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[CRITIQUE] : Immortal

Réalisatrice : Ksenia Okhapkina
Avec : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Estonien, Letton.
Durée : 1h01min

Synopsis :
Dans le grand Nord russe, un ancien goulag s’est transformé en ville où l’on construit dès l’enfance de parfaits citoyens russes. Le « système » est à l’œuvre dans des registres fille-garçon bien séparés et conçu pour chaque moment de la vie quotidienne.
Comment les mécanismes du pouvoir politique influencent-ils directement la vie des habitants d’un pays ? En cherchant une réponse à cette question, cet essai cinématographique se penche sur la vie de tous les jours dans cette petite ville industrielle, découvrant en chemin à quel point une idéologie totalitaire omniprésente peut être dangereuse.




Critique :


Si le FIFF s'est échiné à offrir une sélection de longs-métrages d'exception pour agrémenter sa compétition, force est d'avouer qu'elle en a fait de même du côté de la section documentaire avec quelques pépites vraiment marquantes... comme l'étonnant Immortal de Ksenia Okhapkina, qui se penche sur la vie au coeur de la ville d'Apatity, un village industriel dans l'extrême nord-ouest de la Russie, alors que les jeunes garçons et les jeunes filles se préparent à une cérémonie d'intronisation au programme patriotique militaire " Armée de la jeunesse ".
Avec honnêteté et sans la moindre restriction, elle capte cet endoctrinement qui commence dès le plus jeune âge (certains d'entre eux ne regardent même pas leurs adolescents), ou on leur parle des notions du sacrifice de soi, des médailles décernées à la mort, du service de l'État; tout en nous plaçant à leur hauteur, que ce soit dans leurs propres cours, à la rencontre des professeurs, de leurs jeux de " chasse "...

Copyright Vesilind

Dans une pure démonstration d'autodiscipline effrayante (ou comment une idéologie pénétrante peut devenir une arme extrêmement dangereuse, et encore plus au sein d'un régime totalitaire), entrecoupée de quelques séquences sur l'importance de la société minière du village (où il y avait autrefois des camps du Goulag), Okhapkina n'impose pas de narration traditionnelle pour argumenter son point de vue (apprendre à vivre pour un pays avant de vivre pour soi), tant elle pointe simplement du bout de sa caméra vers son sujet et ses intervenants, laissant ses images furieusement évocatrices s'exprimer par elles-mêmes (les adultes, enhardis, agissent, tandis que les enfants se comportent comme leurs formateurs leur ont appris, sans avoir réellement conscience de ce qu'ils font).
Avec un sens du cadre singulier, aux cadres anxiogènes semblant tout droit sortie d'un film d'horreur d'Europe de l'Est (ce qui, au fond, est clairement le cas), tout en faisant preuve d'une retenue louable qui pourrait presque se retourner contre elle (elle désapprouve comme nous, ce lavage de cerveau mais son manque d'esprit critique incisif, pourrait presque détourner le message du film et en faire une célébration déplacée du patriotisme), Immortal est un excellent documentaire qui révoltera quiconque qui croit un minimum en la liberté de l'individu et aux vertus de la pensée libre, curieuse et non réprimée.


Jonathan Chevrier


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