[CRITIQUE] : Framing Britney Spears
Réalisatrice : Samanta Stark
Avec : Felicia Culotta, Liz Day, Hayley Hill, Nancy Carson, Kim Kaiman, Wesley Morris, ...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Américain
Durée : 1h14min
Synopsis :
A partir d'images d'archives, le documentaire se penche sur la bataille judiciaire qui oppose Britney Spears à son père, son tuteur.
Produit par le New York Times, Samantha Stark a réalisé le documentaire Framing Britney Spears, disponible depuis le 5 avril sur la plateforme Amazon Prime Video. Un film choc, qui revient sur la carrière de la chanteuse sous le prisme du système médiatique. Il met aussi en lumière son combat récent pour s’échapper du “conservatorship” mis en place en février 2008, une sorte de tutelle où son père - Jamie Spears - et un avocat - Andrew Wallet- gèrent à sa place aussi bien sa fortune que sa carrière musicale, sa maladie mentale ou ses fréquentations. Alors que le documentaire a relancé les discussions autour des frasques de Britney Spears en 2007, autour de sa rupture d’avec Justin Timberlake lors de sa sortie aux États-Unis le mois dernier, il a surtout permis de voir ressurgir la vague de soutien de la chanteuse sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #FreeBritney créée en 2018.
Cette pression a déjà été analysée dans un autre documentaire, d’une autre star des années 2000 : Paris Hilton. This is Paris est sorti sur Youtube en septembre 2020. Un film réalisé à l'initiative de la star, où elle montre un autre pan de sa vie et dévoile un traumatisme de son adolescence. Les deux documentaires sondent le monde dans lequel les deux stars se sont épanouies. Un monde misogyne qu'elles ne peuvent pas contrôler, malgré les apparences. Bien qu’il analyse avec pertinence le système dans lequel a grandi et vécu Britney Spears, on ne peut s’empêcher de voir dans Framing Britney Spears un moyen un peu sensationnaliste de se faire de l’argent sur le dos de la chanteuse. Aucun membre de sa famille n’a accepté les demandes d’interview de l’équipe du film. Britney Spears elle-même n’a pas donné suite (on peut évidemment se demander si elle a pu donner son avis, ou si elle a vraiment su qu'un documentaire se préparait…). Là où This is Paris est effectué avec le consentement de Paris Hilton, Framing Britney Spears ne se départit pas d’un ton spectaculaire pour choquer le spectateur, avide de scandale. Le fait que le documentaire soit en partie produit par le journal “The New York Times” n’est pas anodin au sentiment sensationnaliste qui se dégage de l’ensemble. La star s’est exprimée sur le sujet il y a une semaine, sur son compte Instagram, son seul moyen d’expression. “Je n’ai pas regardé le documentaire, mais de ce que j’en ai vu, j’ai été embarrassée par la lumière qu’ils ont mise sur moi.” Peut-être viendra le jour où Britney Spears pourra s'approprier son histoire et nous la livrer, si l'envie lui en prend.
Avec : Felicia Culotta, Liz Day, Hayley Hill, Nancy Carson, Kim Kaiman, Wesley Morris, ...
Distributeur : Amazon Prime Video France
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Américain
Durée : 1h14min
Synopsis :
A partir d'images d'archives, le documentaire se penche sur la bataille judiciaire qui oppose Britney Spears à son père, son tuteur.
Critique :
Documentaire choc, #FramingBritneySpears met en lumière un système profondément misogyne dans lequel la star a dû se débattre durant toute sa carrière. Un monde cruel qui n’a fait que renforcer sa lente descente aux enfers. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/P8o2WOANFf
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 7, 2021
Produit par le New York Times, Samantha Stark a réalisé le documentaire Framing Britney Spears, disponible depuis le 5 avril sur la plateforme Amazon Prime Video. Un film choc, qui revient sur la carrière de la chanteuse sous le prisme du système médiatique. Il met aussi en lumière son combat récent pour s’échapper du “conservatorship” mis en place en février 2008, une sorte de tutelle où son père - Jamie Spears - et un avocat - Andrew Wallet- gèrent à sa place aussi bien sa fortune que sa carrière musicale, sa maladie mentale ou ses fréquentations. Alors que le documentaire a relancé les discussions autour des frasques de Britney Spears en 2007, autour de sa rupture d’avec Justin Timberlake lors de sa sortie aux États-Unis le mois dernier, il a surtout permis de voir ressurgir la vague de soutien de la chanteuse sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #FreeBritney créée en 2018.
