[CRITIQUE] : Lava
Réalisateur : Ayar Blasco
Avec les voix de : Sofía Gala Castiglione, Ayar Blasco, Martín Piroyansky, Justina Bustos, Darío Lopilato, Señorita Bimbo, Martín Garabal,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Argentin
Durée : 1h07min
Synopsis :
Les mass media ont subi une attaque massive. Un signal a interrompu les émissions de télé et de radio. Il n'y a plus de connexions internet ou mobiles. Tout le monde s'est retrouvé, face à son poste, devant une image hypnotique à la place de son programme habituel. Une image comme on n'en avait encore jamais vue. La radio n'émet plus désormais qu'un murmure lointain, semblable à un souffle. Et puis rien d'autre.
Critique :
Proposition de science-fiction fragile, malgré un synopsis attrayant, #Lava est un petit film argentin manque cruellement de matière pour s'élever vers un propos plus dense et d’actualité. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/TLI4haW1LF— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) June 19, 2020
Les écrans diffusent de drôles d’images hypnotiques, des chats immenses se baladent sur les toits, un comic book devient un guide survie, c’est le programme du nouveau film de Ayar Blasco !
Après son premier long-métrage, El Sol resté inédit en France, le réalisateur argentin revient avec un nouveau film Lava, présenté dans la section Contrechamp de cette édition en ligne du festival d’Annecy. Un format court (tout juste une heure), réalisé en un temps record (un an) où l’on suit Débora, une jeune tatoueuse, et ses ami.e.s dans une drôle d’aventure apocalyptique.
© Festival international du film d’animation d’Annecy 2020 |
Débora a une impressionnant étrange quand elle tatoue un drôle de symbole sur un client. En rentrant chez elle, ce même symbole lui saute aux yeux dans un kiosque à journaux, sur un comic book se titrant Lava. Alors qu’elle regarde un épisode de la série “Gain of Closes” (il ne faut pas aller bien loin pour comprendre d’où ce titre est inspiré) avec sa colocataire, et des amis, l’écran devient noir avant de diffuser une image colorée ornée de dessins. Nadia, sa colocataire est hypnotisée, comme d’autres personnes dans la rue, alors qu’ils regardaient leur écran de téléphone. Tout redevient à la normal, mais le mal est déjà fait, de nombreux morts sont à comptabiliser à cause de ce problème technique. La même nuit, Débora fait un cauchemar où elle voit le client qu’elle a tatoué, avec un serpent qui s’enroule autour de lui. Il lui parle d’une légende nordique, du célèbre serpent de mer Jörmungandr, une créature si immense qu’elle entourait le monde avec son corps. Il y aura quelques références à la mythologie nordique dans Lava, avec ses immenses chats noirs qui apparaissent sur les toits le lendemain, rappelant un des défis que lança le géant Útgarða-Loki à Thor. Débora semble immunisée contre l’influence des images, parce qu’elle n’est pas une personne très connectée. Ayar Blasco nous le fait savoir très vite, quand le copain de Nadia leur fait un commentaire parce qu’elles ne possèdent ni le câble, ni Netflix dans leur appartement. Débora lit dans les transports, alors que les passagers sont tous scotchés devant leur écran de portable. Ce n’est pas très subtil, mais cela a le mérite de faire passer le message très vite, en sachant que le récit a juste une petite heure pour être développé.
L’histoire de Lava n’était pas censée être un film au départ, mais un roman graphique. Ayar Blasco reprend le projet de son ami Salvador Sans, dessinateur, et décide au dernier moment de changer le support pour transformer le livre en film. Et il aurait peut-être mieux fallu s’en tenir au projet initial quand on voit comment la proposition ne tient pas sur la distance. Cette étrange invasion que subit l’Argentine (on ne sait pas si le monde entier est touché) est parasitée par un humour absurde, qui finit par devenir un vrai cache-misère. Rien n’est mis de côté : références marquées, blagues méta, critique de la technologie, citation du hashtag #MeToo et rupture du quatrième mur. Le compte est bon. Le récit de science-fiction, alléchant au premier abord ne se développe qu’à moitié et perd de sa solidité. Le format très court de ce long-métrage ne doit pas être une excuse, car c’est consciemment que le scénario décide d'enchaîner les situations absurdes plutôt que d’étoffer sa satire du monde moderne, qui pour le coup est bien démodée ici.
© Festival international du film d’animation d’Annecy 2020 |
Lava est peut-être le fruit de conditions particulières, qui ont forcé l’équipe à faire des choix immédiats et dans l’urgence. Proposition de science-fiction fragile, malgré un synopsis attrayant, ce petit film argentin manque cruellement de matière pour s'élever vers un propos plus dense et d’actualité.
