[CRITIQUE] : OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
Réalisateur : Nicolas Bedos
Acteurs : Jean Dujardin, Pierre Niney, Fatou N'Diaye,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Espionnage.
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min.
Synopsis :
1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001.
Critique :
Par la force de deux opus merveilleusement irrévérencieux et hilarants, OSS 117 sauce Hazanavicius a su se tailler une place à part au sein de la comédie populaire hexagonale de ses deux dernières décennies, sorte de totem rafraîchissant et intouchable qui raille merveilleusement la sacro-sainte figure de l'agent secret, en croquant les aventures de Hubert Bonisseur de la Bath, jumeau maléfico-con comme la lune (et surtout bien de chez nous) de James Bond.
La quintessence du mâle (pseudo) alpha odieux dont les défauts, volontairement exacerbés (pour mieux en faire un vrai personnage de comédie comme on les aime : détestable au possible mais génial à suivre), sont les artifices d'efforts ne se prenant jamais au sérieux, tout en développant sérieusement son humour burlesque et absurde.
Un diptyque à part donc, qui a longtemps été voulu comme tel - pendant douze printemps -, avant que le talentueux Michel Hazanavicius ne laisse sa caméra et sa plume sur la touche, pour laisser Nicolas Bedos lui emboîter le pas dans un troisième film redouté à plus d'un titre; tant rien ne laissait présager que le papa de La Belle Époque, puisse jongler habilement avec la grammaire comique complexe de la franchise - et les bandes annonces ne faisaient que renforcer cette idée.
Fracassé avant même son arrivée dans les salles obscures, autant par les amoureux des deux premiers films qui juraient à la profanation pure et simple de leur objet de culte, que par le fan-club de Bedos, de moins en moins imposant au fil de ses prises de paroles sur les réseaux sociaux (des préjugés pour le coup, plus ou moins légitime, vu que le bonhomme ne s'est - vraiment - pas facilité la tâche pour avoir bonne presse); OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire souffre évidemment de la comparaison avec ses illustres aînés (même s'il compte lui aussi, la présence de Jean-François Halin au scénario), même s'il n'est finalement pas si pertinent que cela de les comparer entre eux, tant on est clairement ici bien plus face à un opus de transition et d'émancipation, qu'une vraie suite pure et dure tapant sur la politique colonialiste made in France.
Totalement conscient d'être coincé le cul entre deux fauteuils instables (ceux qui lui reprocheront de s'éloigner de la recette des deux premiers films seront sans doute les mêmes qui lui auraient reprocher de jouer la carte de la redite), Bedos pousse la saga à tracer sa propre - nouvelle - voie, trébuchant autant qu'il marche droit et annonçant la couleur dès une ouverture rocambolesque qui saura déjà faire le tri entre les différents spectateurs.
Pastiche de pastiche à la limite du cartoonesque - à tous les niveaux -, prenant les contours d'un vrai récit d'aventure grisant semblant tout droit sortie d'une bande dessinée, ce que gagne ce nouvel OSS 117 en ampleur et pendant spectaculaire (un esprit " à l'américaine " qui lui va bien, que la mise en scène fluide et la photographie généreuse, viennent constamment servir), il le perd résolument en qualité narrative (l'écriture des personnages secondaires sont torchés à la pelleteuse, le récit qui s'articule sur la sempiternelle opposition générationnelle,...) et en puissance comique.
Si les rires naissaient jadis du décalage des situations, entre un personnage toujours à l'ouest jamais conscient des âneries monstrueuses qu'il débitait avec une décontraction incroyable, dans cette nouvelle aventure la satire perd quasiment toute sa substance en rendant son protagoniste pleinement conscient de lui-même, tout en étant paradoxalement incapable de ne pas s'empêcher de foncer droit dans le mur.
Une " immédiateté d'époque " et de politiquement correct dans l'humour qui s'en va museler son impertinence (pourtant bien réelle) et qui fragilise son ton funambule (on ne peut pas vaincre l'absurde en le justifiant à tout bout de champs), entre le satire du film d'espionnage et le buddy movie so 80s.
Ce qui n'empêche pas forcément le film de réserver quelques séquences savoureuses, ni même au tandem Jean Dujardin/Pierre Niney, impeccable, de faire le show.
Pour épouser plus généreusement ses Bonderies, OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire perd en humour burlesque et iconoclaste sans pour autant écorner l'aura de son imperturbable bouffon génial, et incarne une oeuvre hybride mais point désagréable, bien loin des craintes de naufrage (presque) programmé d'avance, qu'il cristallisait depuis plus d'un an maintenant.
C'est déjà pas mal, comme on dit.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Jean Dujardin, Pierre Niney, Fatou N'Diaye,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Espionnage.
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min.
Synopsis :
1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001.
