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[CRITIQUE] : De son vivant


Réalisateur : Emmanuelle Bercot
Acteurs : Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Gabriel Sara, Cécile de France,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h00min

Synopsis :
Le film est présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2021


Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin (le docteur SARA dans son propre rôle) et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.



Critique :


Quasiment de toutes les réunions cannoises depuis plusieurs années maintenant, on avait laissé le pendant réalisatrice de la talentueuse Emmanuelle Bercot en 2016, avec le (très) réussi La Fille de Brest, une oeuvre férocement humaine et combative dans la lignée d'Erin Brokovitch - mais avec une identité très européenne -; le formidable portrait d'une femme courageuse et déterminée à faire éclater une vérité aussi incroyable que dévastratrice, en affrontant un puissant laboratoire pharmaceutique.
Un thriller rigoureux façon film d'investigation passionnant et prenant, très documenté sans pour autant paraître pédant ni même assourdissant, qui démontrait la propension de la cinéaste à maitriser son suspense et ses rebondissements, autant qu'à faire preuve d'une direction d'acteurs à toute épreuve (Sidse Babett Knudsen y trouvait l'un de ses plus beaux rôles).
Jouant cette fois sur le terrain du drame intime et bouleversant, elle nous revient avec De son Vivant, abordant tout comme le dernier Ozon en date, Tout s'est bien passé, le sujet difficile de la fin de vie.
Plus sombre et douloureux, le récit suit, au fil des quatre saisons d'une année rugueuse, le long et impossible combat vers la mort et son acceptation, d’un homme condamné par un cancer du pancréas en phase 4 - donc sans guérison possible -, qui refuse de savoir le temps qui lui reste à vivre, mais refuse tout autant de se laisser aller à la passivité avec le peu qu'il lui reste.

© Laurent CHAMPOUSSIN / LES FILMS DU KIOSQUE

Constamment à fleur de peau et à la lisière du documentaire (au plus près des corps, la caméra accompagne ses personnages et les rend d'autant plus empathique), le film se fait autant le portrait d'un professeur de théâtre qui ne fera que de s'approcher la quarantaine (un être plein de vie mais et qui n'est définitivement pas prêt à mourir) dont seul la mère est présente à ses à côtés (une présence aussi bien rassurante qu'intrusive); qu'un hommage sincère aux hommes et aux femmes de l'ombre.
Ces membres du service de soins palliatifs dont le travail est aussi remarquable qu'essentiel, que ce soit pour l'accompagnement ou le confort - physique et psychologique - et la compréhension de chacun des patients dont ils s'occupent avec patience et dévotion (et il n'est jamais superflu de féliciter et de louer leur quotidien, et encore plus aujourd'hui).
D'une vérité rare (pas de suspense putassier, le destin terrible de son personnage vedette ne quitte jamais sa route toute tracée, et il devra frontalement l'affronter), émouvant sans trop jouer la carte du larmoyant facile, et porté par la justesse d'un Benoît Magimel, touchant en homme vaincu par l'inéluctable (Catherine Deneuve y est elle, d'un naturel formidablement déstabilisant); De son vivant est un beau mélodrame qui assume son (gros) versant émotionnel autant que ses (grosses) ficelles narratives parfois discutables voire même artificielles, pour mieux nous emporter par son humanité déchirante.
Une jolie séance, qui aurait mérité une présence plus importante sur la Croisette, qu'une simple présentation hors compétition.


Jonathan Chevrier


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