Copyright Amazon Prime Video |
Le titre, Framing Britney Spears, peut se traduire par “encadrer”. Une notion que l’on retrouve directement sur l’affiche, mais aussi dans le sujet même du documentaire. Le film de Samantha Stark n’a pas l’ambition de revenir sur l’intégralité de la carrière de la chanteuse, mais sur un élément qui a créé un schisme dans sa vie, dans sa carrière : la mise sous tutelle. Encadrer pour la protéger. Encadrer pour la surveiller. Cette idée de surveillance se retrouve également dans un autre thème que propose le film : les médias. Adulée comme toute jeune star montante, Britney Spears a vu le beau et le moins beau de sa carrière étalés sur les couvertures de magazines. Encadrée, Britney Spears l’est aussi de plus loin, par des fans désireux‧ses de la voir en paix. Dès 2007, un jeune fan avait douloureusement fait le buzz, où il encourageait les médias à laisser la star tranquille. Fin 2017, quand Britney Spears annule subitement une série de concerts à Las Vegas, elle annonce aussi vouloir changer son tuteur. Elle ne fera plus de concert tant qu'elle sera sous la coupe de son père. Il n’en faut pas plus aux fans pour se mobiliser.
Retour en arrière
Le documentaire commence en septembre 2020. Un attroupement se tient devant la Cour Suprême de Los Angeles, alors que se joue un nouvel épisode dans le procès de la chanteuse pour son changement de tuteur. La manifestation sert de point de départ. Comment Britney Spears s’est retrouvée dans cette situation ? Jeune fille à l’aise devant une caméra pour chanter et danser, les images d’archive que l’on nous montre donnent l’impression que la célébrité n’attendait qu’elle. Jonglant entre l’adolescente sexy et l’adolescente chaste, le monde lui ouvre grand ses portes en 1998, à la sortie de son single “Baby one more time”. La vierge et la putain, les deux images se télécospent. Alors que la chanteuse prônait son envie de contrôle sur son corps, sur sa féminité qu'elle dévoilait avec plaisir, les médias ne lui demandaient qu’une seule chose : est-elle vierge ? Elle doit s’enfermer dans une bulle et répondre à leur demande. Cette bulle éclate en 2002, quand l’ex-compagnon de la star, Justin Timberlake sort son single “Cry me a river”, un texte à charge contre Britney Spears, qui l’aurait trompé et brisé le cœur. La jeune fille bien sous tout rapport devient la méchante, la menteuse, la trompeuse. Justin Timberlake s’approprie leur histoire pour se propulser au sommet des ventes. Sa parole est monopolisée devant un monstre géant (les médias) qui ne demandent qu’à se repaître de cette histoire. Britney aura du mal à cacher en interview les dégâts causés par cette rupture. À la sortie du documentaire, Justin Timberlake s’est excusé sur les réseaux sociaux, presque vingt ans après les faits. “Je suis désolé pour ces moments de ma vie où mes actes ont contribué au problème, où j’ai monopolisé la parole, où je ne me suis pas exprimé au nom de ce qui était juste. […] Je sais que je n’ai pas été à la hauteur dans ces moments-là, comme dans beaucoup d’autres et que j’ai bénéficié d’un système qui favorise la misogynie et le racisme." lit-on dans sa lettre, profitant de l’occasion pour s'excuser auprès de Janet Jackson également. On dit qu’il n’est jamais trop tard …
Retour en arrière
Le documentaire commence en septembre 2020. Un attroupement se tient devant la Cour Suprême de Los Angeles, alors que se joue un nouvel épisode dans le procès de la chanteuse pour son changement de tuteur. La manifestation sert de point de départ. Comment Britney Spears s’est retrouvée dans cette situation ? Jeune fille à l’aise devant une caméra pour chanter et danser, les images d’archive que l’on nous montre donnent l’impression que la célébrité n’attendait qu’elle. Jonglant entre l’adolescente sexy et l’adolescente chaste, le monde lui ouvre grand ses portes en 1998, à la sortie de son single “Baby one more time”. La vierge et la putain, les deux images se télécospent. Alors que la chanteuse prônait son envie de contrôle sur son corps, sur sa féminité qu'elle dévoilait avec plaisir, les médias ne lui demandaient qu’une seule chose : est-elle vierge ? Elle doit s’enfermer dans une bulle et répondre à leur