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[CRITIQUE] : Josée, le tigre et les poissons

Réalisateur : Kotaro Tamura
Avec les voix originales de : Kaya Kiyohara, Taishi Nakagawa, Matsutera Chiemi, Kengo Kawanichi, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Animation, Drame, Romance
Nationalité : Japonais
Durée : 1h38min

Synopsis :
Kumiko, paraplégique depuis l’enfance, vit avec sa grand-mère, qui la sur-protège du monde extérieur. Elle sort peu et s’est créé son propre univers, aidée par la lecture, sa fascination pour la mer et son imagination débordante. Elle demande qu’on l’appelle Josée, du nom d'une jeune héroïne d’un roman de Sagan. Tsuneo, brillant étudiant en biologie marine, aimerait poursuivre ses études au Mexique où il pourrait vivre son rêve, plonger dans les eaux tropicales. Pour cela il lui faut de l’argent et il cherche donc des petits boulots. Un soir, il tombe littéralement sur Josée et la sauve d’une horrible chute. Suite à cette rencontre accidentelle, la grand-mère de Josée engage Tsuneo comme aide-soignant. Josée se révèle autoritaire et têtue, mais Tsunéo est d’une grande patience. Ils apprennent à se connaître et même à s’apprécier. Un jour, il emmène Josée à la mer…

Des

Critique :



C’est (presque) l’été, il fait chaud, il nous faut donc courir au cinéma pour profiter de la climatisation. Pourquoi ne pas se ruer sur le premier long-métrage de Kotaro Tamura Josée, le tigre et les poissons ? Adapté d’une nouvelle écrite par Seiko Tanabe, ce film nous rafraîchit tout aussi bien, avec sa mignonne histoire d’amour qui tourne autour d’un autre amour, commun aux deux personnages : la mer. Projeté pour l’ouverture du festival Annecy de cette année (qui se tient du 14 au 19 juin), nous tenons le film tendre et poétique de la semaine.

Copyright 2020 Seiko Tanabe/KADOKAWA/Josee Project

Storyboarder pour de nombreux animes (Full Metal Alchemist : brotherhood pour n’en citer qu’un) et assistant du célèbre Mamoru Hosoda lors de la fabrication du non moins célèbre film Les enfants loups Ame & Yuki, Kotaro Tamura passe à la réalisation et nous offre un joli petit film, prometteur pour la suite de sa carrière. Tout commence par une violente rencontre entre Tsuneo, jeune étudiant de 22 ans et Kumiko (dite Josée en référence à un personnage de Françoise Sagan qu’elle adore), dévalant involontairement une pente avec son fauteuil roulant au beau milieu de la nuit. Le temps s’arrête une demi-seconde, non parce que c’est l’amour au premier regard, mais parce que les deux protagonistes ont mal, déjouant ainsi les attentes des plus émotifs d’entre nous. Il faudra patienter un peu avant les regards langoureux et les déclarations d’amour. Nous connaissons déjà un peu Tsuneo grâce au début du film, montage sur le quotidien de cet étudiant rangé. Il étudie beaucoup, fait de la plongée et collectionne trois petits boulots pour pouvoir un jour réaliser son rêve : partir à l’étranger. Par contre, le spectateur‧trice rencontre 
Kumiko pour la première fois, comme Tsuneo. Au travers de sa grand-mère, qui accourt très vite s’enquérir de l’état de sa petite-fille après sa longue chute, nous apprenons qu’elle est paraplégique depuis toujours. Toutes deux ne sortent que la nuit pour éviter les regards et les “monstres” comme les appelle la grand-mère. Très vite, Tsuneo se fait embaucher pour s’occuper de la jeune fille et satisfaire tous ses caprices. Orpheline, Josée a le don de n’en faire qu’à sa tête. Montrée comme capricieuse dans un premier temps, elle n’accepte pas Tsuneo dans sa vie bien rangée, calfeutrée dans sa petite chambre, son refuge où elle se cache du monde. Pourtant, Josée voudrait bien connaître ce monde, mais sa grand-mère refuse. C’est la seule règle qu’elle a donné à Tsuneo, inflexible. Ce qui est bien avec les interdits, c’est qu’on peut s’en affranchir.


Copyright 2020 Seiko Tanabe/KADOKAWA/Josee Project


C’est par un petit voyage vers la mer que tout se débloque, dans le récit et chez les personnages. Josée est comme une petite fille, découvrant les joies d’un voyage pour la première fois. Après des débuts compliqués, c’est leur amour commun pour la mer et tout ce qu’elle comporte qui va finalement rapprocher nos deux personnages. Loin d’être aussi caricaturaux que prévu, Josée et Tsuneo sont complexes et se trouvent à un âge où des choix doivent être pris pour leur avenir. Celui de Tsuneo semble libre de toute contrainte, malgré sa vie précaire, libre de réaliser ses rêves. Pour Josée, enfermée dans la vision du monde de sa grand-mère, il est difficile de se projeter dans un avenir. Élevée à se considérer comme une paria à cause de son fauteuil, elle a l’impression qu’aucun rêve ne peut être atteignable pour elle. Ce voyage, assez facile pour les valides, devient un parcours du combattant pour une personne en fauteuil. Pourtant, les obstacles peuvent être surmontés, ce qui va lui ouvrir le champ des possibles. Les couleurs chatoyantes de cette séquence renforce son côté onirique. Le rêve longtemps attendu est achevé, ce qui amènera à d’autres souhaits, d’autres obstacles mais aussi d’autres accomplissements.

Copyright 2020 Seiko Tanabe/KADOKAWA/Josee Project

L’animation fait la part belle aux saisons, qui rythme le récit et met ainsi une date butoir, Tsuneo devant partir en mars au Mexique. Il ne reste que peu de temps à nos deux protagonistes pour révéler leur amour. Ce sera sans compter de nombreuses péripéties, évidemment. Le film met un point d’honneur à ne pas fusionner les personnages, comme la plupart des comédies romantiques. Ce sont deux êtres distincts, avec leur propre caractère, leurs propres rêves et aucun ne fera de sacrifice pour contenter l’autre. Au contraire, Josée, le tigre et les poissons est un film qui rend hommage aux belles rencontres, celles qui nous poussent vers l’avant. Kotaro Tamura arrive avec une certaine harmonie à convier dans son récit la réalité de l’handicap sur le quotidien et la poésie d’une rencontre déterminante entre deux personnes.


Laura Enjolvy



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