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[CRITIQUE] : Detention

Réalisateur : John Hsu
Acteurs : Gingle Wang , Fu Meng-Po , Tseng Jing-Hua,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Taïwanais.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Adaptation d'un jeu vidéo de type survival horror développé et édité par Red Candle Games, sorti en 2017. Il se déroule à Taïwan pendant les années 1960, alors que la loi martiale a été promulguée.




Critique :


On le sait tous, et ce n'est un secret pour personne : les adaptations de jeux vidéos sur grand écran sont à 99,9% une catastrophe autant pour les fans que pour ceux ne connaissant ni d'Adam ni d'Eve l'oeuvre originale, tant il est jamais vraiment adéquat d'obtenir l'équilibre parfait entre un fan service conséquent - ou au moins satisfaisant -, et une fidélité un tant soit peu respectueuse d'une intrigue vidéoludique qui perd de sa cohérence/qualité quand on la juxtapose sur des contraintes cinématographiques.
Si quelques-unes ont réussi ce pari pourtant perdu d'avance au fil du temps (Silent Hill de Christophe Gans en tête), gageons qu'il faudra rajouter Detention à la liste, tant la péloche de John Hsu - dont c'est le premier long-métrage - à tout compris à son matériau d'origine, de ses thématiques comme de ses intentions sans pour autant laisser sur le carreau le spectateur lambda, car le film est un vrai bout de cinéma cohérent de bout en bout.

Courtesy of Movie One

Survival horrifique esthètiquement remarquable autant que ghost story old school, le film (adapté donc du jeu qui lui-même s'est inspiré de l'incident du lycée de Keelung en 1947, dans lequel les forces chinoises d'occupation ont brutalisé, arrêté et même assassiné des étudiants soupçonnés de posséder de la littérature interdite) est flanqué au coeur des heures les plus sombres de l'histoire Taïwanaise - le début des années 60 -, époque de la " Terreur Blanche " qui s'étala sur quatre décennies et où la répression et la sédition étaient à leur apogée sanglante.
Négligé par rapport à la révolution culturelle chinoise, cette période a vu des intellectuels se diriger vers la clandestinité ou échanger des textes apparemment anodins dans des clubs de lecture clandestins, là ou les écoles, qui ont toujours équilibrés au mieux l'éveil des esprits curieux et l'assimilation des normes culturelles, sont devenues un champ de bataille pour l'âme d'une nation.
Brouillant adroitement les lignes entre le drame d'époque sauce YA et le thriller historico-surnaturel, le métrage non sans quelques petites imperfections, laisse se percuter les croyances religieuses et une terreur bien réelle dans une atmosphère furieusement mélancolique au message plein d'espoir sur notre manière de vaincre le facisme - comme Le Labyrinthe de Pan.

Courtesy of Movie One

À son meilleur, Detention, qui simplifie justement la narration complexe du jeu, est une fable politico-macabre émouvante façon film de monstres offrant un retour nostalgique en arrière à l'ère du grand boom de l'horreur asiatique débarquant dans l'hexagone à l'aube des années 2000 (dans leurs qualités comme leurs menus défauts); une adaptation incarnant même une réinvention passionnante des histoires de fantômes emblématiques qui l'ont précédé, saupoudré d'un courant politique anti-autoritaire rafraîchissant, qui semble plus d'actualité que jamais.
Une excellente surprise.


Jonathan Chevrier

 


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