[CRITIQUE] : Médecin de Nuit
Réalisateur : Elie Wajeman
Acteurs : Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmai,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min
Synopsis :
Mikaël est médecin de nuit.
Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes.
Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos.
Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main.
Critique :
Sur le papier, on pourrait presque targuer qu'Elie Wajeman, dont les deux premiers longs étaient on ne peut plus mitigés (Aliyah mais surtout le ronflant Les Anarchistes), n'invente pas forcément la poudre avec son troisième passage derrière la caméra, et jouerait même un peu trop la carte de la facilité, en croquant une plongée nocturne et obscure au coeur des bas fonds d'un Paris underground, d'une âme borderline dont la vie n'a été régit que par son accumulation de mauvais choix mais aussi et surtout, d'une infortune qui colle à la peau comme un sparadrap vissée sur une semelle.
Pourtant, cette incursion franche et frontale dans le polar néo-noir, évidemment pas sans heurts, avec le bien nommé Médecin de Nuit, est clairement son effort le plus maîtrisé à ce jour, un portrait tendu et sans concession d'une figure fragile, un médecin dont le rapport trouble aussi bien avec sa propre existence que la déontologie, vont l'amener à flirter vers les abîmes de l'ultime point de non retour, lors d'une nuit fatidique.
Soit les aléas sur une seule nuit charnière de Mikaël, un médecin qui assiste les malades les plus défavorisés - majoritairement les toxicomanes -, un saint homme qui porte sa propre croix intérieur et qui se fait l'acteur de sa propre déchéance au sein des rues d'un Paris malade, lui qui délaisse son foyer - sa femme et ses deux enfants - autant que sa maîtresse; une âme nageant dans le chaos de l'autodestruction la plus totale, et dont la descente aux enfers est intimement liée à celle de son cousin Dimitri, pharmacien...
Constamment sur le fil du rasoir (et pas si éloigné du récent Une Nuit de Philippe Lefebvre), sondant l'obscurité pour mieux faire exploser à l'écran le peu d'éclats de lumière d'un destin délibérément sacrificiel mais toujours en quête - impossible - de rédemption, ou la moindre issue salvatrice est balayée dès quelle est recherchée; Wajeman questionne son auditoire sur des sujets fascinants (la droiture professionnel, l'aveuglement conscient de toute une profession, et même d'un gouvernement, sur tout un pan de la population en souffrance), met en avant comme peu - et sans pudisme putassier - des visages courageux (tous les soignants de l'ombre) face à une pauvreté jamais stigmatisée, et signe une tragédie âpre, fiévreuse et oppressante au casting imposant.
D'un Vincent Macaigne incroyable, littéralement taillé à la serpe et tout de rage contenue, dont la prestation imprime la rétine comme rarement, à un Pio Marmaï tout en ambiguïté, en passant par une Sara Giraudeau troublante même si trop peu développé (comme toutes les figures féminines du métrage finalement); ils sont les piliers d'un vrai morceau de cinéma ambitieux, réaliste et définitivement passionnant à suivre au fin fond des enfers, miroir d'une France terrifiante mais réelle qu'on ne veut pas voir.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmai,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min
Synopsis :
Mikaël est médecin de nuit.
Il soigne des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir : les toxicomanes.
Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse, entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex, sa vie est un chaos.
Mikaël n’a plus le choix : cette nuit, il doit reprendre son destin en main.
Critique :
Tragédie âpre et oppressante dans un Paris nocturne loin d'être carte postale, #MedecindeNuit est une incursion franche et frontale dans le néo-noir par un Wajeman maîtrisant joliment la lente et tendue descente aux enfers d'un Vincent Macaigne imposant et tout de rage contenue. pic.twitter.com/I8O0czDyOM
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 10, 2021
Sur le papier, on pourrait presque targuer qu'Elie Wajeman, dont les deux premiers longs étaient on ne peut plus mitigés (Aliyah mais surtout le ronflant Les Anarchistes), n'invente pas forcément la poudre avec son troisième passage derrière la caméra, et jouerait même un peu trop la carte de la facilité, en croquant une plongée nocturne et obscure au coeur des bas fonds d'un Paris underground, d'une âme borderline dont la vie n'a été régit que par son accumulation de mauvais choix mais aussi et surtout, d'une infortune qui colle à la peau comme un sparadrap vissée sur une semelle.
Pourtant, cette incursion franche et frontale dans le polar néo-noir, évidemment pas sans heurts, avec le bien nommé Médecin de Nuit, est clairement son effort le plus maîtrisé à ce jour, un portrait tendu et sans concession d'une figure fragile, un médecin dont le rapport trouble aussi bien avec sa propre existence que la déontologie, vont l'amener à flirter vers les abîmes de l'ultime point de non retour, lors d'une nuit fatidique.
Copyright Partizan Films |
Soit les aléas sur une seule nuit charnière de Mikaël, un médecin qui assiste les malades les plus défavorisés - majoritairement les toxicomanes -, un saint homme qui porte sa propre croix intérieur et qui se fait l'acteur de sa propre déchéance au sein des rues d'un Paris malade, lui qui délaisse son foyer - sa femme et ses deux enfants - autant que sa maîtresse; une âme nageant dans le chaos de l'autodestruction la plus totale, et dont la descente aux enfers est intimement liée à celle de son cousin Dimitri, pharmacien...
Constamment sur le fil du rasoir (et pas si éloigné du récent Une Nuit de Philippe Lefebvre), sondant l'obscurité pour mieux faire exploser à l'écran le peu d'éclats de lumière d'un destin délibérément sacrificiel mais toujours en quête - impossible - de rédemption, ou la moindre issue salvatrice est balayée dès quelle est recherchée; Wajeman questionne son auditoire sur des sujets fascinants (la droiture professionnel, l'aveuglement conscient de toute une profession, et même d'un gouvernement, sur tout un pan de la population en souffrance), met en avant comme peu - et sans pudisme putassier - des visages courageux (tous les soignants de l'ombre) face à une pauvreté jamais stigmatisée, et signe une tragédie âpre, fiévreuse et oppressante au casting imposant.
Copyright Partizan Films |
D'un Vincent Macaigne incroyable, littéralement taillé à la serpe et tout de rage contenue, dont la prestation imprime la rétine comme rarement, à un Pio Marmaï tout en ambiguïté, en passant par une Sara Giraudeau troublante même si trop peu développé (comme toutes les figures féminines du métrage finalement); ils sont les piliers d'un vrai morceau de cinéma ambitieux, réaliste et définitivement passionnant à suivre au fin fond des enfers, miroir d'une France terrifiante mais réelle qu'on ne veut pas voir.
Jonathan Chevrier