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[CRITIQUE] : My Zoé

Réalisatrice : Julie Delpy
Avec : Julie Delpy, Richard Armitage, Daniel Brühl, Gemma Arterton, ...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Allemand, Français, Britannique
Durée : 1h42min

Synopsis :
Après son divorce, Isabelle, généticienne, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari, James a du mal à l'accepter et lui rend la vie dure dans la bataille qu'il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoe. Une tragédie les frappe et la famille s'en trouve brisée. Isabelle décide alors de prendre le destin en main.



Critique :


Julie Delpy revient à la réalisation avec My Zoé, son septième long métrage. À la fois productrice, scénariste, réalisatrice et actrice sur ce nouveau projet, la cinéaste aux multiples casquettes signe un film tout à fait singulier. Une histoire dense, qui va puiser dans le drame social, dans l’émotion charnelle et dans la question morale de la science.

Copyright Electrick Films/Tempête sous le crâne/UGC Images

La réalisatrice franco-américaine a réussi à se constituer une belle filmographie, explorant avec talent la complexité de ses différents rôles. On se rappelle comment, avec La Comtesse, Julie Delpy était arrivée à donner de la profondeur et une certaine empathie pour Erzsébet Báthory, la sombre comtesse se parant de sang de vierge comme crème de jour. Il y a souvent une radicalité dans les rôles qu’elle interprète ou qu’elle écrit, un soupçon d'ambivalence, de flou. On ne peut jamais être vraiment de son côté tout en comprenant le cheminement de pensée. Puis, il y a surtout le double récit, Julie Delpy ne va jamais là où on l’attend. Dans My Zoé, par exemple, l’histoire semble toute tracée, un drame familial sur un couple qui se déchire, avec une enfant au milieu. Mais est-ce si simple ? La cinéaste veut aller plus loin, creuser un questionnement intérieur chez nous, pauvre spectateur‧trice, cobaye de son exploration intime. Ici, elle distille les peurs d’une mère pour son enfant. Fait-elle bien les choses ? Qu’est-ce qu’une bonne mère ? L’amour peut-il tout transcender ?

Copyright Warner Bros. GmbH

My Zoé est un film où il faut explorer les moindres recoins du cadre. Découpé en trois actes bien distincts, le récit nous happe à mesure que les différents thèmes s'emboîtent, se distordent et s’entremêlent. Julie Delpy déploie surtout un certain talent pour filmer des personnages franchement antipathiques. Que ce soit James (Richard Armitage) en ex-mari toxique, un docteur (Daniel Brühl) ambitieux, ou même Isabelle (Julie Delpy), très têtue et parfois égoïste, les personnages feraient sortir n’importe qui de ses gonds. Le dialogue se fait abrasif, les joutes verbales s’accumulent à mesure que les tensions autour de la séparation des parents de Zoé s'accentuent. C’est d’ailleurs par ce biais que la réalisatrice peint leur histoire révolue, s’interdisant de ce fait l’utilisation de flash-back. Par de petites piques bien senties, les ex-conjoints se déchirent, la culpabilité faisant office de balle de tennis. James accuse Isabelle d’être une mère égoïste, privilégiant son travail à sa fille. De son côté, avec un peu plus de subtilité, Isabelle dévoile une part sombre de ce papa-poule parfait, un comportement violent et manipulateur.
Parmi les scènes intenses de divorce, Julie Delpy pose une autre mise en scène, basée sur le toucher. Ces petites séquences permettent d’introduire par petite touche un nouvel aspect de l’intrigue. C’est par ce côté charnel que la réalisatrice puise l’empathie que l’on ressentira plus tard pour Isabelle. Zoé est filmée comme l’extension d’Isabelle, le lien mère-fille est fort malgré la situation. My Zoé est parsemé par les notions de déchirure, de distance, instaurées par les enjeux (que nous préférons garder secret pour l’effet de surprise) mais surtout par la mise en scène. Julie Delpy s’amuse avec la musicalité de ses textes, avec l’espace de son cadre pour influer différentes émotions. C’est un film qui se vit intensément, que l’on emmène avec soi après la séance.

Copyright Electrick Films/Tempête sous le crâne/UGC Images

My Zoé peut rebuter. Son côté organique, son propos qui questionne la morale et l’éthique. Pourtant, comme dans chacun de ses films, ce nouveau long métrage est infusé par la passion de sa réalisatrice. My Zoé témoigne l’audace de la cinéaste de questionner l’obsession, déjà abordée dans La Comtesse, en transformant la monstruosité de la comtesse hongroise par l’amour éternel d’une mère.


Laura Enjolvy



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