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[CRITIQUE] : Liban 1982

Réalisateur : Oualid Mouaness
Avec : Nadine Labaki, Mohamad Dalli, Rodrigue Sleiman,...
Distributeur : Moonlight Films Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Fantastique.
Nationalité : Libanais, Norvégien, Français, Qatarien.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Pendant l’invasion du Liban par l'armée israélienne en 1982, dans une école privée en périphérie de Beyrouth, Wissam, onze ans, tente de confesser son amour à l’une de ses camarades de classe. Au même moment, ses professeurs, qui partagent un différend politique, essayent de masquer leurs craintes.



Critique :


Au coeur du septième art, quelle soit fictive ou inspirée de conflits bien réels, la guerre est souvent représentée à travers les yeux de ceux qui sont engloutis en première ligne, que ce soit les soldats ou les victimes civiles directes.
Pour son premier long-métrage, le réalisateur libanais Oualid Mouaness choisit un prisme de vision résolument plus éloigné mais pas moins furieusement évocateur, tant il capture l'incertitude et la peur qui gangrène lentement mais sûrement le quotidien des professeurs et des élèves d'une petite école privée sur la périphérie de Beyrouth, aux premières heures de l'invasion israélienne au Liban en 1982 (et tout est dans le titre d'ailleurs : Liban 1982).
Une manière habile de se détourner du front pour offrir une véritable perspective historique à hauteur d'enfants - et des adultes qui les accompagnent.
On y suit avant tout le jeune et fantasque Wissam, onze printemps au compteur, qui en cette fin d'année scolaire a enfin le courage de dire à son béguin Joana, ce qu'il ressent pour elle.
Mais alors que ses sentiments et l'ivresse de l'amour consument son esprit, ses deux professeurs Yasmine et Joseph eux, en couple, sont confrontés à un problème bien plus complexe à gérer, alors que le rugissement tonitruant des avions survolent leurs têtes et que les bruits de bombes se rapprochent de plus en plus d'eux...

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En usant des atermoiements sentimentaux du jeune Wissam comme pivot central de la narration, le cinéaste capture avec intelligence la lente érosion de l'innocence à l'aube de l'adolescence et d'un conflit dévastateur, tant la lutte contre la peur d'un manque de réciprocité et les obstacles qui accompagnent un amour de jeunesse, épousent avec justesse et de manière plus générale, l'incertitude et l'insécurité qui affectent le Liban.
Une innocence enfantine qui cherche à deviner confrontée à une conscience adulte qui sait tout, elle-même tiraillée entre une agonie/paranoïa intérieure de plus en plus ingérable, et une volonté de garder le cap devant les enfants, dans l'espoir de maintenir l'illusion d'un calme et l'ordre (superbe et complémentaire tandem Nadine Labaki/Rodrigue Soleiman).
En enlacant la petite histoire dans la plus grande (ou quand les confrontations du monde réel affectent les personnages qui nous ressemblent) pour mieux solidement construire son émotion, complexe et naturelle à la fois; Liban 1982, peut être un poil tronqué par sa mise en scène sans ampleur et son dernier tiers un surréaliste, expose de manière réfléchie comment, même en temps de conflits et de crises de grande envergure, la vie continue, aussi brisée, mesquine et futile soit-elle.
Rien de révolutionnaire dans ce constat évidemment, d'autant que tous les passages obligés sont cochés sans sourciller, mais la chaleur et l'empathie profonde qui l'accompagnent au coeur d'un chaos grandissant, en font une séance si ce n'est essentiel, au moins sincèrement agréable à mirer.


Jonathan Chevrier


 

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