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[FUCKING SERIES] : Lupin - Partie 2 : Still a (great) hold-up


(Critique - avec spoilers - de la Partie 2)


Force est d'avouer que Netflix avait réalisé le hold-up parfait avec sa série Lupin en début d'année, prenant et ludique thriller policier qui avait su gentiment déjouer les attentes, pour incarner un vrai hit mondial totalement vissé sur le charismatique et génial Omar Sy, parfait en maître criminel inspiré du personnage d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc.
Devenu incontournable depuis (pas une mince à faire sur un service de streaming est prêt à déclencher les annulations quand les chiffres ne sont pas bon), et surtout forte d'une distribution saccadée qui tranche avec les habitudes de la firme au N rouge (deux parties de 5 épisodes au lieu d'un gros bloc de 10), les cinq épisodes, qui se sont déroulés à une vitesse vertigineuse, se terminaient sur un cliffhanger abrupt que la plupart des téléspectateurs - dont nous - n'avaient même pas vu venir.
Six mois plus tard ou presque, cette " Partie 2 " redémarre exactement là où on avait laissé la vengeance Monte Cristo-esque d'Assane Diop, soit dans une position plus que dangereuse (son fils avait été kidnappé sous ses yeux, nob seulement le pire cauchemar qu'un père puisse vivre, mais aussi celui qui a détruit la confiance de Claire en lui), qui l'a fait passé du statut de chat à souris.

Copyright Emmanuel Guimier/Netflix

Obtenir justice pour son père et sauver son fils de l'homme de main d'Hubert, Leonard, devenaient les deux montagnes à gravir pour Assane dans cette seconde salve d'épisodes aux enjeux donc plus élevés, sans pour autant que le ton fascinant de la première partie ne perde totalement de sa splendeur.
Evidemment, les fissures de l'édifice pimpant qu'incarne le show commence gentiment à faire leur apparition (la faute à vouloir capitaliser sur des acquis déjà fragiles, au lieu de tenter de vraies prises de risques plus ambitueuses), au-delà même des différences évidentes de rythme et de maîtrise d'une mise en scène à plusieurs mains (Ludovic Bernard et Hugo Gélin entretiennent admirablement l'amour de la série pour les décors, de ses intermèdes romantiques le long des Champs-Élysées et de la Seine à ses poursuites en voitures en pleine campagne normandes); mais ces imperfections (l'écriture trop unidimensionnel de ses personnages en tête), constamment contrebalancées par la force gravitationnelle de Sy, ne gâche jamais vraiment la vision d'une seconde partie certes moins intrinsèque et complexe dans son style et sa forme, mais résolument plus consciente autant du contexte social actuel (ses inégalités tant il souligne plus que jamais le privilège de la richesse, son racisme profondément ancré,...) que du potentiel romantique incroyable de son anti-héros (avec un triangle plus pervers que réellement amoureux), jusque dans son final Hitchcockien en diable.

Copyright Emmanuel Guimier/Netflix

Jamais tronqué par ses flashbacks (intelligemment déployés pour nourrir et renforcer la narration) qui approfondissent grandement le background d'Assane (que ce soit comment il est devenu le gentleman voleur que nous connaissons, ou pourquoi sa soif amère de vengeance contre Hubert Pellegrini est si profonde), et toujours autant porté par un enthousiasme et un ludisme férocement communicatifs; Lupin - Partie 2 met résolument l'accent sur un spectacle aux enjeux plus réalistes et intenses, convoquant certes toujours autant la suspension d'incrédulité de son auditoire dans ses résolutions/twists tirés par les cheveux (même Diop et son sourire à toute épreuve, semble se demander parfois comment il s'en est sorti), mais qui n'est jamais aussi efficace que lorsqu'elle arpente la dualité morale de ses protagonistes (que ce soit Assane ou la Juliette d'une Clothilde Hesme renversante), ou même le cadre du bitume parisien.
La question est désormais de savoir si, après deux parties résultant d'un tour de passe-passe vraiment malin, la série a véritablement besoin d'une troisième partie, au risque de tronquer tout ce qui a été fait jusqu'ici, et de partir sur une toute nouvelle intrigue alors que celle d'origine (la vengeance d'un fils pour laver et réhabiliter l'honneur de son père), vient de connaître une conclusion plus que convaincante.

Copyright Emmanuel Guimier/Netflix

On connaît sans doute déjà la réponse, et elle est clairement en contradiction aussi bien avec le plaisir que nous procure les aventures d'Assane, que les habitudes d'une Netflix qui ne sait jamais vraiment clore ses shows...


Jonathan Chevrier