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[CRITIQUE] : Bloody Nose, Empty Pockets


Réalisateurs : Bill et Turner Ross
Acteurs : Michael Martin, Cheryl Fink, Marc Paradis, John Nerichow, Lowell Landes, Ira J. Clark,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Dans l'ombre des lumières vives de Las Vegas, sonne le dernier appel d'un bar de quartier affectueusement connu sous le nom de Roaring 20s. Prémices d'une histoire où la réalité semble aussi irréelle que le monde extérieur duquel les habitués du bar s'échappent. Bloody Nose, Empty Pockets est une mosaïque de vies disparates, où chacun vacille entre dignité et débauche, se remémore son passé face à un avenir incertain, et continue de chanter tandis que sombre le navire.
Le duo de réalisateurs Bill et Turner Ross (Western, 2015, Festival de Sundance) revient avec un portrait élégiaque d'un monde minuscule qui disparaît peu à peu, mais qui chaud encore, continue de battre au rythme réconfortant d'une communauté. Leur captivante approche de la narration non-fictionnelle crée une mémoire brumeuse d'expériences égarées parmi les verres vides et les bouffées de cigarettes.




Critique :



La magie des festivals, et plus directement ceux hexagonaux (un peu de patriotisme sain ne fait jamais de mal hein), réside totalement ou presque, dans leur faculté à nous faire découvrir des films de tout genre et de tout horizon, qui élargissent encore un petit peu plus les limites de nos cinéphilies personnelles.
Bloody Nose, Empty Pockets des frangins Bill et Turner Ross, est décemment de ceux-là, un documentaire qui serait, sans doute, passé au-delà de nos radars lors d'un mercredi de sorties particulièrement chargé, si tenté est, qu'il eu les honneurs d'atteindre nos salles obscures, ce que des films ou documentaires plus attendus que lui, se sont vus privés ces derniers mois.
Centré sur le dernier jour du Roaring 20's Cocktail Lounge de Vegas, avant qu'il ne ferme définitivement ses portes et son pilier de bar, le film est un instantané quasi documentaire et pas totalement fictionnel à la fois (oui, c'est possible), une expérience atmosphérique qui plonge le spectateur dans une tranche de la vie de ses sujets, avec toutes les qualités et les inconvénients que cela comporte.

Courtesy of Sundance Institute

S'il ne se passe pas grand chose - sad but true -, le projet n'en reste pas moins un un exemple unique et probant, étonnamment raréfié même, de cinéma hybride qui révèle des vérités émotionnelles de la vie, à travers une mise en scène hautement simpliste de la (ou d'une certaine) réalité; sorte de Macadam Cowboy réel en somme, aussi étrange que cela puisse paraître.
Quelque part entre le documentaire et la fiction, faisant de facto un grand écart assez conséquent entre les deux parties de son popotin, imprimé par une aura 60's/70's assez charmante, le nouvel effort des Ross croque un regard un brin mélancolique sur l'Amérique en marge de la société, une relique désordonnée et jamais idéalisée qui nous place au plus près de ses protagonistes (certains étant même foutrement poignant, comme Michael, ancien acteur de 58 ans qui expose sans trembler la misère de son quotidien difficile), à tel point que les effluves de pintes et de beignets traverseraient presque nos écrans.
Totalement décontracté (les personnages vont et viennent au gré des 24h qui nourrissent le documentaire), au point de ne jamais offrir une vraie profondeur derrière les regards douloureux qu'ils volent avec leur caméra, Bill et Turner Ross font de Bloody Nose, Empty Pockets une oeuvre à part, contradictoire, personnelle et fascinante à la fois.

Courtesy of Sundance Institute

Entre la tendresse mutuelle, la candeur ivre et la soudaine solidarité qui peut émerger entre un groupe de personnes étrangères entre-elles qui se réunissent et n'ont rien d'autre dans la vie, le film capte la poésie déchirante d'une adversité et d'une désillusion combattues le temps d'un - ou plusieurs - verres, mais ne semble jamais trop savoir qu'en faire.
Pas totalement vain mais pas totalement pertinent non plus... le cul entre deux chaises qu'on vous dit.


Jonathan Chevrier




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