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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #1. The Bride of Frankenstein

© 1935 Universal

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'oeuvre de la Hammer, que des pépites cinéma bis transalpin en passant par les slashers des 70's/80's; mais surtout montrer un brin, la richesse d'un cinéma fantastique aussi riche qu'il est passionnant à décortiquer.
Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !



#1. La Fiancée de Frankenstein de James Whale (1935)

Que reste-t-il, près de 90 ans plus tard (damn...), des chefs-d'oeuvre de l'immense faiseur de rêves James Whale ?
Et plus directement du dyptique Frankenstein/La Fiancée de Frankenstein ?
Pas grand chose aux vues du manque cruel de citations de la part des cinéphiles (La Fiancée... est tout simplement l'une des meilleures suites de l'histoire du 7ème art, surclassant une oeuvre mère déjà grandiose), un comble quand on sait que leur influence sur le cinéma mondial n'a jamais été démentie depuis leurs sorties; entre cinéastes marqués et fascinés (voire même terrifiés également), mais aussi des artistes de tout bord, tant le rayonnement de ses images a littéralement éclaboussé les expressions artistiques du XXème siècle - les hommages plus ou moins assumés, sont légion.
Mais au-delà d'être de vraies peintures de maître gravées sur la pellicule, si les deux longs-métrages ont survécu aux affres du temps et restent des références artistiques et thématiques, c'est justement par la force de leurs nombreux niveaux de lecture, transcendant leur statut de simples " films de monstres ".

© 1935 Universal

Le second étant d'ailleurs d'une modernité et d'une richesse encore plus imposante que le film de 1931 (un peu engoncé dans son carcan d'adaptation du bijou de Mary Shelley), abordant avec une sincérité incroyable les thèmes de l'intolérance et de la différence, de l'amour et du besoin naturel d'affection, du désir de normalité, de la vanité de l'homme,...
Un temps un brin réticent à offrir une suite à son Frankenstein d'une arrogance prométhéenne dingue, Whale retrouvera finalement raison pour croquer en 1935, ce second volet, dépassant non seulement son incursion originale dans l'horreur en termes d'invention et de splendeur visuelle, mais surtout savoureusement coupable d'incarner l'un des films américains les plus séduisants jamais réalisés.
Plus emprunt a l'humour malicieux et à l'esprit de subversion de Whale (perceptible dans l'excellent biopic Gods And Monsters de Bill Condon, avec l'immense Sir Ian McKellen dans le rôle du cinéaste), le film transcende surtout son matériau d'origine pour mieux s'en affranchir, au travers d'une caractérisation subtile de ses personnages, et de moments dramatico-horrifiques saisissants (de la fuite du monstre de Frankenstein, trouvant refuge auprès d'un ermite aveugle, à celui-ci suppliant son créateur, de donner vie à sa compagne tant désirée).
De la direction artistique de Charles D. Hall, aux maquillages grandioses de Jack Pierce en passant par la photographie éclatante de John Mescall, fusion intense entre la fantaisie surréaliste et le gothique Hollywoodien (magnifiant son cadre comme peu, ou quand une simple forêt luxuriante le jour, peu devenir un lieu cauchemardesque et inhospitalier une fois la nuit tombée), c'est sans doute au final, les interprétations chorales des comédiens, qui rendent l'expérience encore plus mémorables.

© 1935 Universal


D'un Boris Karloff plus humain que jamais, qui explore plus en profondeur les territoires de la tristesse et de la rage (avec un aspect pathétique absolument déchirant), à un Ernest Thesiger savoureusement manipulateur et à la sexualité ambiguë, c'est clairement la somptueuse Elsa Lanchester (également crédité dans le rôle de Mary Shelley), qui vole le show.
Avec une allure élancée, ses mouvements anguleux (qui rappelle joliment l'automate Maria du Metropolis de Fritz Lang) et son look iconique (un teint pâle et une coiffure bouffant, qu'électrise quelques mèches blanches), elle offre un contrepoids élégant à l'imposant Karloff, et son cri d'horreur perçant, est au moins aussi célèbre que ceux de Fay Wray dans King Kong, et de Janet Leigh dans Psychose.
Cité, repris et même parfois pastiché sans jamais être égalé, La Fiancée de Frankenstein et ses 85 ans au compteur - le temps n'a aucune emprise sur lui -, incarne autant une leçon de cinéma qu'un vrai regard sur son histoire.
Et tout ça en a peine 1h15, c'est dire la prouesse et surtout son importance.


Jonathan Chevrier

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