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[CRITIQUE] : Mercy Black


Réalisateur : Owen Egerton
Acteurs : Daniella Pineda, Janeane Garofalo, Austin Amelio, Miles Emmons, Lee Eddy,...
Distributeur : - (Shadowz)
Budget : -
Genre : Épouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.

Synopsis :

Quinze ans après avoir invoqué un fantôme imaginaire connu sous le nom de Mercy Black, Marina sort d’un institut psychiatrique et retourne dans sa ville natale pour vivre avec sa sœur et son neveu. Mais alors que Mercy continue de la hanter et que le nombre de morts augmente, elle doit faire face à sa plus grande peur et découvrir la vérité sur son passé avant que Mercy Black ne s’en prenne à son neveu.





Critique :


Mercy Black est une production Blumhouse, même si le nom n’est pas forcément gage de qualité, la maison est assez installée et a gagné sa réputation “d’exploratrice de l’horreur” pour que l’on sache à peu près à quoi s’attendre. Le film est disponible en France sur la toute neuve, toute belle plateforme de SVOD spécialisée dans le film de genre et d’horreur : Shadowz. Celle-ci a été montée de toute pièce par VOD Factory après une campagne de crowdfunding plus que réussie, et s’installe sur la niche pas si petite des aficionados du genre un peu laissée pour compte en France.

(Blumhouse Productions)


Mercy Black est la première exclusivité de la plateforme. Aux États-Unis, le film est sorti directement sur Netflix. Ce film n’aura donc apparemment pas ou peu de présence sur grand écran. Et est-ce un mal ? Le film fait son effet sur “petit” écran, et j’ai personnellement toujours trouvé que tous les films d’horreur dont la maison joue un rôle important fonctionnaient très bien chez soi, en déstabilisant chez le spectateur la zone de confort qui semblent pourtant acquise. Ce qui est plutôt le cas de Mercy Black dont le personnage principal se voit contraint de déménager dans sa maison d’enfance vecteur de ses souvenirs traumatisants. Mercy Black est donc un film qui se regarde très bien sur un écran de télévision ou encore mieux – quand on pense aux références intertextuelles – sur un écran d’ordinateur. 
Le postulat de départ de Mercy Black est dérivée d’une creepypasta : le slenderman, cet homme élancé popularisé par un mème, et des attaques, réelles, qui ont eu lieu en 2014 où deux gamines ont poignardé à plusieurs reprises une de leurs amies pour satisfaire le dit slender man. A la différence que Mercy Black est une création du personnage et est devenu une creepypasta dans la diégèse du film suite à l’agression. L’introduction de cet élément permettra de laisser planer le doute – un moment – sur les intentions du neveu de Marina, un jeune garçon qui se retrouvera sous l’emprise du flux d’informations sur Mercy Black trouvé sur Internet. Voit-il réellement Mercy Black ? Ou est-il simplement impressionné par toutes les histoires horrifiantes qu’il a pu lire ? Cette partie du film n’est pas forcément la mieux amenée. Elle arrive assez tard dans le film et n’est jamais un véritable enjeu pour le spectateur. Le petit garçon, sensé d’ailleurs être un personnage pivot, n’arrivera jamais à trouver complètement sa place. Par contre, ce que le film arrive assez bien à réaliser est la représentation d’un personnage schizophrénique.

(Blumhouse Productions)


Tout l’intrigue du film repose sur cette question : Marina est-elle schizophrène ? Après une succincte introduction en flash back avec la mise en place de l’agression, le film commence par sa sortie de l’hôpital et, si la psychiatre semble certaine de la guérison et de la réinsertion de sa patiente, le spectateur, lui, sait qu’il n’en sera rien et que Marina va, à priori, pas trop apprécier les jours à venir. Que les monstres soient dans sa tête ou de chair et de sang (et de papier mâché), elle ne prépare pas son sac pour un voyage au pays des merveilles. Toute la première partie du film a l’intelligence de ne jamais montrer réellement Mercy Black mais plutôt de l’évoquer par des trucs de mise en scène assez efficaces, même si pas forcément hyper originaux. La scène du bain – un grand classique du genre – est assez symptomatique de ce type de mise en scène. La séquence commence par un plan rapproché, même si à distance confortable, du personnage. L’ensemble est agréable, même si on sait très bien que cela ne va pas durer. (Les personnages des films d’horreurs devraient pourtant savoir à force qu’ils ne doivent pas prendre de bain… C’est dangereux). Le cadre se resserre ensuite autour du personnage par un zoom assez lent. Déjà, l’ensemble est moins aéré, moins confortable et surtout on entre dans la tête de Marina. A partir de ce moment là, impossible de savoir si ce qui se passe à l’écran est dû à la maladie du personnage ou si cela est bien réel. On voit alors de petites mains s’agripper aux cheveux de Marina, qu’elle arrive à faire disparaître grâce à une technique apprise à l’institut. Si pendant toute la séquence, Marina a été au centre du cadre, suite à cet événement, elle sera alors à la gauche du cadre, pour donner une impression de décalage, de mal être du personnage.


