[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #16. Like Crazy
Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#16. À la Folie de Drake Doremus (2011)
Il y a quelque chose d'infiniment frustrant dans la manière qu'ont nos distributeurs hexagonaux de gentiment boycotter le cinéma certes peu commercial mais foutrement brillant, de Drake Doremus, qui incarne - et de loin - ce qu'il est arrivé de mieux au genre romantique depuis Richard Linklater et la trilogie des Before.
Esthète du sentiment amoureux qui décortique la notion de couple sous toutes ses coutures, le bonhomme s'était présenté aux cinéphiles hexagonaux avec ce qui est son plus bel effort, Like Crazy, étude observationnelle sur les arcanes intimes et rugueuses d'une relation passionnée mais condamnée, qui n'est pas sans rappeler la vérité crue du Blue Valentine de Derek Cianfrance.
Soit Jacob et Anna, deux jeunes étudiants vivant à Los Angeles qui tombent immédiatement et intensément amoureux l'un de l'autre.
Anna, une étudiante en journalisme venant tout droit de Londres, laisse une note d'affection sur la voiture de Jacob, futur fabriquant de meubles, avant même qu'ils ne partent pour leur doux premier rendez-vous.
Quelques conversations anodines plus tard, ils se regardent langoureusement dans les yeux tout en écoutant " Graceland " de Paul Simon dans sa chambre, scellant dès lors une attirance qui va bien au-delà que le simple coup de coeur.
Leur amour est naissant et réel, Jacob rencontre et charme instantanément les parents d'Anna avant que plus tard, ils s'enfuient dans leur antre intérieur et se murmurent des mots doux sous les couvertures.
Les jours sont heureux et ensoleillés, l'optimiste est au beau fixe et les deux ne vivent que pour être avec l'autre, comme si rien d'autre ne comptait.
Puis les complications commencent : le visa d'Anna expire bientôt, et l'échéance imminente remet totalement en question leur avenir en commun.
Sur un coup de tête, elle décide de violer la date d'expiration et de rester tout l'été avec lui; une décision fougueuse comme la jeunesse amoureuse peut l'être, mais qui va appeler des conséquences dévastatrices.
Ayant prolongé son séjour aux États-Unis, elle complique par inadvertance leurs perspectives d'avenir : lorsqu'elle essaie de rendre visite à Jacob, les responsables de l'aéroport la renvoient chez elle à Londres, et la question loin d'être pratique du décalage horaire, commence à avoir un impact négatif sur la durabilité/stabilité de leur communication.
Débarquant peu après à Londres, non sans une légère pause qui aurait pu leur être fatale, Jacob se rend à Londres et le couple commence enfin à réfléchir à ses options : ils décident de sauter le pas et de se marier, une option renforçant autant leur amour qu'elle creuse la tension émotionnelle qui les tiraille...
S'amusant habilement sur plusieurs années, à étirer les joies et douleurs d'une relation transcontinentale difficile, tout en faisant preuve d'un équilibre impressionnant dans son mélange entre un romantisme sincère et naïf, et une sagesse douce-amère et clinique; Like Crazy est surtout un miracle de compression narrative, tant en un tout petit peu plus d'une heure trente, Drake Doremus semble tout dire de l'amour, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés.
Laissant de côté, tout comme la trilogie des Before (avec qui elle partage aussi un magnifique sens du cadre), quasiment tout ce qu'une romance plus traditionnelle mettrait en évidence (le premier baiser, les déclarations poétiques d'amour, le sexe, les engueulades,...), l'histoire s'attarde tendrement et subtilement dans les plaisirs simples de voir deux personnages complexes (parce que psychologiquement magnifiquement fouillés) et empathiques tomber amoureux, avant de laisser planer le doute quant à leurs intentions : se battent-ils pour sauver un amour unique et inextinguible par volonté, ou par nostalgie.
Rythmé au cordeau tout en étant d'une fluidité folle, alignant les sauts dans le temps, les morceaux de vies expéditifs et les dialogues décontextualisés (ou encore les ruptures/réconciliations hors caméra, les messages sérieux qui arrivent toujours aux pires moments possibles,...), tout en réussissant à se prélasser dans les silences tendres et maladroits d'un amour juvénile qui se cherche, le film ne contient aucun détail superflu et fait preuve d'un naturel si confondant qu'il laisse souvent l'impression persistante, que rien n'a été scénarisé et que tout se passe réellement sous nos yeux.
Parfaitement assortis en tant qu'acteurs, avec un temps d'écran égal à chacun - si rare pour être noté -, Felicity Jones et feu le regretté Anton Yelchin parviennent à retranscrire toute la sensibilité et l'ambiguïté discrète qui animent leurs personnages (de la tendresse à la détresse en passant par l'enthousiasme et la rancune), même si le personnage de Jennifer Lawrence s'avère in fine le plus déchirant du film (une poignée de scènes clés, où elle prend conscience qu'elle ne sera jamais aimé par Jacob/Yelchin).
Si lui est d'une vulnérabilité naturelle qui puise dans la nature fragile de son personnage elle, exhale de façon crédible dans une douce naïveté teinté d'une pointe de gravité; ensemble, ils créent et partagent une alchimie indélébile et profondément réaliste, même lorsque l'intrigue serpente et devient parfois répétitive et prévisible lorsque leur connexion commence à s'effilocher.
Ils sont le coeur vibrant de ce sommet de péloche romantique modeste, humble et mélancolique, une bulle de réalisme délicate, dure et imparfaite... comme l'amour.
