[CRITIQUE] : Si le vent tombe
Avec : Grégoire Colin, Hayk Bakhryan, Arman Navasardyan, Davit Hakobyan, ...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français, Arménien, Belge
Durée : 1h40min
Synopsis :
Alain, un auditeur international, vient expertiser l’aéroport d’une petite république auto-proclamée du Caucase afin de donner le feu vert à sa réouverture. Edgar, un garçon du coin se livre à un étrange commerce autour de l’aéroport. Au contact de l’enfant et des habitants, Alain découvre cette terre isolée et risque tout pour permettre au pays de s’ouvrir.
Critique :
Avec #SiLeVentTombe et son aura mystique, Nora Martirosyan, dont la mise en scène sublime les étendues montagneuses, nous donne à voir un très beau film, aux portées symbolique et politique fortes, ou quand l’espoir et la foi transcendent littéralement l’espace (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/RJojnzuYsY
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 26, 2021
Nora Martirosyan signe un premier long métrage où l’enjeu de tout un pays se place dans un audit, qui autoriserait l’ouverture d’un aéroport. Sélection en compétition officielle Cannes 2020, mais aussi à l’ACID 2020.
Le Haut-Karabagh est une petite république autoproclamée, cachée dans les montagnes du Caucase, qui n’existe pas sur le plan géopolitique. Si le vent tombe s’intéresse à l’ouverture de l’aéroport, un lieu qui ouvrirait leur frontière au monde et pourrait concrétiser l’existence du pays dans le monde. C’est sur les épaules d’Alain, auditeur français interprété par Grégoire Colin, que tout se joue. Élément étranger, lâché dans un monde inconnu loin du sien, il va vite s'apercevoir que son boulot va plus loin qu’une simple inspection, et questionne les contraintes territoriales d’une guerre encore présente dans les esprits. L’identité de tout un peuple est mise en attente d’une ouverture extérieure et d’une reconnaissance, recherchée à tout prix.
Le film suit de près Alain, dès le début du film. Son périple sur la route montagneuse et le passage à la frontière est filmé dans la voiture, de son point de vue. Nous ne savons pas qui est le protagoniste, ni où il se trouve. Territoire inconnu, invisible même sur son passeport qui ne laisse aucune trace de son passage, Alain traverse un désert que le montage rend sensoriel. Mais la réalisatrice ne veut pas exprimer la vie du pays seulement par les paysages qui le composent, ou par la question essentielle de l’aéroport. Ce sont les habitants qui portent l’Histoire, la culture et rendent compte de l’importance du rôle de Alain. Grégoire Colin apporte une présence discrète et laisse briller ses collègues, tout comme son personnage qui laisse fondre sa fonction petit à petit lorsque l’humanité de ses correspondants lui fait prendre conscience de l’enjeu crucial qui se trame.
Une impression d’irréalité se dégage de Si le vent tombe. À cause des péripéties tout d’abord, entre l’aéroport vide où les employés jouent la comédie tous les jours, alors qu’aucun avion ne décolle. Le petit porteur d’eau, Edgar, donne également cette impression, alors qu’il traverse l’aéroport comme si le lieu n'existait pas. Il distribue de l'eau guérisseuse autour de lui, qu’il prend des toilettes de l’aéroport privé de client comme s’il distribuait l’espoir aux habitants. Ils se créent une atmosphère chaleureuse, une chimère où les rêves deviennent réalité, comme si la fiction du film devenait petit à petit un documentaire, où l’audit aura une fin heureuse. Un aéroport en action, un ciel rempli d'avions, des frontières ouvertes. Alain finit par croire lui aussi à cette chimère, son rôle devient flou, perdu dans les espoirs implacables de ceux et celles qui l’entourent. Sa fonction devient subalterne, pour vivre une véritable expérience au-delà des barrières, des frontières et du temps.
Une impression d’irréalité se dégage de Si le vent tombe. À cause des péripéties tout d’abord, entre l’aéroport vide où les employés jouent la comédie tous les jours, alors qu’aucun avion ne décolle. Le petit porteur d’eau, Edgar, donne également cette impression, alors qu’il traverse l’aéroport comme si le lieu n'existait pas. Il distribue de l'eau guérisseuse autour de lui, qu’il prend des toilettes de l’aéroport privé de client comme s’il distribuait l’espoir aux habitants. Ils se créent une atmosphère chaleureuse, une chimère où les rêves deviennent réalité, comme si la fiction du film devenait petit à petit un documentaire, où l’audit aura une fin heureuse. Un aéroport en action, un ciel rempli d'avions, des frontières ouvertes. Alain finit par croire lui aussi à cette chimère, son rôle devient flou, perdu dans les espoirs implacables de ceux et celles qui l’entourent. Sa fonction devient subalterne, pour vivre une véritable expérience au-delà des barrières, des frontières et du temps.
Si le vent tombe se pare d’une aura quasi mystique, où la mise en scène sublime les étendues montagneuses, cette terre qui ironiquement prend le pas sur les cieux où l’enjeu se niche pourtant. Nora Martirosyan nous donne à voir un très beau film, aux portées symbolique et politique fortes. Quand l’espoir et la foi transcendent l’espace.
Laura Enjolvy