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[CRITIQUE] : Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste !

Réalisatrice/Réalisateur : Marie Portalano et Guillaume Priou
Avec : -
Distributeur : Canal +
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h16min

Synopsis :
Journaliste sportive et présentatrice de télévision, Marie Portolano a été à de nombreuses reprises victime de sexisme. Elle a voulu savoir si ses consœurs vivaient le même malaise, et comment elles le surmontaient. Elle donne la parole à une vingtaine d'entre elles dont Laurie Delhostal, Estelle Denis, Nathalie Iannetta ou Isabelle Ithurburu.


Critique :



Tous les documentaires sportifs ne sont pas des éloges de sportifs/sportives plus ou moins enthousiastes, ni des plongées au coeur d'efforts reprenant sensiblement la gimmick des Yeux dans les Bleus, et Canal + à le mérite de le démontrer assez souvent sur sa propre chaîne, que ce soit quand elle traîte justement de racisme (Je ne suis pas un singe de Marc Sauvourel et Olivier Dacourt), ou plus rarement, de la misogynie au sein de la télévision, et plus directement du milieu de la télévision sportive.
Réalisé par Marie Portolano, qui vient de quitter la chaîne cryptée pour rejoindre M6 - hasard ou non -, et Guillaume Priou, Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste ! fut diffusé ce dimanche à 18 heures sur Canal +, et il incarne un documentaire furieusement nécessaire et réussi, ou Marie Portolano donne la parole à plusieurs consoeurs sur le poids des violences sexistes dans leur milieu, dont l'isolement et l'oubli volontaire est si vite et aisément orchestré.

 [Canal+]

Au-delà de son titre provocateur (il en fallait un pour que, justement, le film fasse son boucan et libère les paroles), le documentaire dépeint avec profondeur, sincérité et émotion, les arcanes effarante et révoltante d'une vérité jusqu'ici cachée (même si nous ne sommes pas dupes, en tant que simples spectateurs, sur la mysoginie qui règne sur le medium), ou une poignée de femmes vivent littéralement l'enfer - encore aujourd'hui - pour vivre de leur passion et faire tout simplement leur métier; une souffrance qui existe réellement, et qui doit d'être révélée d'autant plus que les visages féminins commencent, doucement mais sûrement, à se faire plus présent à l'antenne.
Loin de l'enquête ciblée digne d'une émission volontairement racoleuse - ou d'une chasse aux sorcières organisée -, le documentaire se focalise uniquement (avec seulement quelques images d'archives, ce qui rend son message d'autant plus fort) sur ses intervenantes et les messages qu'il a recueilli (de Nathalie Ianetta, Estelle Denis, Isabelle Ithurburu, Charlotte Namura, Clémentine Sarlat,...), pour dresser un constat aussi fort et énervé que juste d'un univers régit par une culture de rabaissement régressive et aberrante nourrit par les insinuations - banalisées - physiques (les compétences étant même souvent reliés au physique justement) et sexuelles voire même plus loin, aux agressions sexuelles et morales.
Elles expriment toutes une impuissance décourageante face à une objectification forcée et une impunité qui s'étend même jusque dans le rapport aux spectateurs, puisque cette mysoginie est véhiculée au quotidien dans des flots d'insultes - quasi-intégralement masculines - sur les réseaux sociaux.

 [Canal+]

Si l'on pourra trouver dommage que le documentaire ne se cantonne qu'à la presse télévisée (alors que la presse écrite doit connaître autant d'histoires terribles), ou même gerbant que Canal + elle-même ait préventivement supprimé le témoignage de Pierre Menés (presque dédouaner le lendemain dans l'émission poubelle maison, TPMP), Je ne suis pas une salope, Je suis une Journaliste ! est un brillant, courageux et vibrant cri de ralliement nécessaire qui réussit parfaitement sa mission : éclairer le public mais surtout laisser la parole aux journalistes sportives pour raconter toute leur vérité et démontrer qu'une femme, malgré toutes les difficultés et les bâtons dans les roues qu'on lui assène quotidiennement, peut réussir dans ce métier.
Leur parole est enfin écoutée, non décrédibilisée - que ce soit par leur propre employeur ou autres - mais surtout mise en avant (et potentiellement en tant que modèles pour demain, pour toutes ses femmes voulant se lancer dans le métier), et il était temps...


Jonathan Chevrier


 

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