Breaking News

[CRITIQUE] : Balle Perdue


Réalisateur : Guillaume Pierret
Acteurs : Alban Lenoir, Ramzy Bédia, Nicolas Duvauchelle, Stéfi Celma, Rod Paradot,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Petit génie de la mécanique, Lino est réputé pour ses voitures-bélier. Jusqu'au jour où il se fait arrêter pour un braquage qui tourne mal. Repéré par le chef d'une unité de flics de choc, il se voit proposer un marché pour éviter la prison. 9 mois plus tard, Lino a largement fait ses preuves. Mais soudain accusé à tort de meurtre, il n'a d'autre choix que de retrouver l'unique preuve de son innocence : la balle du crime, coincée dans une voiture disparue.




Critique :



Qu'on se le dise, et c'est réellement un amoureux du genre qui parle - fièrement biberonnés aux 80's/90's -, le cinéma d'action est un genre aujourd'hui enfermé dans une routine douloureusement artificielle, que seuls quelques irréductibles cinéastes, boostent pour éviter qu'il ne nourrissent des blockbusters sans âmes, ou des bandes destinées à squatter les bacs à DVD/BR des Auchan - mais pas que - de France et de Navarre.
Irréductible gaulois bien décidé à changer la donne, et qui plus est du côté d'une Netflix qui n'a franchement pas fait du bien au septième art hexagonal avec ses productions " locales ", Guillaume Pierret, dont c'est justement le premier long-métrage, entendait bien bousculer la fourmilière pour y apporter un réel supplément d'âme tout en conservant les codes burnés précités, avec le (très) bien nommé Balle Perdue.

Copyright Mickael Mongin/NETFLIX

Bonne pioche, car non content de croquer ce qui est sans forcer, la meilleure production française de la plateforme - et d'offrir un aspect carte postale qui transpire le bitume, au cadre héraultais -, il croque une petite merveille de B movie nerveux, qui fleure bon la tôle froissée et les coups de tatanes qui dépotent.
Éduqué à la bonne école, celle de l'actionner qui décolle la rétine et qui nous fait bondir de nos sièges, Pierret convoque tout du long la nostalgie d'un cinéma certes imparfait, mais dont l'aspect spectaculaire et souvent irréel, à façonner les cinephiles que nous sommes.
Totalement conscient de ne pas péter dans la soie de l'originalité (ce qui n'est absolument pas un défaut, et encore moins pour toute bisserie modeste qui a totalement conscience de ce qu'elle est, ce qui est ici pleinement le cas), Balle Perdue embrasse à pleine bouche et avec tendresse, l'idée d'être un put*** de shot d'adrénaline à l'ancienne, expurgé de toute surenchère putassière, et ne misant que sur un spectaculaire solide et chorégraphié à l'os brisé près, doublé d'une volonté rare de composer des images en profondeur, pour mieux laisser respirer une action qui ne demande qu'à exploser à la tronche de son auditoire.

Copyright Mickael Mongin/NETFLIX

Humble et bandant comme peu, mais surtout follement immersif et inventif, la péloche suit l'histoire solide de Lino, un petit génie de la mécanique et réputé pour ses voitures-bélier.
Évitant de peu la case zonzon grâce à un deal avec le chef d'une unité de flics de choc, le bonhomme fait ses preuves et retrouve un tant soit peu de respectabilité, jusqu'au jour ou il est accusé, à tort, de meurtre.
Dès lors, il n'aura d'autre choix que fighter du représentant de la loi, mais surtout de retrouver l'unique preuve de son innocence : la balle du crime, coincée dans une voiture disparue...
Spectacle gentiment viril, ambitieux et sachant tenir en haleine sans trop d'effort (malgré un premier quart d'heure qui patine sévère), ou les coups (savoureusement percutants et éprouvants) pleuvent et font férocement mal, tournés avec une énergie folle et une inventivité de chaque instant (ceux qui pressentait stupidement un style très téloche, vont s'en mordre les doigts), par un cinéaste soucieux de son public, Balle Perdue fait du bien au penchant burné du septième art hexagonal; une péloche qui carbure aux petits et aux grands plaisirs (jamais totalement coupables) grâce à une charpente scénaristique bluffante, qui parvient à constamment tenir en haleine avec une simplicité d'écriture qui force le respect et qui sonne juste, grâce aux interprétations solides de ses comédiens (le génial Alban Lenoir en tête, malgré une caractérisation des personnages opérée un brin à la truelle).

Copyright Mickael Mongin/NETFLIX

Réaliste et généreuse, bourré jusqu'à la gueule de séquences mémorables (des scènes d'actions toutes plus réussites et spectaculaires les unes que les autres,), le premier long-métrage de Guillaume Pierret (qui met la barre haute, et qui appelle instinctivement à rendre son second essai, déjà immanquable pour les amateurs de cinéma qui tâche) réussit là où bon nombre de péloches se sont cassés les dents (coucou Europa Corp) car il a retenu une règle simple mais incroyablement essentielle : c'est toujours dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes.

Et celle-ci, peut importe ce qu'en diront certains, est particulièrement savoureuse.


Jonathan Chevrier




Aucun commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.