[CRITIQUE] : Un Homme en Colère
Réalisateur : Guy Ritchie
Acteurs : Jason Statham, Josh Hartnett, Jeffrey Donovan, Holt McCallany, Andy Garcia, Scott Eastwood,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Un convoyeur de fond fraichement engagé surprend ses collègues par l’incroyable précision de ses tirs de riposte alors qu’ils subissent les assauts de braqueurs expérimentés.
Tous se demandent désormais qui il est, d’où il vient et pourquoi il est là.
Critique :
Les retrouvailles entre Guy Ritchie et Jason Statham, plus de quinze ans après le rendez-vous manqué Revolver, ne pouvait se faire sous le sceau de la comédie noire et irrévérencieuse, un terrain sinueux qui ont fait des deux premiers longs du premier - Arnaques, Crimes et Botanique mais surtout Snatch -, deux pépites miraculées qu'il ne pourrait reproduire aujourd'hui.
Non, les deux lascars ne sont plus vraiment les mêmes, le premier étant devenu un cineaste bien trop souvent embourbé dans le plaisir désarmant de son esprit entêté et frénétique, tandis que le second c'est un peu perdu dans son statut de compacteur de vilains, furieusement doué pour encourager les B movies à se réduire qu'aux parties les plus nécessaires : les coups de tatanes et rien d'autres.
Leur nouvelle collision ne pouvait mener qu'à quelque chose de diamétralement opposé à leurs collaborations, mais il était presque impossible d'imaginer qu'ils accoucheraient ensemble d'une oeuvre aussi froidement efficace et jouissive qu'Un Homme en Colère, remake plus ou moins éloigné du Convoyeur de Boukhrief, qui épouse les courbes du thriller burné et du film de casse pour mieux assumer son costume de revenge movie brutal et noir.
Sommet d'action furieuse, musclée et étonnement cohérente, le film colle aux basques d'un lascar charismatique nommé Patrick Hill - mais mieux connu sous le nom de « H. » -, vivant a L.A. et qui commence un nouvel emploi chez Fortico, un service de livraison intermédiaire spécialisé dans le transport d'objets de valeur de haute sécurité (des sommes d'argent colossales provenant de coffres-forts, de stocks de saisie de marijuana,...).
Pas besoin d'en donner plus - l'ouverture contextualise toute l'intrigue et ses enjeux -, ou d'offrir une quelconque humanité à son anti-héros : Ritchie vise continuellement l'épure et l'efficacité la plus glaciale et totale qui soit, et sa caractérisation précise de Patrick Hill en est l'exemple le plus probant, tant dès le départ il est dépeint bien plus un monstre de cinéma qu'un homme réel, aussi monolithique et mécanique qu'un Terminator ayant déjà le sang-froid.
Qui il était avant - et pourquoi il a choisi de travailler pour Fortico - ne sert qu'à expliquer ses méthodes - et encore -, pas à décortiquer la folie délirante qui se cache derrière elles; sorte de force imparable entrevue uniquement par fragments (même si la scène d'ouverture dit quasiment tout sur lui) et comprise seulement à travers son désir obstiné de vengeance : si un personnage comme John Wick peut tuer par catharsis (voire même un désir de rédemption), Hill lui tue pour une forme de rétribution divine, sa faillibilité ne faisant que souligner sa force de volonté et sa rage.
Et un être déshumanisé qui détruit son prochain pour satisfaire un déséquilibre cosmique et - parfois - amorale, est un écart marqué par rapport au personnage de flingeurs avec un code d'honneur que Statham crée généralement à l'écran; une évolution finalement naturelle (il n'a jamais été aussi bon depuis longtemps), proche d'un véritable retour aux sources pour un dézingueur comme lui dont la gimmick cynico-kickeuse semblait déjà s'essoufler il y a dix ans (le diptyque Crank n'ayant pas eu l'électrochoc attendu, Spy encore moins).
Une " renaissance " instaurée par Ritchie, qui s'impose la même chose derrière sa propre caméra, comme un genre de mantra intériorisé, un désir de viscéralité n'hésitant jamais à déchirer le fil linéaire de son histoire (avec des ruptures de chapitre et des flashs de plusieurs mois/semaines en avant et en arrière, comme pour dire que le chemin le plus cohérent pour appréhender son film, c'est le suivre aveuglément dans le chaos le plus complet), pour mieux être totalement à son service (avec les incohérences et la prévisibilité qui en découle) et laisser exploser à l'écran toute sa tension grisante mais aussi une violence sèche et radicale totalement au service de l'action.
Une épure dans ses excès (sa mise en scène est chirurgicale et joliment lisible au coeur de l'action, son montage est précis et ne conserve que très peu de bout de gras) qui se ressent même dans le score sobre de Christopher Benstead (déjà derrière The Gentlemen, première phase de la transformation amère de Ritchie en faiseur de rêves clinique et moins démonstratif), et qui fait de Wrath of Man (tout est dans le titre, ici on ne peut mieux choisi), un put*** de B movie jouissif, immersif et furieux autant qu'une exploration sans faille et volontairement dénuée d'âme, de la violence d'une véritable arme de destruction massive qui fait ce quelle sait faire de mieux : détruire avec une férocité bestiale.
On n'attendait pas cela de la part du papa de Snatch, mais surtout on n'ose imaginer ce que cela aurait donné avec un scénario plus solide...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Jason Statham, Josh Hartnett, Jeffrey Donovan, Holt McCallany, Andy Garcia, Scott Eastwood,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Un convoyeur de fond fraichement engagé surprend ses collègues par l’incroyable précision de ses tirs de riposte alors qu’ils subissent les assauts de braqueurs expérimentés.
