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[TERRIBLE SEQUELS] : #6. Independance Day : Resurgence

Copyright 2016 Twentieth Century Fox

Qu'on se le dise, même si elles arrivent à incarner des morceaux de cinéma légitimes - voire même franchement excellentes pour certaines -, les suites ont toujours eu mauvaise presse.
Raison de plus donc pour que nous, petite bande de cinéphiles qui aiment sadiquement se faire du mal (mais pour la bonne cause), nous nous penchions non pas sur ses dits cas mais bel et bien sûr le fond de la cuvette du pire, ses suites regrettables, inutiles et terribles; le tout dans un esprit un minimum ludique (car pourquoi ne pas si les mauvais films ne sont même pas là pour nous faire triper, à quoi bon ?).
Alors prends ton magnétoscope (ou ton lecteur DVD, mais c'est moins fun), enveloppe-toi dans le drap de la nostalgie et laisse-toi aller à une bonne dose de régression qui sent bon le bousin, la Fucking Team est là pour jouer les pilotes de l'impossible !




#6. Independance Day : Resurgence de Roland Emmerich (2016)

Après quelques écarts vers un cinéma plus indépendant mais surtout plus exigeant (ce qui n'était décemment pas un luxe), Independance Day : Resurgence devait permettre à l'autre maitre du Kaboom Hollywoodien, Roland Emmerich, de revenir aux sources même de son cinéma qui explose et qui tâche, dans une surenchère de moyen explosant ceux déjà généreux, du cultissime film original.
Mais entre prévisions et réalité des faits, il y a un pas que le cinéaste n'a pas su franchir, tant cette suite pondue pile poil deux décennies après le premier opus, loin du moment de cinéma popcorn comme on les aime, incarne tout du long une vraie/fausse suite aux méchantes allures d'opus de transition (la fin ouverte laissait clairement présager du plan d'ensemble d'Emmerich... qui ne sera jamais concrétisé) mais surtout un remake peu inspiré du film original (recyclant tous ses éléments phares sans sourciller), tant l'effet de surprise frissonnant du débarquement hostile des petits hommes vert, laisse place ici à une revanche sans chair, sans cœur et à la limite de la catastrophe - dans tous les sens du terme -, malgré une idée de départ alléchante à souhait (des aliens tout véner v.s des humains ayant pleinement assimilés la technologie des cousins de E.T.).

Copyright 2016 Twentieth Century Fox

Sans la moindre inspiration et peinant franchement à démarrer (entre la présentation expéditive des nouveaux persos, celles des anciens et la mise en place des fondations de l'affrontement Terre vs humains), le spectateur fait face au retour de flammes de la victoire humaine de 1996, avec l'arrivée d'une cohorte d'aliens plus féroce que la précédente au sein d'une intrigue incohérente (le propos scientifique est risible et les facilités sont légion) et éclatée ou chacun des personnages - au mieux caricaturaux - semblent subtilement ciblés un peu partout sur le globe, histoire de complétement baliser l'action (même si leur développement laisse à désirer, comme ceux de Charlotte Gainsbourg et de Maïka Monroe).
Et c'est peut-être là, au fond, que Resurgence souffre grandement de l'absence de Will Smith, capitale sympathie/empathie du premier, dont le duo avec Jeff Goldblum (pourtant ici toujours autant convaincant) incarnait l'un des gros points fort du métrage; mais surtout une vraie star charismatique capable d'habiter un métrage et de le rendre un tant soit peu prenant.
Surchargé visuellement (les CGI piquent les yeux) et moins ultra-patriotique comme son aîné (et bonjour la vision du monde uni derrière les US et maladroite à une époque ou le pays de l'Oncle Sam est bien loin de fédérer aussi bien pour ces décisions discutables que pour sa politique), Resurgence aligne des scènes de destructions massives certes jouissives mais manquant cruellement d'âme et d’intérêt à une époque ou (presque) une super-production sur deux, fait déjà l'apologie du destruction porn.

Copyright 2016 Twentieth Century Fox

Quand aux moments de bravoure, ils sont littéralement désarçonnés par un manque de tension psychologique évident (les gens meurent, la Terre se fait péter dans tous les sens, la Présidente des États-Unis y laisse ça peau... mais c'est la vie), mais également par un casting au sein duquel personne ne tire véritablement son épingle du jeu - pas même un Liam Hemsworth censé porter le tout.
A trop regarder dans le rétroviseur et à tenter de susciter la nostalgie de son auditoire, ce suite piétine tout du long, comme si Emmerich, qui a déjà croqué toutes les catastrophes possibles sur grand écran, s'était volontairement mis en pilote automatique et nous balançait le minimum syndical en attendant de pouvoir mettre en scène LA suite qu'il désire tant, prenant les contours d'une bataille interstellaire au potentiel certain.
Spoilers alert : elle n'arrivera sans doute jamais.


Jonathan Chevrier