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[CRITIQUE] : L’Étau de Munich


Réalisateur : Christian Schwochow
Acteurs : George MacKay, Jannis Niewöhner, Jeremy Irons, Ulrich Matthes, Jessica Brown Findlay,...
Budget : -
Distributeur : Netflix France
Genre : Drame, Historique, Thriller.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h11min.

Synopsis :
1938. La tension est palpable à la conférence de Munich. Deux anciens amis, un fonctionnaire britannique et un diplomate allemand, agissent en coulisses pour révéler un secret nazi.
Inspiré du livre de Robert Harris.



Critique :


Curieux mélange entre faits historiques plutôt bien documentés, et pure fiction plus ou moins bien amenée (basé sur le roman Munich de Thomas Harris), L'Étau de Munich du cinéaste allemand Christian Schwochow, nouvelle sortie de la semaine du côté d'une Netflix un brin timide depuis la nouvelle année, se fait autant un drame historique qu'un thriller d'espionnage mou du genou.
Une péloche au demeurant ambitieuse sur le papier (et en ce sens, il démontre une fois de plus que ce qui marche en littérature, ne fonctionne pas forcément sur grand écran), dont l'une des plus grosses faiblesses est, au-delà du fait de ne jamais vraiment savoir sur quel pied danser, qu'elle souffre du mal inéluctable de tout film arborant un tant soit peu une véracité historique : nous savons tous comment il va se terminer, ce qui plombe sensiblement notre implication.
Catapulté au coeur du fatidique mois de septembre 1938, à la fois juste avant et pendant la conférence de Munich, ou il fut autorisé par l'Allemagne d'Hitler d'aiguiser son appétit de conquérant en annexant les Sudètes, la narration se fixe sur deux anciens amis et camarades d'Oxford

Copyright Frederic Batier / Netflix

Soit Hugh Legat, le secrétaire particulier du Premier Ministre britannique Neville Chamberlain, et Paul von Hartmann (vaguement basé sur Adam von Trott zu Solz, un diplomate qui a été impliquée dans un complot pour assassiner Hitler, en 1944) un diplomate du Reich, ne se sont plus croisés depuis leurs études communes.
Ensemble, ils vont avoir quatre jours pour tenter de dévier le cours de l'Histoire et empêcher Chamberlain de signer les accords de Munich (spoilers : cela n'arrivera pas)...
Contant la petite - et fictionnelle donc - histoire (elle de deux diplomates fictifs vissés aux extrémités opposées de la division Axe/Alliés) au sein de la grande, le long-métrage cherche à incarner la relecture d'un épisode charnière de notre passé récent, au détour d'une narration dont le point de vue un poil confus se veut à la fois intime et politique, sans jamais véritablement donner de corps à ses deux axes.
Comme si Schwochow nous faisait comprendre qu'il avait totalement capturer les enjeux qui se nouent au coeur de ce jeu de dupes géopolitique mais qu'il ne saivait pas en revanche, comment nous les faire ressentir de manière palpable.
Plombé par la prévisibilité évidente de son issue (les personnages ont beau se débattre, nous savons que ce sera en vain), le récit détonne dans sa volonté de nous faire croire en sa logique alambiquée et en la subjectivité de son prisme historique (sa réhabilitation osée de Neville Chamberlain en tête, en fait presque une sorte de fan-fiction historique ultra-conservatrice), et ne vaut in fine que pour son pendant fictionnel - littéralement sacrifié cela dit dans le dernier tiers -, notamment via le sort du personnage de Paul, dont l'évolution idéologique (il passe d'un etudiant fraîchement diplômé défendant la fierté allemande, à un homme six ans plus tard, prêt à risquer sa vie pour arrêter Hitler) et son lent glissement vers une voie sans issue, sont vraiment intéressants.

Copyright Frederic Batier / Netflix

Dommage quand on voit qu'il était suffisamment bien incarné (si Ulrich Matthes campe un Hitler joliment dérangé et effrayant, et Jeremy Irons un étonnamment sympathique, c'est surtout Jannis Niewöhner qui vole le show dans la peau de Paul) et esthétiquement soignée (belle photographie froide et terne de Frank Lamm couplée à une belle reconstitution) pour faire son petit effet.
Mais sa propension à frustrer les attentes de son auditoire - et rarement de manière productive -, fait qu'il se vide tout du long un chargeur sur les paluches et manque sensiblement le coche, sans forcément être totalement déplaisant pour autant dans son exposition fictionnelle des dures vérités de la réalité politique en temps de guerre (ou pas loin).
Curieux qu'on vous dit...


Jonathan Chevrier