[CRITIQUE] : Les Éternels
Réalisatrice : Chloé Zhao
Acteur : Angelina Jolie, Richard Madden, Gemma Chan, Kumail Nanjiani, Salma Hayek, Brian Tyree Henry, Lauren Ridloff, Lia McHugh, Don Lee, Barry Kheogan,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h37min
Synopsis :
Depuis l’aube de l’humanité, les Éternels, un groupe de héros venus des confins de l’univers, protègent la Terre. Lorsque les Déviants, des créatures monstrueuses que l’on croyait disparues depuis longtemps, réapparaissent mystérieusement, les Éternels sont à nouveau obligés de se réunir pour défendre l’humanité…
Critique :
Il y a quelque chose de contradictoire, voire même de profondément stupide n'ayons pas peur des mots, à l'idée de voir tout un pan de la critique - hexagonale comme étrangère - fustiger Les Éternels comme un tâcheron pur et simple; ceux-là même qui, parce que c'est un sport assez facile (et nous le faisons tous, ne soyons pas pisse froid), n'ont eu de cesse que de tirer sur l'ambulance MCU, pour son manque cruel d'originalité et sa volonté de nous ressortir le même type de potage préfabriqué et ne dépassant jamais la marge.
À quoi bon demander un divertissement un tant soit peu différent issu d'une machine beaucoup trop bien huilée, si c'est pour lui chier - virtuellement - dans le cou, justement pour sa différence (quand certains n'hésitent même pas à lui reprocher de ne pas être parsemé de scories qu'ils critiquaient dans les autres péloches de la firme) et sa volonté sincère de, si ce n'est briser le moule, le remodeler à l'image de sa cinéaste.
Tant pis pour les critiques à la régurgitation facile et aveugle, qui ne verront pas les qualités évidentes d'un blockbuster certes inégal et perfectible, mais dont la somme des qualités surpasse sans trembler ses maladresses.
Avec une confiance rare autant en son cinéma qu'en l'oeuvre de Jack Kirby, Chloé Zhao livre un film à la narration fragmentée et non linéaire, qui embrasse autant qu'elle s'articule chaudement autour de grandes notions philosophiques qui n'apparaissent ni désinvolte et encore infantilisée à l'écran.
Un prisme transformant la sempiternelle lutte entre le bien et le mal - et même la si familière lutte pour la protection/survie de l'humanité -, en quelque chose de résolument moins schématique, et de beaucoup plus sombre et mélancolique (tranchant avec le triomphalisme satisfaisant qui caractérise généralement le genre super-héroïque).
Même ses super-héros eux-mêmes n'ont rien de commun, un groupe hétéroclite et égalitaire (dont la diversité est plus une manière juste représenter de représenter les réalités de l'humanité à travers l'histoire, que comme une voie faussement progressiste un brin putassière à laquelle Disney nous a déjà habitué) semblant tous issus de tragédies grecques et assumant pleinement le fait qu'ils ne soient pas forcément super, voire même pas totalement les héros que l'on pense qu'ils soient - ou devraient être - non plus; des personnages véritablement terre à terre et ayant de vrais buts, rejetant la dualité séculaire du super-héros pompant et populaire, tout en faisant pleinement face à la petitesse et la banalité de la vie domestique (famille, amour, amitié, sexe, jalousie, ambitions professionnelles,...).
Des personnages authentiques, ambiguës et profonds (Zhao et ses comédiens les aiment et cela se sent dans tous les pores de la pellicule) qui participent à la déconstruction tranquillement sauvage du film super-héroïque lui-même, que ce soit dans sa rumination puissante sur la nature destructrice du temps, sa conception sceptique du mythe du sauveur héroïque (qui sont TOUS ici réels, loin des héros/algorithmes interchangeables sacrifiés sur l'autel d'une vision globalisée et aseptisée) ou encore sa radiographie/balayage laconique du genre, savatant sa moralité blasée (le super-héros doit implicitement être le super-policier peu nuancé d'un monde où tout est blanc ou noir), au profit d'une réflexion sur les enjeux moraux face au pouvoir de déterminer la vie ou la mort de quelqu'un (appuyée par le fait que leur existence s'étend sur toute la civilisation humaine, eux qui ont été spectateurs d'innombrables guerres, massacres et génocides perpétrés par la bêtise de l'homme).
Une radiographie existentielle pourtant elle aussi paradoxalement engoncée dans les limites castratrices d'un cahier des charges qui l'oblige tout autant à en embrasser ses travers, comme ses scènes d'action conventionnelles et boursouflées aux CGI - mais étonnamment bien chorégraphiées -, son exposition étirée (un défaut cela dit excusable, puisque aucun de ses dix personnages n'a été introduit auparavant) ou sa prévisibilité certaine.
Une gymnastique étrange (puisque la formule Marvelienne est opposée à une imagerie et une philosophie purement Malickienne) mais évidente - parce que MCU -, qui plombe un brin sa vision et son intrigue expansive (un poil verbeuse mais surtout pas dénué d'incohérences non plus), miraculeusement expurgée d'un humour débilisant et de tout lien au multivers paralysant et artificiel de la firme (et auquel n'avait pas réchappé ses vingt-cinq prédécesseurs).
Tout n'est pas totalement nouveau donc sous le soleil du MCU, mais cette petite bouffée d'air frais ambitieuse et salutaire avant un retour " à la normale ", vaut décemment plus que toutes les mauvaises langues voudront bien le dire.
