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[CRITIQUE] : Cherry


Réalisateurs : Anthony et Joe Russo
Avec :  Tom Holland, Ciara Bravo, Bill Skarsgård, Jack Reynor,...
Distributeur : Apple TV + France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h21min

Synopsis :
Un aide-soignant militaire est de retour de la guerre en Irak. Atteint de stress post-traumatique, il se met à braquer des banques pour financer sa dépendance aux opiacés.



Critique :


Dans la culture populaire contemporaine, le syndrome post-traumatique - et la dépendance aux drogues/médicaments qu'il amène trop souvent avec lui -, est très souvent associé à l'armée voire même plus directement, à l'occupation en Afghanistan de l'armée américaine et au conflit irakien.
Il n'y a donc rien de bien étonnant à découvrir un récit sur le sujet, et encore plus sur un vétéran devenu junkie à la suite de l'horreur inhumaine qu'il a vécu.
Ce qui, au demeurant, n'enlève résolument pas la puissance ni la pertinence du roman confessionnel et semi-autobiographique du vétéran de guerre décoré et ex-détenu Nico Walker (adapté par le tandem de scénaristes Angela Russo-Otstot et Jessica Goldberg), qui sert de sujet au nouveau long-métrage des frangins Anthony et Joe Russo, débarrassé (enfin, pour un temps) du MCU et du luxe des blockbusters.
Dominé avec prestance par Tom Holland, le film suit donc les aléas douloureux de Cherry, qui prend une décision clé et proprement stupide - parce que prise sur un simple coup de tête et non réfléchie - après s'être fait largué (temporairement finalement) par sa copine à l'université : rejoindre l'armée en tant qu'aide-soignant.

Copyright AGBO

Son déploiement en Irak au milieu des années 2000 (incarnant mélange frustrant et terrifiant d'incapacité à pouvoir aider les habitants et de traumatisme lié aux moments marquants qu'il vivra, faisant du personnage un être brutalisé autant qu'il brutalise lui-même) le laisse avec un TSPT mignon, qui ne se développera pleinement qu'à son retour dans une combinaison de cauchemars chroniques, de drogues et de pilules sur ordonnance.
De vrais tremplins pour son destin inéluctable de braqueur de banques pour payer sa prochaine dose (ici des opioïdes), le faisant tomber de plus en plus profondément dans la dépendance et les problèmes...
Dans sa représentation crue d'un désastre personnel (ou le côté " post " du syndrome post-traumatique devrait plutôt s'appeler continu), Cherry est aussi juste et intime que profondément expéditive (malgré ses 2h21 au compteur) et prévisible.
Cochant scrupuleusement toutes les cases de cette chute annoncée et inévitable d'un étudiant bosseur devenu un zombie désespéré puis un braqueur condamné (quitte à les aborder le plus brièvement possible), la péloche croule sous les références, que ce soit lorsqu'elle s'aventure sur le terrain sinueux du film de guerre (entre Jarhead et Full Metal Jacket, dans son jonglage entre formation et jetée dans le ventre de la bête qu'incarne la guerre) ou qu'elle plonge tête la première dans une autodestruction macabre en convoquant directement (volontairement ou non) le bijou noir Requiem For A Dream d'Aronofsky (voire même les séquences surréalistes du Drugstore Cowboy de Gus Van Sant, voix-off consciente et Scorsesienne en prime).
Ce qui ne l'empêche pas pour autant de manquer de créativité, d'autant plus que l'on n'avait plus vu les Russo jouer aussi bien la carte du cadre intime depuis la série Community - soit très longtemps -, sans jamais tomber dans le piège de la tragédie académique vissée sur une âme au déclin intelligemment tracé.

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Le souci n'étant pas que Cherry vise le drame à petite échelle sur un désordre continu, ce qu'il incarne à la perfection (malgré un final facile façon quête rédemptrice un poil toqué), bien aidé par la partition A-List et féroce de Tom Holland (la prestation de Jack Reynor est aussi à noté, dans la peau du dealer/chauffeur de braquages Pills), mais bien que ce qu'il compte, malgré lui, est une histoire sans la moindre surprise, d'autant plus que le chemin est balisé par le parti pris défini par ses metteurs en scènes - toute l'histoire est articulée comme un flashback, divisé en plusieurs chapitres consciemment lourds.
Reste que ce n'est parce que nous avons vu ce genre de chronique une bonne dizaine (centaine ?) de fois auparavant, quelle n'en reste pas moins pointue, poignante et prenante... et Cherry l'est.


Jonathan Chevrier





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