(Blumhouse Productions)


L’un des gros aspects positifs du film est son rapport à l’enfance. Mercy Black est une invention de trois petites filles, une créature magique censé exaucer leur souhait – dans ce cas le rétablissement de la mère de Marina, cancéreuse – contre le sacrifice de l’une d’elles. Rien que le concept de celle-ci est très enfantin, elle prend en compte des idées très lourdes (la maladie, le sacrifice, la mort en soi au final) sans distanciation avec une naïveté très enfantine. La représentation physique de Mercy Black sort tout droit d’un imaginaire d’enfant et est une vraie réussite. Elle est faite de bric et de broc, avec un masque en papier mâché rouge peint avec du sang d’oiseau, des plumes mais surtout un objet précieux de chacune des petites filles. Mercy Black est la preuve tangible de l’amitié des trois filles. Une amitié cruelle comme seule peuvent l’être celle des enfants. Et je pense, que c’est par là que pêche aussi le film. Cette amitié, pourtant centrale au développement de l’histoire est traitée au second plan. On ne s’intéresse aux deux autres filles et à leur passage à l’âge adulte que pour faire avancer mécaniquement l’intrigue et non pas pour réellement créer des relations inter-personnages. Ce qui est un peu dommage.


(Blumhouse Productions)


Au final, que retenir de Mercy Black ? Un film à la mise en scène efficace, parfois même intelligente, qui m’a personnellement offert ma petite dose de frissons, même si pas très originale. Les différents postulats du film – schizophrénie, creepypasta et amitié enfantine cruelle – sont chacun des thèmes de films d’horreurs pertinents mais il aurait mieux valu n’en choisir qu’un, ne développer que celui-ci et bien. Cela aurait très certainement évité une fin brouillon et bâclée. Après, très clairement Mercy Black est un film qui se regarde avec beaucoup de plaisir, et présage, je l’espère, d’autre acquisitions du style de la part de Shadowz qui offre aux spectateurs français l’opportunité de voir des films qui, auparavant, auraient eu du mal à trouver leur chemin – légal – jusqu’à nos écrans.


Eleonore Tain





(Blumhouse Productions)

Pour ceux qui n’en aurait pas encore entendu parler, Shadowz est une toute jeune plateforme de streaming mise en ligne le 13 mars dernier et qui concentre son catalogue sur un pan de cinéma qui manque cruellement aux plus grosses plateformes de SVOD : le cinéma de genre, et plus particulièrement le cinéma d’horreur. ET C’EST SUPER BIEN. Entre classiques indémodables et pépites méconnues, aussi bien des œuvres récentes qu’issues du siècle dernier et avec de très fréquents ajouts alléchants, le catalogue proposé est en ce qui me concerne un génial vivier de plaisir cinéphile et je recommande très vivement à quiquonque aimant ce cinéma-là de s’y abonner. Et en parlant d’ajout, Mercy Black est un petit événement puisque cette production Blumhouse vient de sortir en exclusivité sur la plateforme. Et j’aimerais du plus profond de mon cœur dire d’un ton enjoué que c’est un très bon film. J’aimerais. Je ne le peux malheureusement pas.


(Blumhouse Productions)


Le film part d’un pitch assez banal, une jeune femme sort enfin de l’hôpital psychiatrique où elle séjourne depuis son enfance après avoir sacrifié avec sa meilleure amie une jeune fille de son âge dans ce qui semble être un rituel en l’honneur d’une entité obscure du nom de Mercy Black (comme c’est mignon des enfants qui s’amusent). Bien entendu comme dans tout bon film de ce genre, sitôt sortie, la mystérieuse entité va recommencer à faire des siennes auprès d’elle, mais également auprès du jeune fils de sa sœur chez qui elle loge. De ce pitch peu innovant, Owen Edgerton essaye d’interroger le spectateur sur la véracité de la présence du surnaturel, est-ce que Mercy Black existe réellement ou bien est-elle le produit de la santé mentale approximative des deux jeunes filles ? Malheureusement, il galère très fort à rendre ça intéressant à suivre. Le film ressemble à tous les films d’horreur du monde, c’est d’une platitude et d’une fadeur assez conséquentes et tout est vachement prévisible. Et il n’y aurait pas de problème à ça s’il était capable de créer des scènes d’horreur et de tension efficaces mais c’est à ce niveau-là que le film pêche le plus : pas une seule de ces scènes ne fonctionne correctement, le design de la créature ressemble à un mauvais costume d’halloween en papier mâché (ce qu’il est, en fait, genre littéralement) et elle n’est jamais vraiment redoutée. C’est très bien que le film ne cherche pas à capitaliser sur des jumpscare à tout va mais avant la toute fin, on ne sent pas les personnages un tant soit peu en danger. On a du mal à se défaire de ce sentiment que le film ne décolle pas, la menace est bien trop intangible, et le temps qu’on passe à se demander si la bestiole existe c’est du temps qu’on ne passe pas à se demander ce qu’elle pourrait faire à nos personnages. Alors qu’elle peut quand même essayer de pendre des enfants méchants, c’est pas rien.


(Blumhouse Productions)


Mercy Black fait finalement partie du haut du bas du panier des productions Blumhouse. C’est-à-dire que c’est plutôt insignifiant, mais on n’atteint pas le niveau abyssal d’un film comme Nightmare Island sortie au début de l’année (même si à mon goût, ce dernier est quand même un fantastique nanar qui m’a donné beaucoup de plaisir). Avec quelques bonnes idées de scénario intéressantes notamment sur la création d’une légende urbaine s’inspirant d’histoire autour du slenderman, ou sur le fait que l’on crée des monstres à partir de notre souffrance infantile, mais ces thématiques sont beaucoup trop traitées en surface dans un métrage bancale et fadasse très vite oubliable. Et c’est rageant car vraiment, j’aurais aimé vous dire de vous abonner à Shadowz pour pouvoir le découvrir. Ce sera peut-être pour la prochaine exclusivité, en attendant si ce n’est pas pour les beaux yeux de ce film qui ne contient pas grand-chose que vous n’ayez déjà vu mille fois dans un film d’horreur, n’hésitez pas à vous laisser tenter pour tout reste !


Kevin


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