[TERRIBLE SEQUELS] : #13. Halloween : Resurrection
Qu'on se le dise, même si elles arrivent à incarner des morceaux de cinéma légitimes - voire même franchement excellentes pour certaines -, les suites ont toujours eu mauvaise presse.
Raison de plus donc pour que nous, petite bande de cinéphiles qui aiment sadiquement se faire du mal (mais pour la bonne cause), nous nous penchions non pas sur ses dits cas mais bel et bien sûr le fond de la cuvette du pire, ses suites regrettables, inutiles et terribles; le tout dans un esprit un minimum ludique (car pourquoi ne pas si les mauvais films ne sont même pas là pour nous faire triper, à quoi bon ?).
Alors prends ton magnétoscope (ou ton lecteur DVD, mais c'est moins fun), enveloppe-toi dans le drap de la nostalgie et laisse-toi aller à une bonne dose de régression qui sent bon le bousin, la Fucking Team est là pour jouer les pilotes de l'impossible !
#13. Halloween : Résurrection de Rick Rosenthal (2002)
Avec Halloween : Résurrection, tout part d'une arnaque annoncée d'avance ou presque, celle d'un final radical - issu de l'excellent Halloween, 20 ans après de Steve Miner -, qui ne pouvait pas totalement coincider avec les impératifs financiers d'une Miramax (accompagnée de Moustapha Akkad) peu désireuse de laisser sur le côté l'une de ses poules aux oeufs d'or horrifique (85 millions de dollars de recettes, ça rend fragile).
Michael Myers ne doit pas mourir, et encore moins des mains de sa frangine traumatisée mais badass Laurie Strode, qui manie la hache aussi bien que lui fait mumuse avec les couteaux de cuisine.
Pour corriger le tir, et plutôt que de jouer la carte facile et pour le coup logique, du remake/reboot en bon et dû forme (ce qu'elle fera en 2007 avec Rob Zombie à la barre), cette énième suite de trop préfèrera user d'une pirouette scénaristique franchement ridicule, pour faire revenir le croquemitaine à la face de lune, même si le nécessaire avait été fait pour qu'il soit définitivement zigouiller.
Exit la décapitation de Myers, bonjour la résurrection - tout est dans le titre - du bonhomme, puisque Laurie ne l'a pas vraiment exécuté, le filou ayant pris soin de se faire remplacer par un ambulancier qui fait miraculeusement la même taille et la même corpulence (et répond aussi parfaitement au prénom Michael quand on l'appelle), tout en lui broyant le larynx pour être sûr qu'il ne dévoile pas la supercherie; une justification dégainée en quelques secondes lors d'un dialogue au coeur du prologue.
Qu'à cela ne tienne donc, il attendra trois ans plus tard que sa soeurette se fasse interner dans un institut psychiatrique (non sans avoir tué hors champ, son fils et la petite amie de celui-ci au moment même, ou Laurie pensait lui faire la peau), pour finalement lui planter un coup de couteau et la jeter dans le vide (un bon point pour Jamie Lee Curtis, contractuellement obligée de rempiler, et rassurée que son personnage meurt... jusqu'à 2018).
Voilà, prologue efficace passé (et qui conclut définitivement cette fois, un arc entamé 24 ans plus tôt), le film inexplicablement chapeauté par Rick Rosenthal, papa d'un efficace Halloween 2 dont il a gentiment été éjecté au cours de la post-production (Carpenter s'échinera à booster son montage via quelques reshoots essentiels), peut se tourner vers l'avenir : un étirement opportuniste de la saga, qui louche gentiment autant sur le mythique La Nuit de tous les mystères de William Castle, que sur Le Projet Blair Witch (coucou le found footage, voire même l'aspect artificiel du film dans le film pompé à la saga Scream) et - surtout - le gros boom mondial de la télé-réalité, tout en chiant copieusement sur la mythologie initiée par Carpenter.
Ramenant le monstre là où tout a commencé - littéralement sa baraque -, transformé en maison des McAllister bis avec des pièges divers, pour mieux en faire le héros d'une émission de télé-réalité diffusée sur internet et se déroulant durant la nuit d'Halloween, ou six pécords auront pour défi de survivre face au faux Myers (enfin surtout le vrai, mais ils ne le savent pas); Résurrection catapulte donc le Michael dans le monde 2.0, avec tout ce que ça comporte d'opportunisme gerbant, de surenchère débilisante et d'incohérences qui le sont tout autant.
Myers voulait simplement rentrer chez lui, et voilà maintenant qu'on l'emmerde sous son propre toit...
Chargée à raz la gueule de rebondissements faisandés, de frissons faciles et de mise à mort peu originales (reprenant même celles des opus précédents), tourné avec une platitude affligeante par un Rosenthal qui n'en a rien à branler de ce qu'il filme et qui ne joue même pas sur la multiplicité de ses angles et points de vue (ni même de sa dénonciation timide d'une jeunesse en manque d'attention et prête à tout - même de risquer sa peau - pour goûter à son quart d'heure de gloire); ce huitième réserve pourtant quelques plaisirs hautement régressifs, d'une mort citant directement Le Voyeur de Michael Powell, à la présence enthousiaste d'un Busta Rhymes qui s'en va même kicker la tronche d'un Myers lessivé et au bout du rouleau.
Pas de quoi surpasser une écriture amorphe et prétexte (de son humour potacho-douteux rappelant un revival du teen movie US alors à bout de souffle, à des personnages caricaturaux et antipathiques à souhait), dont l'affrontement final qui voit le tueur tronçonné, électrocuté et même brûlé, nous ferait presque ressentir de la peine pour lui.
