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[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #20. Un homme et une femme

Copyright LES FILMS 13 / COLLECTION CHRISTOPHEL

Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !


#20. Un Homme et Une Femme de Claude Lelouch (1966)

Claude Lelouch est une figure sensiblement à part dans le septième art hexagonal, pas totalement adoubé par ses pairs - malgré de grands films reconnus -, n'appartenant pas spécialement à un mouvement créatif particulier (il a pourtant émergé en pleine Nouvelle Vague, certes au creux de la vague mais tout de même) tout en entretenant une relation compliqué avec les spectateurs (il a un nombre équivalent de triomphes et de bides conséquents dans les salles), qui n'ont plus vraiment soutenus ses efforts passé le difficile cap des années 90.
Pourtant, comme dit plus haut, sa caméra à su souvent tutoyer la grâce des Dieux du cinéma et créer des expériences cinématographiques à part, tel Un homme et une femme, chef-d'oeuvre révolutionnaire et intemporel immortalisant le vagabondage merveilleux du couple Trintignant/Aimée sur les plages interminables et envoûtantes de Deauville.

Copyright LES FILMS 13 / COLLECTION CHRISTOPHEL

D'une simplicité qui n'a d'égale que sa maîtrise proprement indécente (un travail de montage et de découpage absolument incroyable, couplé à un sens du cadre affûté), visant l'épure jusqu'à son paroxysme pour mieux déceler la vérité des mots et des regards, totalement vissé sur ses interprètes dont il boit et sublime les gestes avec gourmandise; Un homme et une femme est aussi léger que son titre le laisse supposer, tant on y suit deux âmes veuves et ordinaires tombent folles amoureuses l'une de l'autre.
Lui est un pilote de course séducteur et rassurant, elle est une script-girl timide et amusée, tous deux se rejoignant autant dans le désir de fusionner avec l'autre que dans la difficulté de vivre au jour le jour, avec un passé tragique (leurs anciens conjoints sont morts)
Jouant constamment sur les parallèles et les contrastes (passé/présent, elle/lui, la vitesse/la lente contemplation, la couleur/le noir et blanc, enthousiasme/frustration,...), mêlant souvenir et instants au présent avec une fluidité rare, Lelouch tourne son film comme l'amour fait vivre toute existante : à 100 à l'heure et au ralenti, posé tout en etant constamment en mouvement, rationnel tout en étant irrationnel,...
Il laisse la poésie de la vie parler à travers sa caméra, lâche suffisamment du lest pour que ses acteurs, qu'ils laissent improviser, rendent fluide leurs échanges et regards, à tel point que leur alchimie étincelante et parfaite devient plus évidente que l'évidence elle-même : ils s'aiment pour de vrai (la scène du restaurant, avec les regards solaires et pétillants d'Anouk Aimée, laissent une impression de vérité et de vertige qui valent tous les mots).

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Aussi idéaliste et fantasmé (les métiers furieusement cinégeniques de ses personnages, une surprésence musicale venant ponctuer tous les événements importants de son roman-photo sur pellicule) qu'il est réaliste (chaque dialogue à la fois dénué de sens et significatif, superficiel et profond, n'est que la mise en images de ce que l'on vit tous), évoquant la passion amoureuse au travers de ses prismes les plus tragiques (l’absence, le deuil, la frustration et la séparation) et du jeu merveilleux de ses interprètes, Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée (son jeu tout en nuance et sa beauté feline illumine l'écran là ou la virile mais tendre maladresse de son partenaire, éperdument amoureux lui aussi, fini d'achever nos coeurs si fragiles).
Monument absolu (la trilogie des Before de Richard Linklater lui doit beaucoup), capturé à une époque désormais révolue (ce qui renforce complétement la mélancolie qui l'habite), langoureux comme un chuchotement, lumineux comme un automne normand; Un homme et une femme est une balade sentimentale et lyrique au romantisme fougueux, tout en sentiment et en ressenti, à peine entaché par sa première suite (Un homme et une femme : Vingt ans déjà), mais définitivement sublimé par sa seconde (Les Plus Belles Années d'une vie).


Jonathan Chevrier


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