Tous se demandent désormais qui il est, d’où il vient et pourquoi il est là.
Critique :
Remake + ou - éloigné du Convoyeur de Boukhrief, qui épouse les courbes du thriller burné et du film de casse pour mieux assumer son costume de revenge movie brutal, #UnHommeEnColère est un sommet d'action furieuse et musclée shooté par un Guy Ritchie au style étonnamment épuré. pic.twitter.com/iz9SMAUk37
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 16, 2021
Les retrouvailles entre Guy Ritchie et Jason Statham, plus de quinze ans après le rendez-vous manqué Revolver, ne pouvait se faire sous le sceau de la comédie noire et irrévérencieuse, un terrain sinueux qui ont fait des deux premiers longs du premier - Arnaques, Crimes et Botanique mais surtout Snatch -, deux pépites miraculées qu'il ne pourrait reproduire aujourd'hui.
Non, les deux lascars ne sont plus vraiment les mêmes, le premier étant devenu un cineaste bien trop souvent embourbé dans le plaisir désarmant de son esprit entêté et frénétique, tandis que le second c'est un peu perdu dans son statut de compacteur de vilains, furieusement doué pour encourager les B movies à se réduire qu'aux parties les plus nécessaires : les coups de tatanes et rien d'autres.
Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc./Studiocanal GmbH |
Leur nouvelle collision ne pouvait mener qu'à quelque chose de diamétralement opposé à leurs collaborations, mais il était presque impossible d'imaginer qu'ils accoucheraient ensemble d'une oeuvre aussi froidement efficace et jouissive qu'Un Homme en Colère, remake plus ou moins éloigné du Convoyeur de Boukhrief, qui épouse les courbes du thriller burné et du film de casse pour mieux assumer son costume de revenge movie brutal et noir.
Sommet d'action furieuse, musclée et étonnement cohérente, le film colle aux basques d'un lascar charismatique nommé Patrick Hill - mais mieux connu sous le nom de « H. » -, vivant a L.A. et qui commence un nouvel emploi chez Fortico, un service de livraison intermédiaire spécialisé dans le transport d'objets de valeur de haute sécurité (des sommes d'argent colossales provenant de coffres-forts, de stocks de saisie de marijuana,...).
Pas besoin d'en donner plus - l'ouverture contextualise toute l'intrigue et ses enjeux -, ou d'offrir une quelconque humanité à son anti-héros : Ritchie vise continuellement l'épure et l'efficacité la plus glaciale et totale qui soit, et sa caractérisation précise de Patrick Hill en est l'exemple le plus probant, tant dès le départ il est dépeint bien plus un monstre de cinéma qu'un homme réel, aussi monolithique et mécanique qu'un Terminator ayant déjà le sang-froid.
Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc./Studiocanal GmbH |
Qui il était avant - et pourquoi il a choisi de travailler pour Fortico - ne sert qu'à expliquer ses méthodes - et encore -, pas à décortiquer la folie délirante qui se cache derrière elles; sorte de force imparable entrevue uniquement par fragments (même si la scène d'ouverture dit quasiment tout sur lui) et comprise seulement à travers son désir obstiné de vengeance : si un personnage comme John Wick peut tuer par catharsis (voire même un désir de rédemption), Hill lui tue pour une forme de rétribution divine, sa faillibilité ne faisant que souligner sa force de volonté et sa rage.
Et un être déshumanisé qui détruit son prochain pour satisfaire un déséquilibre cosmique et - parfois - amorale, est un écart marqué par rapport au personnage de flingeurs avec un code d'honneur que Statham crée généralement à l'écran; une évolution finalement naturelle (il n'a jamais été aussi bon depuis longtemps), proche d'un véritable retour aux sources pour un dézingueur comme lui dont la gimmick cynico-kickeuse semblait déjà s'essoufler il y a dix ans (le diptyque Crank n'ayant pas eu l'électrochoc attendu, Spy encore moins).
Une " renaissance " instaurée par Ritchie, qui s'impose la même chose derrière sa propre caméra, comme un genre de mantra intériorisé, un désir de viscéralité n'hésitant jamais à déchirer le fil linéaire de son histoire (avec des ruptures de chapitre et des flashs de plusieurs mois/semaines en avant et en arrière, comme pour dire que le chemin le plus cohérent pour appréhender son film, c'est le suivre aveuglément dans le chaos le plus complet), pour mieux être totalement à son service (avec les incohérences et la prévisibilité qui en découle) et laisser exploser à l'écran toute sa tension grisante mais aussi une violence sèche et radicale totalement au service de l'action.
Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc./Studiocanal GmbH |
Une épure dans ses excès (sa mise en scène est chirurgicale et joliment lisible au coeur de l'action, son montage est précis et ne conserve que très peu de bout de gras) qui se ressent même dans le score sobre de Christopher Benstead (déjà derrière The Gentlemen, première phase de la transformation amère de Ritchie en faiseur de rêves clinique et moins démonstratif), et qui fait de Wrath of Man (tout est dans le titre, ici on ne peut mieux choisi), un put*** de B movie jouissif, immersif et furieux autant qu'une exploration sans faille et volontairement dénuée d'âme, de la violence d'une véritable arme de destruction massive qui fait ce quelle sait faire de mieux : détruire avec une férocité bestiale.
On n'attendait pas cela de la part du papa de Snatch, mais surtout on n'ose imaginer ce que cela aurait donné avec un scénario plus solide...
Jonathan Chevrier