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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #64. Raw Meat

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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#64. Le Métro de la Mort de Gary Sherman (1972)

Au rayon des vraies injustices qui ont émaillés le cinéma fantastique au fil des décennies, le fait que l'on ne cite jamais assez Raw Meath/Death Line de Gary Sherman (l'immonde Poltergeist III, comme quoi), comme l'une des oeuvres les plus mésestimés de l'histoire de l'épouvante britannique se pose bien là.
Un comble quand on sait qu'elle incarne la fusion incroyable et totale d'une pluie de talents totalement acquis à sa cause (Christopher Lee et Donald Pleasance bordel, le premier jouant les guests de luxe mémorable tandis que le second trouve ici l'un des meilleurs rôles de sa carrière), mais quelle est aussi et surtout, l'instigatrice pas si lointaine d'une horreur viscérale, consanguine et mutante qui explosera quelques temps plus tard de l'autre côté de l'Atlantique : Massacre à la Tronçonneuse, même s'il débarquera un an plus tard, mais surtout La Colline à des yeux, avec qui il partage cet esprit de micro-communauté d'exclus devenant de plus en plus consanguines au fil des décennies, et développant un goût plus que prononcé pour la chair humaine.

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Avec une conscience imbibé par l'aura de Sweeney Todd (ceux d'en haut serviront de ceux d'en bas, avant que l'inverse ne se produise), inversant dans le sang tout une hiérarchie issue de l'époque victorienne, ou les âmes les plus pauvres ont construits dans une servitude masquée, la ville de Londres (mais ne méritaient même pas d'être sauvés d'un terrible éboulement); le film va définitivement plus loin que le thriller cannibalo-policier en appuyant férocement son commentaire cinglant et terrifiant sur le système de classe britannique, ou le monstre que l'on traque, The Man - une figure certes amorale mais aussi étrangement triste et solitaire -, n'est que le fruit d'une inhumanité profonde.
Certes pas dénué d'incohérences (comment les ouvriers ayant survécu à l'effondrement, ont-ils pu se reproduire avant d'être mangés les uns par les autres ? Comment n'ont-ils pas pu attirer l'attention sur cinq générations ?), Le Métro de la Mort, totalement vissé sur la partition savoureusement sarcastique de Donald Pleasance (incarnation assumée de la classe ouvrière luttant contre l'autorité malicieuse), est un cauchemar captivant enlacé dans une brutalité sans compromis et une étrangeté pathétique et désespérée.
Un classique de l'horreur sur une Angleterre douloureusement fracturée, amenant son auditoire dans les endroits les plus sombres de Londres, pour mieux tordre les contours d'une structure sociale trop inégalitaire.


Jonathan Chevrier


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