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[CRITIQUE] : Sound of Violence

Réalisateur : Alex Noyer
Acteurs : Jasmin Savoy Marron, Lili Simmons, James Jagger,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Après l’assassinat brutal de sa famille, une jeune fille récupère peu à peu son audition et acquiert des capacités synesthésiques. Devenue adulte, elle trouve du réconfort dans le son des lésions corporelles. Elle entame une carrière dans la musique et compose son chef-d’œuvre à partir de meurtres horribles.




Critique :


Parce qu'il est si facile de faire des rapprochements entre deux péloches, impossible de ne pas penser au brillant Sound of Metal de Darius Marder, en regardant Sound of Violence d'Alex Noyer, et pas uniquement parce qu'ils ont tout deux, des titres similaires.
En effet, si le film nommé aux oscars suit les aléas douloureux d'un batteur qui perd soudainement l'audition, celui de Noyer suit également un protagoniste malentendant devant trouver la beauté de la vie au coeur du chaos; à la différence près que si Ruben/Riz Ahmed se lançait dans un vrai voyage spirituel à la découverte de soi, celui de l'anti-héroïne Alexis/Jasmin Savoy Brown est convaincu que le véritable art vient de la souffrance des autres.
Sourde après un accident qu'elle a eu très jeune, la jeune femme devenue depuis une étudiante en production musicale, a retrouvé son audition à l'âge de dix ans alors qu'elle assistait au meurtre brutal de ses parents (son père tue sa mère, elle tue son père); une séquence balancée frontalement à la poire du spectateur au coeur d'une ouverture puissante, qui donne le ton viscéral du film et jette les bases de la vision déformée d'Alexis sur sa façon de construire sa propre forme de guérison (soit chasser inlassablement la perception colorée de cet événement horrible), à travers les complexités de la production musicale.

Gravitas Ventures

Thématique majeur du genre horrifique, le deuil et sa gestion peut agir soit dans une nature cathartique, soit dans une nature plus dangereuse et répressive.
Noyer, avec l'équilibre précaire que cela implique, décide d'emboiter les deux chemins avec la complexité de la production musicale en toile de fond, son anti-héroïne associant le son émanant d'actes brutaux et son amour - glauque - de la découverte, à une méthode de soin étrange mais miraculeuse, alors qu'elle commence à perdre sporadiquement son audition.
Aussi cathartiques que ces expressions/explosions de violences peuvent être, surtout quand le métrage épouse pleinement son tempérament horrifique avec des séquences aussi dérangeantes que fascinantes - qui ferait presque pâlir de jalousie ce bon vieux Jigsaw -, elles tombent douloureusement à plat autant dans sa morale facile (il faut s'accepter comme l'on est, accepter ces défauts et affronter nos traumatismes pour mieux vivre avec), que dans son écriture à la truelle de ses personnages, dénuée de toute profondeur pourtant essentielle.
Plus dans le ressenti brute sur le tempérament sauvage et autodestructeur de l'humanité, que l'étude minutieuse et complexe d'une psyché à part - mais pas explicitement méchante -, Sound of Violence doit se prendre pour ce qu'il est : une expérience sensorielle jusqu'au-boutiste aussi perfectible qu'unique.

Gravitas Ventures

La synesthésie qui se produit lorsque les sens se croisent et que les mises à mort sadiques s'éternisent (certaines étant même particulièrement intelligentes), est magnifiquement visualisée avec une explosion arc-en-ciel saisissante qui éclate sur l'écran, laissant entrevoir pourquoi Alexis veut revivre inlassablement cette expérience initiale forte et marquante; une (ré)jouissance face à douleur qu'elle inflige qui s'entremêle avec la peur de perdre à nouveau son audition.
Effort inventif (la conception sonore est incroyable et profondément immersive), stimulant et sournois mais écrit au chausse-pied, Sound of Violence désarçonne, frustre un brin mais surtout imprime la rétine, et c'est tout ce qu'on demande à un bon film de genre, et encore plus au sein d'une sélection aussi avisée que celle du BIFFF cette année...


Jonathan Chevrier


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