[FUCKING SERIES] : The Politician saison 2 : En route pour le Sénat
(Critique - avec spoilers - de la saison 2)
On avait laissé ce bon vieux Ryan Murphy avec une expérience en demie teinte : Hollywood, show utopiste ou il baissait les stores de la fenêtre de ce côté de " Dreamland " pour donner sa vision juste de la jungle Hollywoodienne au coeur des 50's, sans pour croquer le récit révisionniste percutant auquel il aspirait. Une série révisionniste - mais bancale et basé sur les mêmes injustices dans son fond - ou un seul et unique film Peg (basé sur l'histoire vraie de Peg Entwistle, actrice britannique qui s'est suicidée en 1932, en sautant du haut du "H" du panneau Hollywood - jadis Hollywoodland -, jonché dans les hauteurs du mont Lee), servirait de pansement utopique et soudain à toutes les inégalités de l'industrie.
Une ballade qui restait néanmoins belle, à défaut d'être marquante et pertinente, ce qui nous faisait attendre avec un peu d'impatience donc, la seconde cuvée de sa plus maîtrisée - et résolument barrée - The Politician, dont on avait vraiment apprécié la première saison.
Copyright Nicole Rivelli/Netflix |
Rompant un poil la routine créative de tout show Murphyen qui se respecte, se gamelant dès que le succès est un minimum au rendez-vous - on appelle ça le syndrome Glee -, tout en abandonnant également son cadre universitaire pour celui plus urbain d'un état de New-York en ébullition, le show nous revient certes plus étriqué (sept épisodes, soit un de moins que la saison précédente) mais surtout jouissivement plus foutraque, tant que l'on ne regarde pas de trop près les coutures légères de sa satire politique; un comble quand on sait que c'est justement son principal argument de vente, que de dramatiser et de proposer une représentation moderne de la politique actuelle.
Bien plus scandaleuse et scabreuse (so Murphy donc), rompant dès lors tout potentiel regard sérieux (un défaut comme une qualité au fond), et centré sur le désir de l'arriviste Payton (Ben Platt, toujours excellent), à renverser la populaire Dede Standish (Judith Light, parfaite et charismatique en diable), dans la course au Sénat de New York, cette seconde saison reprend peu ou prou la même vibes que la précédente - une campagne électorale cinglante capté par le prisme d'un regard juvénile -, à la différence près que son heros n'est plus du tout le même... et c'est tant mieux.
Le positionnant comme un jeune loup au coeur d'un système ancien et passablement routinier, le show en profite pour brasser - survoler serait bien plus juste au fond - des thèmes forts, comme l'urgence climatique (pilier de la campagne de Payton, grâce au personnage de la craquante Zoey Deutch) ou même la mise en perspective juste des relations sexuelles modernes - le terme «throuples» est même au cœur de l'histoire -; qui vont de pair avec la compréhension de Payton sur les limites de l'éthique et de la moralité.
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Si la première saison jouait la carte du manque d'authenticité et des fausses apparences pour être un favori en politique (souci que l'on peut accoler à la quête de popularité en milieu scolaire), la seconde saison, plus mature mais toujours aussi fébrile dans sa généralité (aucune vraie ligne directrice autre qu'une mise en abîme dans les arcanes d'une campagne politique, ici il est vrai à plus grande échelle et plus cohérente), prône le " soyez comme vous êtes " certes plus naïf mais pas moins accrocheur.
Toujours aussi bizarre, dynamique et addictive donc (comment ne pas adorer voir s'écharper des personnages aussi odieux ? Comment ne pas tomber in love du génial tandem Judith Light/Bette Midler ?), mais surtout peu perspicace dans sa vision de la politique americaine (et en pleine année électorale, ça la fout un peu mal), et clairement expéditive dans sa généralité; un souci majeur qui laisserait presque à penser que Netflix commencerait déjà à ne plus savoir quoi en faire.
Ce serait dommage, vraiment, même si la série ne semble jamais vraiment avoir été en position de pleinement exploiter son incroyable potentiel.
Jonathan Chevrier