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[CRITIQUE] : Lucky


Réalisatrice : Natasha Kermani
Acteurs : Brea Grant, Hunter C. Smith, Kristina Klebe, Kausar Mohammed,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h23min.

Synopsis :
May, auteure populaire de livres sur le développement personnel devient la cible d'un homme mystérieux aux intentions meurtrières. Chaque nuit, il la poursuit sans relâche, et chaque jour, les gens qui l'entourent semblent à peine s'en apercevoir. N'ayant personne vers qui se tourner, May doit prendre les choses en main pour survivre et reprendre le contrôle de sa vie.




Critique :


May est une auteure d'auto-assistance dont le livre, Go It Alone, prêche l'autonomie des femmes. 
Une nuit, elle regarde par-dessus sa balustrade et voit un intrus, les traits estompés et menaçants, la regardant depuis l'arrière-cour.
L'homme semble essayer de s'introduire par effraction.
Quand elle se rue vers son mari Ted pour lui en parler, il est plus irrité par sa panique que préoccupé par l'intrus potentiel, et lui répond d'une manière blasé franchement inquiétante que c'est normal et qu'un homme vient tous les soirs chez eux et essaie de les tuer.
Cependant, ils arrivent toujours à le flinguer avant que son corps ne disparaisse quelques secondes plus tard.
Mais ils doivent, malgré eux, recommencer la même opération la nuit suivante, puis celle qui suit, encore et encore...

Shudder

Voilà prémisse à la désinvolture déconcertante et terrifiante de Lucky signé Nathasha Kermani sur un script de Brea Grant - également vedette du métrage -, qui déjoue subtilement ses atours de thriller home invasion pour se diriger vers une sorte de simili-slasher bizarre et bouleversant.
Une version cauchemardesque du jour de la marmotte ou chaque personnage - sauf May - affichent une acceptation plus qu'étrange de la situation, surtout le mari (dont le mariage bancal est résolument le pivot charnière du récit).
Pas tant un rape and revenge elliptique que la réfutation brutale d'une réparation par un acte de violence cathartique, Lucky peut se voir autant comme une satire sournoise qu'une métaphore audacieuse sur la menace perpétuelle de la violence masculine, ou la peur incontestable de celle-ci est peu à peu diluée avec une couche de comédie absurde et presque kafka-esque - un décalage d'autant plus renforcé par la partition de Jeremy Zuckerman.
Expérience intime et cathartique (Grant s'inspire de ses propres problèmes avec un harceleur), dont l'universalité explose à l'écran aussi bien que la solitude des victimes (May ne sait rien de sa situation, elle apprend au fil du récit - comme le spectateur - alors que tout le monde, non sans une certaine condescendance, se refuse à lui dire la vérité), captivante dans sa dissonance cognitive (le quotidien insomniaque et confus de May, entre un travail de jour en tant qu'auteure de livres d'auto-assistance et un péril nocturne persistant); Lucky joue la carte de la répétition frustrante et violente - voire même très sanglante -, pour mieux exprimer la lente fissure du déni cauchemardesque d'une femme faisant face à une clarté affreuse et rageuse.

Shudder

Jonglant subtilement entre l'horreur, le thriller et une absurdité - volontairement - incrédule, le film fait presque le bilan du quotidien d'une femme vivant dans la société moderne, entre la peur - légitime - de l'agression et la résistance aux structures misogynes.
La métaphore est parfois lourde et pas toujours adroite, mais le message qui s'en dégage lui, est clair et limpide comme de l'eau de roche...


Jonathan Chevrier

 


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