Jonathan Chevrier
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#16. À la Folie de Drake Doremus (2011)
Il y a quelque chose d'infiniment frustrant dans la manière qu'ont nos distributeurs hexagonaux de gentiment boycotter le cinéma certes peu commercial mais foutrement brillant, de Drake Doremus, qui incarne - et de loin - ce qu'il est arrivé de mieux au genre romantique depuis Richard Linklater et la trilogie des Before.
Esthète du sentiment amoureux qui décortique la notion de couple sous toutes ses coutures, le bonhomme s'était présenté aux cinéphiles hexagonaux avec ce qui est son plus bel effort, Like Crazy, étude observationnelle sur les arcanes intimes et rugueuses d'une relation passionnée mais condamnée, qui n'est pas sans rappeler la vérité crue du Blue Valentine de Derek Cianfrance.
Soit Jacob et Anna, deux jeunes étudiants vivant à Los Angeles qui tombent immédiatement et intensément amoureux l'un de l'autre.
Anna, une étudiante en journalisme venant tout droit de Londres, laisse une note d'affection sur la voiture de Jacob, futur fabriquant de meubles, avant même qu'ils ne partent pour leur doux premier rendez-vous.
Copyright Paramount Pictures |
Quelques conversations anodines plus tard, ils se regardent langoureusement dans les yeux tout en écoutant " Graceland " de Paul Simon dans sa chambre, scellant dès lors une attirance qui va bien au-delà que le simple coup de coeur.
Leur amour est naissant et réel, Jacob rencontre et charme instantanément les parents d'Anna avant que plus tard, ils s'enfuient dans leur antre intérieur et se murmurent des mots doux sous les couvertures.
Les jours sont heureux et ensoleillés, l'optimiste est au beau fixe et les deux ne vivent que pour être avec l'autre, comme si rien d'autre ne comptait.
Puis les complications commencent : le visa d'Anna expire bientôt, et l'échéance imminente remet totalement en question leur avenir en commun.
Sur un coup de tête, elle décide de violer la date d'expiration et de rester tout l'été avec lui; une décision fougueuse comme la jeunesse amoureuse peut l'être, mais qui va appeler des conséquences dévastatrices.
Ayant prolongé son séjour aux États-Unis, elle complique par inadvertance leurs perspectives d'avenir : lorsqu'elle essaie de rendre visite à Jacob, les responsables de l'aéroport la renvoient chez elle à Londres, et la question loin d'être pratique du décalage horaire, commence à avoir un impact négatif sur la durabilité/stabilité de leur communication.
Débarquant peu après à Londres, non sans une légère pause qui aurait pu leur être fatale, Jacob se rend à Londres et le couple commence enfin à réfléchir à ses options : ils décident de sauter le pas et de se marier, une option renforçant autant leur amour qu'elle creuse la tension émotionnelle qui les tiraille...
Copyright Paramount Pictures |
S'amusant habilement sur plusieurs années, à étirer les joies et douleurs d'une relation transcontinentale difficile, tout en faisant preuve d'un équilibre impressionnant dans son mélange entre un romantisme sincère et naïf, et une sagesse douce-amère et clinique; Like Crazy est surtout un miracle de compression narrative, tant en un tout petit peu plus d'une heure trente, Drake Doremus semble tout dire de l'amour, dans ses bons comme dans ses mauvais côtés.
Laissant de côté, tout comme la trilogie des Before (avec qui elle partage aussi un magnifique sens du cadre), quasiment tout ce qu'une romance plus traditionnelle mettrait en évidence (le premier baiser, les déclarations poétiques d'amour, le sexe, les engueulades,...), l'histoire s'attarde tendrement et subtilement dans les plaisirs simples de voir deux personnages complexes (parce que psychologiquement magnifiquement fouillés) et empathiques tomber amoureux, avant de laisser planer le doute quant à leurs intentions : se battent-ils pour sauver un amour unique et inextinguible par volonté, ou par nostalgie.
Rythmé au cordeau tout en étant d'une fluidité folle, alignant les sauts dans le temps, les morceaux de vies expéditifs et les dialogues décontextualisés (ou encore les ruptures/réconciliations hors caméra, les messages sérieux qui arrivent toujours aux pires moments possibles,...), tout en réussissant à se prélasser dans les silences tendres et maladroits d'un amour juvénile qui se cherche, le film ne contient aucun détail superflu et fait preuve d'un naturel si confondant qu'il laisse souvent l'impression persistante, que rien n'a été scénarisé et que tout se passe réellement sous nos yeux.
Copyright Paramount Pictures |
Parfaitement assortis en tant qu'acteurs, avec un temps d'écran égal à chacun - si rare pour être noté -, Felicity Jones et feu le regretté Anton Yelchin parviennent à retranscrire toute la sensibilité et l'ambiguïté discrète qui animent leurs personnages (de la tendresse à la détresse en passant par l'enthousiasme et la rancune), même si le personnage de Jennifer Lawrence s'avère in fine le plus déchirant du film (une poignée de scènes clés, où elle prend conscience qu'elle ne sera jamais aimé par Jacob/Yelchin).
Si lui est d'une vulnérabilité naturelle qui puise dans la nature fragile de son personnage elle, exhale de façon crédible dans une douce naïveté teinté d'une pointe de gravité; ensemble, ils créent et partagent une alchimie indélébile et profondément réaliste, même lorsque l'intrigue serpente et devient parfois répétitive et prévisible lorsque leur connexion commence à s'effilocher.
Ils sont le coeur vibrant de ce sommet de péloche romantique modeste, humble et mélancolique, une bulle de réalisme délicate, dure et imparfaite... comme l'amour.
Jonathan Chevrier