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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #138. Remo Williams : The Adventure Begins

© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#138. Remo sans arme et dangereux de Guy Hamilton (1985)

Parfois, sans véritable raison apparente, il y a des " mauvais films " (et encore, cela reste un terme plus que fluctuant selon les avis) qui nous marquent et laissent une marque jouissivement indélébile dans notre psyché de cinéphiles plus où moins endurcis.
C'est plus fort que nous et s'en est même franchement inexplicable, mais on aime certains " mauvais films " (une fois encore, les guillemets sont importants), que ce soit pour une poignée de scènes, un ou plusieurs personnages/comédiens voire même tout simplement pour le souvenir que peut susciter sa vision.
Le merveilleusement régressif Remo sans arme et dangereux est clairement de ces péloches-là, de ces films découvert à l'improviste sur une VHS (chose qui est totalement impossible aujourd'hui, entre la mort consommée des vidéoclubs et la diffusion lisse et répétitive des diffuseurs hexagonaux), que l'on a clairement honte d'aimer - une chance quand ce sont des films vraiment rares à trouver -, mais que l'on ne peut pourtant s'empêcher de mater à l'occasion, quand la douloureuse mélancolie du passé vient pointer le bout de son nez.

© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Annonçant la couleur dès son titre original un poil ambitieux (Remo Williams : The Adventure Begins, alors qu'il ne connaîtra finalement aucune suite), sorte d'adaptation irrévérencieuse et avant l'heure de Mission : Impossible qui se serait accouplé avec la saga James Bond et Karaté Kid en chemin, le film de Guy Hamilton (quatre films 007 à son actif), aujourd'hui infaisable sur de nombreux points (plus personne ne tolérerait que l'excellent Joel Grey grime un vieux mi-sage, mi-cynique asiatique, un choix maladroitement raciste), se voulait comme une wannabe franchise d'action porté par un comédien loin d'être bankable (mais génial) Fred Ward, et suivait les aléas de Remo Williams, simple flic de NY laissé pour mort après un règlement de compte dans les docks.
Contre toute attente, le bonhomme survit et est engagé par une organisation gouvernementale secrète (avec pour seul et unique boss le président des États-Unis), qui va tout faire pour qu'il devienne un agent ultime, même le placer sous la tutelle experte du sensei délirant Chiun, qui lui enseigne un art martial coréen : le Sinanju...
Aussi profond qu'un verre d'eau et fin qu'un pet gras, Remo Williams est la quintessence de la série B américaine décomplexée des 80's, dans ses qualités comme dans ses défauts : volontairement régressive, riche en action (fluide et spectaculaire) et en humour - souvent en-dessous de la ceinture -, pas dénué d'ambition (notamment une course-poursuite impressionnante sur des échafaudages autour de la Statue de la Liberté) et même d'une fantaisie cartoonesque (éviter les balles avec classe, courir tellement vite que l'on peut... voler), férocement patriotique et scénaristiquement légère,...

© Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Le tout pimenté par un casting de vraies gueules familières, un score pétaradant et, pour nous, un doublage badass (Yves Rénier ce génie).
Tourné comme un Bond par Hamilton, plutôt à l'aise quand il arpente la frontière du buddy movie (le tandem Ward/Grey est fantastique), moins quand il a son popotin coincé entre la satire du film d'espionnage et des films d'arts martiaux qui pullulaient à l'époque (coucou la Cannon), le film aurait sans doute mérité à tomber encore plus dans l'océan du second degré, pour marquer les mémoires - autres que celles des nostalgiques des 80's.
Shane Black était un temps rattaché à son projet remake en 2014, il serait peut-être temps de laisser une seconde chance à Remo... vraiment.


Jonathan Chevrier