Jonathan Chevrier
Acteur : Angelina Jolie, Richard Madden, Gemma Chan, Kumail Nanjiani, Salma Hayek, Brian Tyree Henry, Lauren Ridloff, Lia McHugh, Don Lee, Barry Kheogan,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h37min
Synopsis :
Depuis l’aube de l’humanité, les Éternels, un groupe de héros venus des confins de l’univers, protègent la Terre. Lorsque les Déviants, des créatures monstrueuses que l’on croyait disparues depuis longtemps, réapparaissent mystérieusement, les Éternels sont à nouveau obligés de se réunir pour défendre l’humanité…
Critique :
Quelques aspérités entâchent #LesEternels, mais dur de ne pas soutenir un tant soit peu une épopée Marvelienne qui privilégie (enfin) les relations intimes entre les personnages, au spectacle pur et dur. Un résultat inégal certes, mais mémorablement mélancolique et introspectif. pic.twitter.com/z6ZbaH0FF2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 2, 2021
Il y a quelque chose de contradictoire, voire même de profondément stupide n'ayons pas peur des mots, à l'idée de voir tout un pan de la critique - hexagonale comme étrangère - fustiger Les Éternels comme un tâcheron pur et simple; ceux-là même qui, parce que c'est un sport assez facile (et nous le faisons tous, ne soyons pas pisse froid), n'ont eu de cesse que de tirer sur l'ambulance MCU, pour son manque cruel d'originalité et sa volonté de nous ressortir le même type de potage préfabriqué et ne dépassant jamais la marge.
À quoi bon demander un divertissement un tant soit peu différent issu d'une machine beaucoup trop bien huilée, si c'est pour lui chier - virtuellement - dans le cou, justement pour sa différence (quand certains n'hésitent même pas à lui reprocher de ne pas être parsemé de scories qu'ils critiquaient dans les autres péloches de la firme) et sa volonté sincère de, si ce n'est briser le moule, le remodeler à l'image de sa cinéaste.
Tant pis pour les critiques à la régurgitation facile et aveugle, qui ne verront pas les qualités évidentes d'un blockbuster certes inégal et perfectible, mais dont la somme des qualités surpasse sans trembler ses maladresses.
Copyright Marvel Studios 2021. All Rights Reserved. |
Avec une confiance rare autant en son cinéma qu'en l'oeuvre de Jack Kirby, Chloé Zhao livre un film à la narration fragmentée et non linéaire, qui embrasse autant qu'elle s'articule chaudement autour de grandes notions philosophiques qui n'apparaissent ni désinvolte et encore infantilisée à l'écran.
Un prisme transformant la sempiternelle lutte entre le bien et le mal - et même la si familière lutte pour la protection/survie de l'humanité -, en quelque chose de résolument moins schématique, et de beaucoup plus sombre et mélancolique (tranchant avec le triomphalisme satisfaisant qui caractérise généralement le genre super-héroïque).
Même ses super-héros eux-mêmes n'ont rien de commun, un groupe hétéroclite et égalitaire (dont la diversité est plus une manière juste représenter de représenter les réalités de l'humanité à travers l'histoire, que comme une voie faussement progressiste un brin putassière à laquelle Disney nous a déjà habitué) semblant tous issus de tragédies grecques et assumant pleinement le fait qu'ils ne soient pas forcément super, voire même pas totalement les héros que l'on pense qu'ils soient - ou devraient être - non plus; des personnages véritablement terre à terre et ayant de vrais buts, rejetant la dualité séculaire du super-héros pompant et populaire, tout en faisant pleinement face à la petitesse et la banalité de la vie domestique (famille, amour, amitié, sexe, jalousie, ambitions professionnelles,...).
Copyright Marvel Studios 2021. All Rights Reserved. |
Des personnages authentiques, ambiguës et profonds (Zhao et ses comédiens les aiment et cela se sent dans tous les pores de la pellicule) qui participent à la déconstruction tranquillement sauvage du film super-héroïque lui-même, que ce soit dans sa rumination puissante sur la nature destructrice du temps, sa conception sceptique du mythe du sauveur héroïque (qui sont TOUS ici réels, loin des héros/algorithmes interchangeables sacrifiés sur l'autel d'une vision globalisée et aseptisée) ou encore sa radiographie/balayage laconique du genre, savatant sa moralité blasée (le super-héros doit implicitement être le super-policier peu nuancé d'un monde où tout est blanc ou noir), au profit d'une réflexion sur les enjeux moraux face au pouvoir de déterminer la vie ou la mort de quelqu'un (appuyée par le fait que leur existence s'étend sur toute la civilisation humaine, eux qui ont été spectateurs d'innombrables guerres, massacres et génocides perpétrés par la bêtise de l'homme).
Une radiographie existentielle pourtant elle aussi paradoxalement engoncée dans les limites castratrices d'un cahier des charges qui l'oblige tout autant à en embrasser ses travers, comme ses scènes d'action conventionnelles et boursouflées aux CGI - mais étonnamment bien chorégraphiées -, son exposition étirée (un défaut cela dit excusable, puisque aucun de ses dix personnages n'a été introduit auparavant) ou sa prévisibilité certaine.
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Une gymnastique étrange (puisque la formule Marvelienne est opposée à une imagerie et une philosophie purement Malickienne) mais évidente - parce que MCU -, qui plombe un brin sa vision et son intrigue expansive (un poil verbeuse mais surtout pas dénué d'incohérences non plus), miraculeusement expurgée d'un humour débilisant et de tout lien au multivers paralysant et artificiel de la firme (et auquel n'avait pas réchappé ses vingt-cinq prédécesseurs).
Tout n'est pas totalement nouveau donc sous le soleil du MCU, mais cette petite bouffée d'air frais ambitieuse et salutaire avant un retour " à la normale ", vaut décemment plus que toutes les mauvaises langues voudront bien le dire.
Jonathan Chevrier