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[CRITIQUE] : L’oubli que nous serons


Réalisateur : Fernando Trueba
Acteurs : Javier Cámara, Nicolas Reyes, Juan Pablo Urrego,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Biopic.
Nationalité : Colombien
Durée : 2h16min

Synopsis :
Colombie, années 1980. Le docteur Hector Abad Gomez lutte pour sortir les habitants de Medellin de la misère. Malgré les menaces qui pèsent sur lui, il refuse d’être réduit au silence. Le destin de ce médecin engagé et père de famille dévoué se dessine à travers le regard doux et admiratif de son fils.
Adapté de faits réels, L’oubli que nous serons est à la fois le portrait d’un homme exceptionnel, une chronique familiale et l’histoire d’un pays souvent marqué par la violence.



Critique :


Bien qu'il ait publié quatre romans avant El oblivido que serremos et même quelques-uns depuis (en plus de livres de poésie, d'essais et autres textes), l'écrivain colombien Héctor Abad Faciolince devra pourtant sa popularité mondiale presque uniquement sur ce magnifique ouvrage paru en 2006.
Récit autobiographique et familial férocement intime et sincère, écrit dans la douleur de l'évocation de sa relation particulière qu'il entretenait avec son père, Héctor Abad Gómez, assassiné en 1987 (sa mort est littéralement l'épine dorsale de toute l'histoire, sorte d'explosion de tristesse et de chagrin incommensurable, qui conduit à faire le point sur toute sa vie), cette adaptation distingue habilement les souvenirs d'Héctor enfant dans la maison familiale, et ceux du jeune Héctor étudiant à Milan dans les années 80, qui revient chez lui pour rendre hommage à son père, un médecin engagé pour la santé publique.

Copyright Nour Films

Plongée à la fois en monochrome et en couleurs, au coeur d'une époque où l'on croyait encore à la justice sociale, à l'égalité et à l'amélioration des conditions de vie des plus démunis, porté par un regard aussi bien idéaliste (parce qu'il est avant tout celui d'un enfant, ne comprenant pas la corruption des classes dirigeantes et chefs moraux de son pays) qu'admiratif (celui d'un fils aimant pour son père); le film joue autant la carte de la chronique socio-familiale bouleversante que celle du portrait vibrant d'un homme ordinaire mais médecin extraordinaire, mué par une extraordinaire modestie; un homme de Medellín à l'énergie contagieuse, engagé pour les défavorisés à l'idéologie hybride (chrétienne en religion, Marxiste en économie et libéral) mais surtout profondément humaine.
Exprimant avec éloquence et même avec un certain enthousiasme sa stature morale autant que sa bienveillance de tous les instants (et avec tous, pas uniquement sa propre famille), dans une société où la mort est une arme - surtout politique -; L'oubli que nous serons est une merveille de drame beau et universel qui offre une réflexion sereine et puissante sur l'existence, tout en parvenant à retranscrire habilement les contradictions cruelles d'une société où le dévouement le plus généreux pouvait cohabiter avec les pires misères morales. 


Jonathan Chevrier



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