demande. Cette bulle éclate en 2002, quand l’ex-compagnon de la star, Justin Timberlake sort son single “Cry me a river”, un texte à charge contre Britney Spears, qui l’aurait trompé et brisé le cœur. La jeune fille bien sous tout rapport devient la méchante, la menteuse, la trompeuse. Justin Timberlake s’approprie leur histoire pour se propulser au sommet des ventes. Sa parole est monopolisée devant un monstre géant (les médias) qui ne demandent qu’à se repaître de cette histoire. Britney aura du mal à cacher en interview les dégâts causés par cette rupture. À la sortie du documentaire, Justin Timberlake s’est excusé sur les réseaux sociaux, presque vingt ans après les faits. “Je suis désolé pour ces moments de ma vie où mes actes ont contribué au problème, où j’ai monopolisé la parole, où je ne me suis pas exprimé au nom de ce qui était juste. […] Je sais que je n’ai pas été à la hauteur dans ces moments-là, comme dans beaucoup d’autres et que j’ai bénéficié d’un système qui favorise la misogynie et le racisme." lit-on dans sa lettre, profitant de l’occasion pour s'excuser auprès de Janet Jackson également. On dit qu’il n’est jamais trop tard …
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La réalisatrice donne la parole aux autres relations de la chanteuse. Son ancienne assistante, des recruteuses de talent, même un paparazzi qui l’a suivi pendant de longues années. Tous et toutes mettent en lumière une autre partie de Britney Spears. Nous connaissons la star, adulée puis détestée et moquée. Par leur témoignage, nous découvrons Britney Spears, la femme. Enfant choyée, entourée. Une jeune femme qui se construit tant bien que mal au travers des médias, qui de leur regard, scrute le moindre faux pas, la moindre maladresse. Nous découvrons la pression qu’engendre les paparazzi. Les flash incessants, la proximité qu’ils entretiennent malgré son refus d’être prise en photo. Ils sont là dans tous ses moments de vie, les bons comme les moins bons. Un système qui la phagocyte doucement et l’entraîne dans une spirale infernale.
Un système misogyne
Cette pression a déjà été analysée dans un autre documentaire, d’une autre star des années 2000 : Paris Hilton. This is Paris est sorti sur Youtube en septembre 2020. Un film réalisé à l'initiative de la star, où elle montre un autre pan de sa vie et dévoile un traumatisme de son adolescence. Les deux documentaires sondent le monde dans lequel les deux stars se sont épanouies. Un monde misogyne qu'elles ne peuvent pas contrôler, malgré les apparences. Bien qu’il analyse avec pertinence le système dans lequel a grandi et vécu Britney Spears, on ne peut s’empêcher de voir dans Framing Britney Spears un moyen un peu sensationnaliste de se faire de l’argent sur le dos de la chanteuse. Aucun membre de sa famille n’a accepté les demandes d’interview de l’équipe du film. Britney Spears elle-même n’a pas donné suite (on peut évidemment se demander si elle a pu donner son avis, ou si elle a vraiment su qu'un documentaire se préparait…). Là où This is Paris est effectué avec le consentement de Paris Hilton, Framing Britney Spears ne se départit pas d’un ton spectaculaire pour choquer le spectateur, avide de scandale. Le fait que le documentaire soit en partie produit par le journal “The New York Times” n’est pas anodin au sentiment sensationnaliste qui se dégage de l’ensemble. La star s’est exprimée sur le sujet il y a une semaine, sur son compte Instagram, son seul moyen d’expression. “Je n’ai pas regardé le documentaire, mais de ce que j’en ai vu, j’ai été embarrassée par la lumière qu’ils ont mise sur moi.” Peut-être viendra le jour où Britney Spears pourra s'approprier son histoire et nous la livrer, si l'envie lui en prend.
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Documentaire choc, Framing Britney Spears met en lumière un système profondément misogyne dans lequel la star a dû se débattre durant toute sa carrière. Un monde cruel qui n’a fait que renforcer sa descente aux enfers. Sa vie et sa carrière montrent un nouveau visage aux adolescent‧e‧s d’hier, dont l’achat de Fan 2 magazine était le seul moyen de suivre le moindre mouvement de nos stars préférées, bien avant les réseaux sociaux.
Laura Enjolvy