Critique :
Pour épouser généreusement ses Bonderies,#OSS117AlerteRougeEnAfriqueNoire perd volontairement en humour burlesque et iconoclaste sans pour autant écorné l'aura de son imperturbable bouffon génial, et incarne une oeuvre hybride mais point désagréable, bien loin du naufrage annoncé pic.twitter.com/fXzaFVh7bZ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 4, 2021
Par la force de deux opus merveilleusement irrévérencieux et hilarants, OSS 117 sauce Hazanavicius a su se tailler une place à part au sein de la comédie populaire hexagonale de ses deux dernières décennies, sorte de totem rafraîchissant et intouchable qui raille merveilleusement la sacro-sainte figure de l'agent secret, en croquant les aventures de Hubert Bonisseur de la Bath, jumeau maléfico-con comme la lune (et surtout bien de chez nous) de James Bond.
La quintessence du mâle (pseudo) alpha odieux dont les défauts, volontairement exacerbés (pour mieux en faire un vrai personnage de comédie comme on les aime : détestable au possible mais génial à suivre), sont les artifices d'efforts ne se prenant jamais au sérieux, tout en développant sérieusement son humour burlesque et absurde.
Un diptyque à part donc, qui a longtemps été voulu comme tel - pendant douze printemps -, avant que le talentueux Michel Hazanavicius ne laisse sa caméra et sa plume sur la touche, pour laisser Nicolas Bedos lui emboîter le pas dans un troisième film redouté à plus d'un titre; tant rien ne laissait présager que le papa de La Belle Époque, puisse jongler habilement avec la grammaire comique complexe de la franchise - et les bandes annonces ne faisaient que renforcer cette idée.
Copyright Christophe Brachet - MANDARIN PRODUCTION – GAUMONT – M6 FILMS – SCOPE PICTURES |
Fracassé avant même son arrivée dans les salles obscures, autant par les amoureux des deux premiers films qui juraient à la profanation pure et simple de leur objet de culte, que par le fan-club de Bedos, de moins en moins imposant au fil de ses prises de paroles sur les réseaux sociaux (des préjugés pour le coup, plus ou moins légitime, vu que le bonhomme ne s'est - vraiment - pas facilité la tâche pour avoir bonne presse); OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire souffre évidemment de la comparaison avec ses illustres aînés (même s'il compte lui aussi, la présence de Jean-François Halin au scénario), même s'il n'est finalement pas si pertinent que cela de les comparer entre eux, tant on est clairement ici bien plus face à un opus de transition et d'émancipation, qu'une vraie suite pure et dure tapant sur la politique colonialiste made in France.
Totalement conscient d'être coincé le cul entre deux fauteuils instables (ceux qui lui reprocheront de s'éloigner de la recette des deux premiers films seront sans doute les mêmes qui lui auraient reprocher de jouer la carte de la redite), Bedos pousse la saga à tracer sa propre - nouvelle - voie, trébuchant autant qu'il marche droit et annonçant la couleur dès une ouverture rocambolesque qui saura déjà faire le tri entre les différents spectateurs.
Pastiche de pastiche à la limite du cartoonesque - à tous les niveaux -, prenant les contours d'un vrai récit d'aventure grisant semblant tout droit sortie d'une bande dessinée, ce que gagne ce nouvel OSS 117 en ampleur et pendant spectaculaire (un esprit " à l'américaine " qui lui va bien, que la mise en scène fluide et la photographie généreuse, viennent constamment servir), il le perd résolument en qualité narrative (l'écriture des personnages secondaires sont torchés à la pelleteuse, le récit qui s'articule sur la sempiternelle opposition générationnelle,...) et en puissance comique.
Copyright Christophe Brachet - MANDARIN PRODUCTION – GAUMONT – M6 FILMS – SCOPE PICTURES |
Si les rires naissaient jadis du décalage des situations, entre un personnage toujours à l'ouest jamais conscient des âneries monstrueuses qu'il débitait avec une décontraction incroyable, dans cette nouvelle aventure la satire perd quasiment toute sa substance en rendant son protagoniste pleinement conscient de lui-même, tout en étant paradoxalement incapable de ne pas s'empêcher de foncer droit dans le mur.
Une " immédiateté d'époque " et de politiquement correct dans l'humour qui s'en va museler son impertinence (pourtant bien réelle) et qui fragilise son ton funambule (on ne peut pas vaincre l'absurde en le justifiant à tout bout de champs), entre le satire du film d'espionnage et le buddy movie so 80s.
Ce qui n'empêche pas forcément le film de réserver quelques séquences savoureuses, ni même au tandem Jean Dujardin/Pierre Niney, impeccable, de faire le show.
Pour épouser plus généreusement ses Bonderies, OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire perd en humour burlesque et iconoclaste sans pour autant écorner l'aura de son imperturbable bouffon génial, et incarne une oeuvre hybride mais point désagréable, bien loin des craintes de naufrage (presque) programmé d'avance, qu'il cristallisait depuis plus d'un an maintenant.
C'est déjà pas mal, comme on dit.
Jonathan Chevrier