Foutu Miramax...
Jonathan Chevrier
Raison de plus donc pour que nous, petite bande de cinéphiles qui aiment sadiquement se faire du mal (mais pour la bonne cause), nous nous penchions non pas sur ses dits cas mais bel et bien sûr le fond de la cuvette du pire, ses suites regrettables, inutiles et terribles; le tout dans un esprit un minimum ludique (car pourquoi ne pas si les mauvais films ne sont même pas là pour nous faire triper, à quoi bon ?).
Alors prends ton magnétoscope (ou ton lecteur DVD, mais c'est moins fun), enveloppe-toi dans le drap de la nostalgie et laisse-toi aller à une bonne dose de régression qui sent bon le bousin, la Fucking Team est là pour jouer les pilotes de l'impossible !
#13. Halloween : Résurrection de Rick Rosenthal (2002)
Avec Halloween : Résurrection, tout part d'une arnaque annoncée d'avance ou presque, celle d'un final radical - issu de l'excellent Halloween, 20 ans après de Steve Miner -, qui ne pouvait pas totalement coincider avec les impératifs financiers d'une Miramax (accompagnée de Moustapha Akkad) peu désireuse de laisser sur le côté l'une de ses poules aux oeufs d'or horrifique (85 millions de dollars de recettes, ça rend fragile).
Michael Myers ne doit pas mourir, et encore moins des mains de sa frangine traumatisée mais badass Laurie Strode, qui manie la hache aussi bien que lui fait mumuse avec les couteaux de cuisine.
© 2002 - Dimension Films - All Rights Reserved |
Pour corriger le tir, et plutôt que de jouer la carte facile et pour le coup logique, du remake/reboot en bon et dû forme (ce qu'elle fera en 2007 avec Rob Zombie à la barre), cette énième suite de trop préfèrera user d'une pirouette scénaristique franchement ridicule, pour faire revenir le croquemitaine à la face de lune, même si le nécessaire avait été fait pour qu'il soit définitivement zigouiller.
Exit la décapitation de Myers, bonjour la résurrection - tout est dans le titre - du bonhomme, puisque Laurie ne l'a pas vraiment exécuté, le filou ayant pris soin de se faire remplacer par un ambulancier qui fait miraculeusement la même taille et la même corpulence (et répond aussi parfaitement au prénom Michael quand on l'appelle), tout en lui broyant le larynx pour être sûr qu'il ne dévoile pas la supercherie; une justification dégainée en quelques secondes lors d'un dialogue au coeur du prologue.
Qu'à cela ne tienne donc, il attendra trois ans plus tard que sa soeurette se fasse interner dans un institut psychiatrique (non sans avoir tué hors champ, son fils et la petite amie de celui-ci au moment même, ou Laurie pensait lui faire la peau), pour finalement lui planter un coup de couteau et la jeter dans le vide (un bon point pour Jamie Lee Curtis, contractuellement obligée de rempiler, et rassurée que son personnage meurt... jusqu'à 2018).
© 2002 - Dimension Films - All Rights Reserved |
Voilà, prologue efficace passé (et qui conclut définitivement cette fois, un arc entamé 24 ans plus tôt), le film inexplicablement chapeauté par Rick Rosenthal, papa d'un efficace Halloween 2 dont il a gentiment été éjecté au cours de la post-production (Carpenter s'échinera à booster son montage via quelques reshoots essentiels), peut se tourner vers l'avenir : un étirement opportuniste de la saga, qui louche gentiment autant sur le mythique La Nuit de tous les mystères de William Castle, que sur Le Projet Blair Witch (coucou le found footage, voire même l'aspect artificiel du film dans le film pompé à la saga Scream) et - surtout - le gros boom mondial de la télé-réalité, tout en chiant copieusement sur la mythologie initiée par Carpenter.
Ramenant le monstre là où tout a commencé - littéralement sa baraque -, transformé en maison des McAllister bis avec des pièges divers, pour mieux en faire le héros d'une émission de télé-réalité diffusée sur internet et se déroulant durant la nuit d'Halloween, ou six pécords auront pour défi de survivre face au faux Myers (enfin surtout le vrai, mais ils ne le savent pas); Résurrection catapulte donc le Michael dans le monde 2.0, avec tout ce que ça comporte d'opportunisme gerbant, de surenchère débilisante et d'incohérences qui le sont tout autant.
Myers voulait simplement rentrer chez lui, et voilà maintenant qu'on l'emmerde sous son propre toit...
© 2002 - Dimension Films - All Rights Reserved |
Chargée à raz la gueule de rebondissements faisandés, de frissons faciles et de mise à mort peu originales (reprenant même celles des opus précédents), tourné avec une platitude affligeante par un Rosenthal qui n'en a rien à branler de ce qu'il filme et qui ne joue même pas sur la multiplicité de ses angles et points de vue (ni même de sa dénonciation timide d'une jeunesse en manque d'attention et prête à tout - même de risquer sa peau - pour goûter à son quart d'heure de gloire); ce huitième réserve pourtant quelques plaisirs hautement régressifs, d'une mort citant directement Le Voyeur de Michael Powell, à la présence enthousiaste d'un Busta Rhymes qui s'en va même kicker la tronche d'un Myers lessivé et au bout du rouleau.
Pas de quoi surpasser une écriture amorphe et prétexte (de son humour potacho-douteux rappelant un revival du teen movie US alors à bout de souffle, à des personnages caricaturaux et antipathiques à souhait), dont l'affrontement final qui voit le tueur tronçonné, électrocuté et même brûlé, nous ferait presque ressentir de la peine pour lui.
Foutu Miramax...
Jonathan Chevrier