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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #149. Streets of Fire

Photo: Universal Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#149. Les Rues de Feu de Walter Hill (1984)

Il y a quelque chose d'assez injuste quand on retrace aussi bien le catalogue des séries B d'action made in 80s, que les hauts faits de la filmographie de ce bon vieux Walter Hill, tant tout le monde ou presque - dont nous - oublient un peu trop vite de citer l'excellent Streets of Fire; de loin l'un des actionners/western néo-noir/comédie musicale rock/thriller cyberpunk (oui, tout ça), les plus solides de ces quarante dernières années.
Pure fable romantico-rock n'roll qui semble incarner la rencontre improbable et savoureusement kitsch - mais grisante - entre Grease, Escape From New York et un teen movie signé John Hughes, dans un " Autre Monde " (un mix Chicago et L.A en gros) en fusion et une timeline volontairement indéfinie (passé, présent ou futur, rien n'est indiqué, ce qui intensifie son esprit punk); le film suit l'histoire rocambolesque d'Ellen Aim (Diane Lane, littéralement à tomber... comme souvent), chanteuse d'un groupe rock qui, après avoir été kidnappée sur scène par le motard infâme Raven Shaddock (Willem Dafoe, génialement creapy) et sa bande de voyous, est in fine sauvé par son ex-petit ami/soldat errant mais noble Tom Cody (Michael Paré, qui n'a jamais vraiment eu de carrière après, alors qu'il dépote ici), avant d'être pourchassé par eux...

Photo: Universal Pictures

Oeuvre phare du cyberpunk ayant gentiment - et discrètement - influencé plusieurs animes japonais (de Megazone 23, qui en reprend une bonne partie de son intrigue et lui rend un vibrant hommage dans son intro, à Bubblegum Crisis, qui reprend même ses numéros rock), plus exubérant que le monument The Warriors, avec qui il partage plus d'un point commun; le film, qui à la base devait être une comédie (difficile avec Walter Hill), opte constamment pour le baroque au moindre virage de son récit bruyant et pétaradant (et même un poil surnaturel), relecture contemporaine du mythe d'Hélène de Troie shootée aux néons et à une violence urbaine crasseuse et follement cinégénique.
Dans une cité pluvieuse ou le crime est roi (quand la loi, dépassée, n'est pas parfois tout aussi oppressive), l'enthousiasme débridé de son cinéaste, alors au sommet de son art (son instinct infaillible pour cadrer ses personnages haut en couleurs mais surtout tailler ses scènes au bout de gras près, sans aucun superflu), sublime l'excentricité et la singularité évidente de son gloubiboulga tonal - qui contraste avec la simplicité salvatrice de son écriture -, pour mieux accoucher d'une oeuvre électrique et électrisante au casting dément (Diane Lane, Michael Paré, Willem Dafoe, Rick Moranis, Amy Madigan, feu Bill Paxton,...).
Un merveilleux artefact des années 80, petit bout de cinéma d'action lunaire et romantique qui sort volontairement des sentiers battus et qui, sous la force de ses balades rock entraînantes, n'a rien perdu de sa superbe même près de quatre décennies plus tard.


Jonathan Chevrier


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