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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #152. King Solomon’s Mines

Copyright Cannon Group

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#152. Allan Quatermain et les mines du roi Salomon de Jack Lee Thompson (1985)

D'une manière totalement délirante, une bonne majorité des peloches venant tout droit du très (trop ?) riche catalogue de la Cannon, reussissent la prouesse incroyable de voir leur qualité régresser à mesure que l'on poncait avec gourmandise leur VHS - rares ont trouvés un chemin en DVD.
Elles voient toutes leurs " qualités " gentiment se désolidariser d'elles à mesure que les bandes s'usent... tout autant qu'elles réussisent le grand écart improbable de voir grimper en flèche leur statut de séances furieusement régressives et donc, de facto, toujours un minimum plaisantes à mirer.
Ça ne s'explique pas, même près de trois décennies plus tard, entre le patriotisme assumé (ah la Guerre Froide...) et des penchants intrinsèquement facistes - voire racistes -, ou encore la facilité déconcertante de valider des productions sans la moindre ligne de scénario - voire même sans limitation de budget au préalable -, la Cannon et son concept de cinéma/restauration rapide, singé depuis par une Netflix qui n'a décemment pas inventé le concept (comme peu faussement le penser le consommateur de péloches le moins averti), fascine encore son cinéphile, et pas qu'un peu.

Copyright Cannon Group

Sorte de resucée totalement assumée des deux premiers Indiana Jones couplée au diptyque À la poursuite du diamant vert/Le Diamant du Nil (on ne louche plus à la cuillère ici, on y va à la pelleteuse, quitte à rameuter au casting ce bon vieux John Rhys Davies), Allan Quatermain et les Mines du Roi Salomon du vétéran Jack Lee Thompson (limite le réal le plus prolifique de la maison avec Sam Firstenberg), renarde les braises du divertissement d'aventure à l'ancienne avec un flair de bison malade (même s'il n'est pas le plus indéfendable des hommages aux serials); tout en réussissant la prouesse incroyable de divertir son auditoire dans un gloubiboulga parodico-cartoonesque ou le ridicule n'est pas une simple option, mais bien un mojo à part entière.
D'un penchant cheesy extrême et adapté du roman éponyme d'Henry Rider Haggard (déjà adapté en 1937 par Robert Stevenson et Geoffrey Barkas, puis en 1950 par Compton Bennett
et Andrew Marton), le film et ses rebondissements aussi délirants (ennemis allemands/turcs cohabitant avec des tribus africaines cannibales et une araignée géante) que son humour régressif est involontairement affûté (les vannes sont légion, même si toutes ne visent pas dans le mille), est un millésime d'épopée kitsch dont l'aspect fauché n'est jamais le plus gros des soucis.
Porté par l'alchimie - vraiment - terrible entre Richard Chamberlain (charismatique même si pas crédible pour un sou) et Sharon Stone (qui fait ce qu'elle peut avec un rôle armoire), une superbe partition de Jerry Goldsmith et des paysages naturels splendides (que ne viennent pas plomber des décors en carton pâte), la péloche, riche en moments de bravoure abracadabrantesque, vieillit aussi bien qu'une brique de lait périmée mais se déguste pourtant comme un bon chianti pour les amoureux du cinéma béni des 80s.
Cruel et masochiste paradoxe en somme, ce qui pourrait gentiment caractériser la Cannon finalement.


Jonathan Chevrier