tirer la larme de son auditoire à coups d'artifices putassier : la puissance de son sujet fait tout.
Une foi qui fait mouche (son aspect brut de décoffrage, à peine atténué par quelques saillies humoristiques salvatrice, ne le rend que plus sincère et réaliste) autant qu'elle s'avère parfois à double tranchant, tant à trop mettre l'accent sur son impact émotionnel et le désir de rachat paternel, la narration du tandem Diana Ossana et Larry McMurtry (les scénaristes du Secret de Brokeback Mountain) manque cruellement de nuances et même de profondeur dans sa galerie de personnages, tous aussi superficiels que fadement sous-développés.

Copyright Leonine

Idem pour ce qui est de la réalisation lente et sans ampleur de Green, un non-style fonctionnelle jamais relevé par un montage confus qui plombe sensiblement son rythme - notamment dans sa seconde moitié.
Dommage, tant le bonhomme s'avère un solide directeur d'acteurs, offrant à Marky Mark Wahlberg l'une de ses meilleures performances de récentes mémoires (sobre et sensible en père endeuillé), mais aussi au jeune Reid Miller, l'occasion de gentiment cassé la baraque en ado tourmenté.
À une époque où la haine fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre est si répandue qu'elle fait tragiquement partie de la vie quotidienne (les choses changent certes, mais avec une lenteur désespérante), Joe Bell ne restera sans doute pas dans les mémoires (et sa sortie en catimini le démontre complètement), mais la simplicité et la force vibrante de son message de tolérance (ainsi que sa dénonciation de l'homophobie et du rejet communautaire, encore plus au coeur d'une Amérique faussement puritaine), mérite qu'on lui apporte le minimum d'attention dont il a besoin.


Jonathan Chevrier