Laura Enjolvy
Avec son style d'animation et d'humour particulier, Ayar Blasco croque avec Lava, une sorte de comic-book live qui n'a jamais eu les honneurs d'une version papier, même si on jurerait presque qu'il en est issu.
L'étrange invasion qui nourrit l'intrigue, dans une Terre volontairement blanche et sans la moindre divertisté, est un message fort qui a une symbologie plus profonde qu'elle n'y paraît, tout comme sa prise en grippe de la culture internet ultra-connectée; même si le cinéaste ne fait que la survoler, en la recouvrant par un humour férocement absurde qui part dans tous les sens, et qui jaillit de quasiment tous les dialogues entre personnages, et même de quelques ruptures rafraîchissantes du quatrième mur.
Blasquo trace en arrière-plan de sa comédie volontairement régressive - et parfois embarrassante -, un contexte SF sérieux (bien que surréaliste), qui malheureusement se délite peu à peu sur sa petite heure, laissant transparaître l'usage du genre plus comme un gimmick pour enchaîner les situations absurdes, que pour imbiber son métrage d'une atmosphère et d'un liant scénaristique cohérent.
Avec des volumes plats et des dessins finement détaillés, l'animation de Lava conserve un style synthétique et fonctionnel qui est un peu la marque de fabrique du réalisateur (l'excellent El Sol), qui s'intéresse bien moins au réalisme qu'à la vitesse et à la simplicité visuelle; une animation qui minimise ses effets et ses traits de caractère, et qui mise avant tout et surtout, sur ses dialogues pour retranscrire les pensées et les personnalités des personnages.
Dits personnages ici volontairement légers et peu approfondis, dont certains ne sont là que pour remplir une fonction nécessaire de l'intrigue, ou véhiculer un bon mot avant de disparaître assez inexplicablement... et aussi vite qu'il est apparu.
Un constat qui serait hautement dommageable si au fond, Lava n'était pas plus qu'un petit bout de comédie éphémère qui joue sur une appréciation dans l'immédiat, tant elle sait qu'elle sera instinctivement oubliée par son auditoire, à peine quelques heures après sa vision...
Jonathan Chevrier
Laura Enjolvy
© Festival international du film d’animation d’Annecy 2020 |
Avec son style d'animation et d'humour particulier, Ayar Blasco croque avec Lava, une sorte de comic-book live qui n'a jamais eu les honneurs d'une version papier, même si on jurerait presque qu'il en est issu.
L'étrange invasion qui nourrit l'intrigue, dans une Terre volontairement blanche et sans la moindre divertisté, est un message fort qui a une symbologie plus profonde qu'elle n'y paraît, tout comme sa prise en grippe de la culture internet ultra-connectée; même si le cinéaste ne fait que la survoler, en la recouvrant par un humour férocement absurde qui part dans tous les sens, et qui jaillit de quasiment tous les dialogues entre personnages, et même de quelques ruptures rafraîchissantes du quatrième mur.
Blasquo trace en arrière-plan de sa comédie volontairement régressive - et parfois embarrassante -, un contexte SF sérieux (bien que surréaliste), qui malheureusement se délite peu à peu sur sa petite heure, laissant transparaître l'usage du genre plus comme un gimmick pour enchaîner les situations absurdes, que pour imbiber son métrage d'une atmosphère et d'un liant scénaristique cohérent.
© Festival international du film d’animation d’Annecy 2020 |
Avec des volumes plats et des dessins finement détaillés, l'animation de Lava conserve un style synthétique et fonctionnel qui est un peu la marque de fabrique du réalisateur (l'excellent El Sol), qui s'intéresse bien moins au réalisme qu'à la vitesse et à la simplicité visuelle; une animation qui minimise ses effets et ses traits de caractère, et qui mise avant tout et surtout, sur ses dialogues pour retranscrire les pensées et les personnalités des personnages.
Dits personnages ici volontairement légers et peu approfondis, dont certains ne sont là que pour remplir une fonction nécessaire de l'intrigue, ou véhiculer un bon mot avant de disparaître assez inexplicablement... et aussi vite qu'il est apparu.
Un constat qui serait hautement dommageable si au fond, Lava n'était pas plus qu'un petit bout de comédie éphémère qui joue sur une appréciation dans l'immédiat, tant elle sait qu'elle sera instinctivement oubliée par son auditoire, à peine quelques heures après sa vision...
Jonathan Chevrier