[CRITIQUE] : De Bas Étage
Réalisateur : Yassine Qnia
Acteurs : Soufiane Guerrab, Souheila Yacoub, Thibault Cathalifaud, M'Barek Belkouk,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Mehdi, la trentaine, est un perceur de coffres de petite envergure. Avec ses complices, il tente de s’en sortir mais leurs cambriolages en zone industrielle ne payent plus comme avant et les quelques alternatives professionnelles qui s’offrent à lui ne le séduisent pas. En pleine remise en question, il tente de reconquérir Sarah, mère de son fils d’un an qu’il adore.
Critique :
Tout n'est qu'une question de regard dans le premier long-métrage modeste et plein de promesse de Yassine Qnia, adoubé par la dernière réunion cannoise.
Que ce soit celui que le cinéaste pose sur une jeunesse littéralement désenchantée et inadaptée à ce monde, qui ne vit que dans l'illégalité et une violence - aussi bien physique que verbale - aussi féroce qu'expressive; celui, fermé et mécanique, que son protagoniste pose sur ses objets de désirs (une ex dont il peut se détacher, la cible d'un potentiel casse/braquage à venir), ou tout simplement celui que lui-même pose sur sa propre existence - avec la présence plus ou moins complice de la caméra.
Lui, c'est le charismatique Medhi, fraîchement dans la trentaine, un perceur de coffres de petite envergure qui tente de s’en sortir dans une société où cambrioler est, heureusement, devenu un " métier " qui ne paye plus vraiment comme avant (évolution des moyens de " surveillance totale " oblige).
Mais le bonhomme, en plein tourment existentiel, persiste tout de même à suivre cette voie, tout comme il persiste à reconquérir Sarah, son ancienne compagne qui l'a éconduit et mère d'un fils qu'il adore...
Jonglant tel un funambule entre le drame criminel et passionnel, et la chronique sociale désabusée, Qnia dresse le portrait ambivalent et toxique d'un homme perdu, refusant toute reconversion non-criminelle tout en étant parfaitement conscient de l'impasse terrible dans laquelle il se trouve (sans travail ni argent, il est obligé de vivre chez sa mère).
Tout en colère et en désespoir retenus, mais porté par un espoir chimérique de jouir d'une hypothétique réhabilitation auprès des siens (et de reconstruire ses liens familiaux), le film dresse une quête romanesque de bonheur tronquée par un égoïsme/orgueil assumé, une odyssée sans complaisance sur un loser jamais magnifique incapable d'aimer ni de vivre convenablement.
Porté par un casting impliqué (le ténébreux Soufiane Guerrab, aussi antipathique qu'il peut paraître profondément humain, et Souheila Yacoub, superbe en mère courage aussi mélancolique que déterminée, en tête) et une écriture subtilement épurée (pas besoin de beaucoup de dialogues pour façonner les contours de son protagoniste principal, d'autant plus que la mise en scène pudique et resserrée, finit d'achever le travail), De Bas Étage, pas dénué de quelques scories évidents (un rythme décousu, un maelstrom de thématiques au traitement pas toujours aboutie,...), n'en reste pas moins un premier effort sensible, intimiste et authentique, à la tension aussi maîtrisée que sa réalité sociale est palpable.
Vivement la suite donc.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Soufiane Guerrab, Souheila Yacoub, Thibault Cathalifaud, M'Barek Belkouk,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Mehdi, la trentaine, est un perceur de coffres de petite envergure. Avec ses complices, il tente de s’en sortir mais leurs cambriolages en zone industrielle ne payent plus comme avant et les quelques alternatives professionnelles qui s’offrent à lui ne le séduisent pas. En pleine remise en question, il tente de reconquérir Sarah, mère de son fils d’un an qu’il adore.
Critique :
Jonglant tel un funambule entre le drame intime passionnel et la chronique sociale désabusée,#DeBasÉtage dresse le portrait ambivalent et toxique d'un criminel perdu, refusant toute reconversion tout en étant parfaitement conscient de l'impasse terrible dans laquelle il se trouve pic.twitter.com/MBphiVJurh
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 4, 2021
Tout n'est qu'une question de regard dans le premier long-métrage modeste et plein de promesse de Yassine Qnia, adoubé par la dernière réunion cannoise.
Que ce soit celui que le cinéaste pose sur une jeunesse littéralement désenchantée et inadaptée à ce monde, qui ne vit que dans l'illégalité et une violence - aussi bien physique que verbale - aussi féroce qu'expressive; celui, fermé et mécanique, que son protagoniste pose sur ses objets de désirs (une ex dont il peut se détacher, la cible d'un potentiel casse/braquage à venir), ou tout simplement celui que lui-même pose sur sa propre existence - avec la présence plus ou moins complice de la caméra.
Lui, c'est le charismatique Medhi, fraîchement dans la trentaine, un perceur de coffres de petite envergure qui tente de s’en sortir dans une société où cambrioler est, heureusement, devenu un " métier " qui ne paye plus vraiment comme avant (évolution des moyens de " surveillance totale " oblige).
Mais le bonhomme, en plein tourment existentiel, persiste tout de même à suivre cette voie, tout comme il persiste à reconquérir Sarah, son ancienne compagne qui l'a éconduit et mère d'un fils qu'il adore...
Copyright Shanna Besson |
Jonglant tel un funambule entre le drame criminel et passionnel, et la chronique sociale désabusée, Qnia dresse le portrait ambivalent et toxique d'un homme perdu, refusant toute reconversion non-criminelle tout en étant parfaitement conscient de l'impasse terrible dans laquelle il se trouve (sans travail ni argent, il est obligé de vivre chez sa mère).
Tout en colère et en désespoir retenus, mais porté par un espoir chimérique de jouir d'une hypothétique réhabilitation auprès des siens (et de reconstruire ses liens familiaux), le film dresse une quête romanesque de bonheur tronquée par un égoïsme/orgueil assumé, une odyssée sans complaisance sur un loser jamais magnifique incapable d'aimer ni de vivre convenablement.
Porté par un casting impliqué (le ténébreux Soufiane Guerrab, aussi antipathique qu'il peut paraître profondément humain, et Souheila Yacoub, superbe en mère courage aussi mélancolique que déterminée, en tête) et une écriture subtilement épurée (pas besoin de beaucoup de dialogues pour façonner les contours de son protagoniste principal, d'autant plus que la mise en scène pudique et resserrée, finit d'achever le travail), De Bas Étage, pas dénué de quelques scories évidents (un rythme décousu, un maelstrom de thématiques au traitement pas toujours aboutie,...), n'en reste pas moins un premier effort sensible, intimiste et authentique, à la tension aussi maîtrisée que sa réalité sociale est palpable.
Vivement la suite donc.
Jonathan Chevrier