[CRITIQUE] : Antoinette dans les Cévennes

Réalisatrice : Caroline Vignal
Acteurs : Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte, Denis Mpunga,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Des mois qu’Antoinette attend l’été et la promesse d’une semaine en amoureux avec son amant, Vladimir. Alors quand celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette ne réfléchit pas longtemps : elle part sur ses traces ! Mais à son arrivée, point de Vladimir - seulement Patrick, un âne récalcitrant qui va l'accompagner dans son singulier périple…



Critique :

#AntoinettedanslesCévennes est une excellente comédie parce qu’elle s’amuse de ses péripéties, Caroline Vignal croquant un perso touchant dans sa maladresse, une héroïne de romcom qui finit par s’émanciper de ces codes et incarné à la perfection par Laure Calamy. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/6JBBOjYsff

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) September 2, 2020

Caroline Vignal signe la comédie légère de la compétition du Festival du Film Francophone D’Angoulême, nous emmenant sur le chemin de randonnée de Stevenson dans les Cévennes.

Copyright Julien Panié / CHAPKA FILMS / LA FILMERIE / FRANCE 3 CINEMA

La cinéaste n’avait plus réalisé depuis Les autres filles en 2000. Devenue scénariste depuis, pour la télévision et le cinéma, elle revient derrière une caméra avec Antoinette dans les Cévennes, un récit qui s’inspire de sa propre expérience de randonnée dans les magnifiques paysages des Cévennes. Elle offre son premier rôle à Laure Calamy, que l’on connaît tous via la série française Dix Pour Cent, qui a depuis enchaîné de très bons seconds rôles au cinéma. Antoinette est une sorte de Bridget Jones française, un personnage pathétique mais terriblement touchant dans sa maladresse. Amoureuse transie d’un homme marié (Benjamin Lavernhe), elle va le poursuivre en randonnée dans ce qu’elle pense être une aventure follement romantique et excitante.

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Antoinette est institutrice. Pour la kermesse de fin d’année, elle monte une chorale avec ses élèves où elle se met aussi dans la lumière avec une robe de soirée argentée, détonnant dans cette atmosphère enfantine. Elle sort avec un père d’une de ses élèves, marié. Elle attend les vacances avec impatience parce qu’ils ont prévu une petite escapade en amoureux. Mais les vacances sont annulées à la dernière minute, Vladimir doit partir faire de la randonnées dans les Cévennes avec sa famille. Prise d’une impulsion, elle décide de le rejoindre sans le lui dire. Une sorte de test romantique : va-t-elle le retrouver dans les sentiers et les montagnes ? Antoinette est un personnage entier, qui ne sait pas mentir. Caroline Vignal la rapproche de Elle Woods dans La Revanche d’une blonde. Une référence surprenante, mais très pertinente. Antoinette et Elle se ressemblent dans leur façon d'interagir avec leur entourage. Il n’y a pas de filtre, pas de paraître, elles sont vraies, ce qui les rendent vulnérables. Antoinette part alors sans rien connaître du sentier, du paysage, de la difficulté. Parce que Vladimir lui a dit qu’ils prendront un âne, elle en demande un aussi, sans réfléchir. On lui donne Patrick, un âne récalcitrant et têtu. Le voyage peut commencer, enfin si Patrick le veut bien.

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Parce que les maisons d’hôtes sont des endroits où l’intimité n’existe pas, Antoinette se confie à des randonneurs, comme une débutante, avant son départ. Elle ne sait pas que son histoire d’adultère fera le tour du GR70, jusqu’à devenir une petite célébrité. À chaque arrêt, son histoire l’a précédé de plusieurs heures. Antoinette se s’entend pas avec Patrick, elle ne rencontre pas Vladimir comme elle s’y attendait et veut tout abandonner. Mais un déclic se fait quand elle commence à raconter ses histoires d’amour à son âne, qui la suit sans broncher, comme hypnotisé par ses histoires de cœurs, très laborieuses. Elle ne choisit que des hommes torturés, qui se servent d’elle avant de la laisser tomber. Pour elle, Vladimir est différent bien entendu. Patrick n’est pas de cet avis…

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Antoinette dans les Cévennes commence comme une comédie romantique, où l'héroïne est énamourée d’un gars qui ne lui convient pas, avant de trouver chaussure à son pied parmi les hommes auxquels elle ne jetait même pas un regard. Mais Caroline Vignal dévie de ce récit éculé, parce que Antoinette l’intéresse plus que le “faux” romantisme du cinéma. Laure Calamy interprète cette femme véritable, qui va bien évidemment tomber de haut face au comportement de son amoureux. Mais cette relation avec Vladimir retombe comme un soufflé, parce que son importance devient bien moindre comparé au soutien de … Patrick. Il se développe une connexion, comme si le chemin de Stevenson prenait sens juste pour eux deux. Elle pensait trouver un amour humain dans les Cévennes, elle y trouve un appui animal fort, et surtout une confiance en elle. Le film parle d’une femme qui s’est abandonnée à l’amour, jusqu’à s’en perdre. Par cette aventure haute en couleur et en péripéties humoristique très bien écrites, elle finit par ne plus vivre par procuration. Une randonneuse lui répliquait avant le départ de ne pas “piquer” un homme à une femme, mais Antoinette découvre qu’elle ne piquait rien, bien au contraire. Une nouvelle femme dit au revoir à Patrick, qui sera peut-être sa plus belle rencontre. 

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Caroline Vignal nous offre un personnage touchant dans sa maladresse, une héroïne de comédie romantique qui finit par s’émanciper de ces codes. Antoinette dans les Cévennes est drôle, parce qu’il s’amuse de ses péripéties, et parce que Laure Calamy a de l’espace pour faire ce qu’elle veut. Et elle le fait bien.


Laura Enjolvy