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[CRITIQUE] : Minuit dans l’univers


Réalisateur : George Clooney
Avec : George Clooney, Felicity Jones, David Oyelowo, Kyle Chandler, Tiffany Boone, Demian Bichir,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Dans ce film post-apocalyptique, Augustine, scientifique solitaire basé en Arctique, tente l’impossible pour empêcher l'astronaute Sully et son équipage de rentrer sur Terre. Car il sait qu’une mystérieuse catastrophe planétaire est imminente…

Inspiré du roman éponyme de Lily Brooks-Dalton, plébiscité par la critique.



Critique :


Quoiqu'en diront certains, George Clooney est l'un des comédiens les plus captivants à suivre de sa génération, l'une des dernières vraies stars traditionnelles dans un Hollywood ou elles semblent cruellement en voie d'extinction.
Suave, charismatique et toujours (vraiment toujours) convaincant, le bonhomme s'échine constamment à relever les défis de ses collaborateurs de choix (les frangins Coen, Steven Soderbergh, Jodie Foster,...), à relever le niveau de péloches qui ne seraient sans doute pas aussi recommandable sans lui et, cerise sur le gâteau, il donne même l'impression que Nespresso est un bon choix pour ce gaver de café.
Le Clooney cinéaste en revanche, c'est une toute autre histoire tant il oscille entre l'exceptionnel (Good Night et Good Luck, Les Marches du Pouvoir), le divertissant (Confessions of a Dangerous Mind) et le passable (tout le reste), catégorie dans laquelle se logera douloureusement son dernier effort, The Midnight Sky - Minuit dans l'univers par chez nous -, symptomatique de son pendant en tant que réalisateur : une péloche débordant d'ambitions mais plombé par sa quête infructueuse de vision, de profondeur et d'imagination.

Copyright Philippe Antonello/NETFLIX

Adaptation luxueuse du roman de Lily Brooks-Dalton Good Morning, Midnight, constamment le fessier coincé entre le mélodrame apocalyptico-écologique frustrant et le thriller polaire/spatial survivaliste et grave - avec une pointe de quête rédemptrice -, le film nous catapulte au coeur d'une planète terre à son crépuscule (on ne sait pas vraiment la cause, mais cela implique une contamination massive de l'air, une mission de sauvetage mondiale bâclée qui a condamné la majeure partie de l'humanité, et quasiment plus nulle part où se cacher pour survivre).
Alors que le peu d'âmes restantes de la planète cherchent un abri temporaire sous terre dans un espoir chimérique de résister à l'inéluctable, le scientifique bourru Augustine (qui a consacré sa vie à regarder les étoiles pour déceler la signification de l'univers) décide lui de passer le reste de ses jours dans un avant-poste éloigné de l'Arctique, où il est en poste depuis des lustres (il est d'ailleurs inexplicablement flanquée d'une petite fille muette qui a décidé qu'elle était plus en sécurité dans l'Arctique qu'à bord du dernier hélicoptère avec sa mère scientifique).
Mais juste au moment où il est prêt à tout abandonner, il remarque que le vaisseau spatial Aether revient sur Terre, après avoir réussi à trouver un nouveau monde habitable dans les marges de l'univers - une lune en orbite autour de Jupiter -; le hic, c'est que si Aether atterrit sur notre orbite, l'ultime espoir de survie de l'humanité sera voué à l'échec.
Ainsi commence alors une course désespérée pour avertir l'équipage de l'Éther, ignorant que la planète qui est la leur ne peut plus les accueillir, avant qu'il ne soit trop tard...
Plus Solaris que Gravity (deux exemples loin d'être anodin, tant Clooney semble reprendre ce qu'il a apprit sur ses deux films), tout autant qu'il taquine l'austérité hypnotique du All is Lost de J.C. Chandor (voire de l'isolement paranoïaque du The Thing de John Carpenter), The Midnight Sky est un double récit de survie - les astronautes en orbite vs les survivants au sol - qui peine à totalement faire corps; deux aventures parallèles (comme pour Bienvenue à Suburbicon, en résolument moins catastrophique) qui trimballent leurs propres bagages narratifs imposants tout en peinant à concrètement fusionner vers quelque chose de plus significatif et impactant (même s'il y a un contraste saisissant entre le désir de s'accrocher à la vie d'un côté, et le découragement désespéré de l'autre), malgré leurs familiarités évidente (une partie des persos dans les airs, l'autre au sol missionnée pour les sauver).

Copyright Philippe Antonello/NETFLIX

Mal rythmés (flashbacks plus ou moins importants alimentant la culpabilité de son héros, va-et-vient incessants entre les deux camps,...) et à l'intention totalement déséquilibrée (Clooney est plus intéressé par l'intrigue qui le concerne que l'autre, et cela se sent), tout en reposant maladroitement sur un développement scénaristique clé en fin de parcours, et une absence totale de profondeur côté personnage - sauf celui d'Augustine évidemment -; les deux récits arrivent pourtant à se répondre dans la tragédie d'une sorte d'espace-temps troublé et troublant (la nuit est constante et interminable/pas de jour dans l'espace), ou les corps subissent et se plient (physiquement et psychologiquement, notamment dans le périple sous la neige so " The Revenant " d'Augustine et de la petite fille), sous les sonorités surmenées et électroniques d'un Alexandre Desplat qui lui aussi, peine à susciter de l'émotion.
Fable glaciale, mélancolique et techniquement sophistiquée (soutenue par une photographie majestueuse de Martin Ruhe) sur l'extinction de l'humanité (un effritement climatique de mère nature, qui n'est pas sans rappeler Interstellar) et la solitude qui dévore, aux vraies allures d'OFNI lugubre et doux-amer; Minuit dans l'univers, porté à bout de bras par Clooney (plus inspiré/habité devant que derrière la caméra, tant la désolation du monde lui fait retrouver un jeu merveilleusement épuré), est une épopée intime contemplative sans doute trop ambitieuse pour son bien (et aux élans mélodramatiques trop appuyés pour toucher), même si elle 
nous asséne pourtant une vérité effrayante et implacable : si notre situation actuelle est critique, le pire est peut-être devant nous...


Jonathan Chevrier




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