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[CRITIQUE] : La Voix Humaine

Réalisateur : Pedro Almodóvar
Avec : Tilda Swinton
Distributeur : Pathé Films
Budget : -
Genre : Drame, Expérimental.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 0h29min

Synopsis :
Une femme regarde le temps passer à côté des valises de son ex-amant (qui est censé venir les chercher, mais n'arrive jamais) et d'un chien agité qui ne comprend pas que son maître l'ait abandonné. Deux êtres vivants face à l'abandon.




Critique :


Férocement imprégné des thèmes et des fascinations chères du si precieux cinéaste espagnol qu'il, la première œuvre en langue anglaise de Pedro Almodóvar, La Voix Humaine est un court-métrage électrisant d'à peine une demi-heure mettant en vedette la caméléonique comédienne britannique Tilda Swinton, qui est comme un poisson dans l'eau chez cet amoureux des femmes.
Pour sa dernière escapade, douloureusement condensée pour les amoureux du bonhomme, a nouveau centré sur femme magnétique au bord du gouffre, le maître espagnol a remodelé la pièce éponyme de Jean Cocteau dans une sorte de méta-concoction totalement vissée sur le monologue entêtant de Swinton, littéralement à tomber.
Labyrinthe verbal fascinant dressant une carte précise des mensonges, arrangements et autres promesses non tenues d'une relation secrète, le court résonne presque comme une continuité naturelle de Femmes au bord de la crise de nerfs (ou Swinton serait une soeur de la passionnée Pepa Marcos de Carmen Maura), avec son héroïne/muse dévoilant un canevas émotionnel délicat, entre une force de conviction cathartique et une fragilité docile face à la dépendance affective de l'autre.


Copyright Iglesias Mas

Avec sa mise en scène faussement rustique mais réellement maitrisée (il a un contrôle total de la moindre parcelle de son décor, de son sujet, des émotions de son sujet, et ne tarde jamais à pointer du doigt son artificialité...), Almodóvar croque un conte théâtral douloureux sur une femme désespérée dont la chute est déchirante mais constamment digne, car si le cinéaste a beau se délecter de sa souffrance, ce n'est pas par sadisme mais dans l'idée percutante qu'il y a toujours quelque chose de magnifique dans toutes les grandes émotions, même celles qui se greffent à la douleur.
Se laisser enivrer par un nouveau poème d'Almodóvar, c'est un peu comme goûter à nouveau à un plat que l'on affectionne, certes le goût a beau nous paraître familier (le cinéaste revisite son cinéma mais sans jamais vraiment se répéter), il n'en reste pas moins réconfortant, encore plus quand y incorpore un nouvel ingrédient qui ne fait que réhausser ce que l'on adorait déjà.
Chaque minutes de La Voix Humaine vaut de l'or, et on attend avec impatience son retour... cette fois dans les salles obscures.


Jonathan Chevrier


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