[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #94. Semaine du 10 au 16 mai 2020
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 10 Mai au 16 Mai
Dimanche 10 Mai.
Le Monde fantastique d’Oz de Sam Raimi.
Au Kansas, en 1905, Oscar Diggs, illusionniste imbu de lui-même, apprend qu’Annie, un amour d’enfance va prochainement se marier. Peu après cette révélation, il est poursuivi par un forain, dont il a séduit l’épouse. Alors qu’il s’enfuit en montgolfière, un violent ouragan le projette dans un univers très étrange.
Au début des années 2010, Disney va multiplier les projets cinématographiques. De John Carter à Tomorrowland en passant par Lone Ranger, la firme aux grandes oreilles va offrir à son spectateur des propositions de cinéma de divertissement vivifiant, ludique et souvent jouissif qui malheureusement ne trouvera pas son public. Le Monde fantastique d’Oz s’inscrit dans cette même mouvance, Sam Raimi s’empare de cet univers, mais au lieu de refaçonner ce monde par le prisme de notre époque, il en extrait toute sa force initiale : son artisanat. Le film prend dès lors des allures d’ode à ce cinéma fait de brique et broc et parvenant à insuffler de la magie dans ses images. On plonge avec délice dans les innombrables recoins de ce microcosme aussi factice que tangible.
Mais également... Arte programme Plein Soleil de René Clément. Véritable tremplin pour la carrière d’Alain Delon, le film est une splendide adaptation d’une œuvre de Patricia Highsmith. Le cinéaste parvient à retranscrire toute la dimension récit noir du bouquin dans un métrage à la fois mélancolique et désinvolte imbibé d’une sophistication esthétique délicieuse, mais aussi d’une précision scénaristique donnant un film exaltant et exigeant.
Mardi 12 Mai.
Harry Potter et l’Ordre du Phénix de David Yates sur TF1.
Après les évènements du Tournoi des Trois Sorciers, le Ministre de la Magie refuse de croire au retour de Voldemort. Afin de maintenir l’ordre et éviter la propagation de ce soi-disant retour; le Ministere nomme un nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Dolorès Ombrage, chargée de maintenir l’ordre à l’école et de surveiller les faits et gestes de Dumbledore. Prodiguant aux élèves des cours sans grand intérêt, elle semble décidée à tout faire pour rabaisser Harry. Entouré de ses amis Ron et Hermione, ce dernier met sur pied un groupe secret : L’Armée de Dumbledore…
Nouvelle — et dernière — valse des réalisateurs avec le départ de Newell, si la production proposa le projet à différents réalisateurs tels que Jean-Pierre Jeunet ou Guillermo Del Toro et à une réalisatrice, Mira Nair, c’est finalement David Yates qui hérite du projet. Contrairement à la majorité de ses prédécesseurs, Yates opte pour un réel travail d’adaptation visant à ne pas raconter le bouquin de bout en bout, mais bien à extraire la moelle épinière pour en façonner une œuvre complémentaire. Harry Potter et l’Ordre du Phénix est un opus fortement politique, on y parle de désinformation, de propagande et de dérives autorité du pouvoir. En cela, le cinéaste parvient a capter le lent poison qu’est l’extrémisme et comment celui-ci corrompt les êtres; tout en offrant quelques séquences mémorables à la saga, dont la scène dans la salle des prophéties — premier décor entièrement numérique de la saga, ou le face à face dantesque entre Voldemort et Dumbledore.
Mais aussi... 6Ter programme Dans l’ombre de Mary de John Lee Hancock. Un film narrant la lente et difficile adaptation de l’œuvre de Pamela L. Travers (Emma Thompson magistrale) : Mary Poppins. Au travers de cette histoire, c’est les aléas de la création qui sont mis en lumière tout autant que le lien intime que partage une écrivaine avec son histoire et ses personnages. Mais, Dans l’ombre de Mary est aussi un film maniant l’humour souvent dû aux échanges savoureux entre Pamela Travers et Walt Disney, tout autant qu’il en embrasse une certaine tendresse. Du beau feel good movie en somme.
Jeudi 14 Mai.
Gladiator de Ridley Scott sur TMC.
Le général romain Maximus, plus fidèle soutien de l’empereur Marc Aurèle, qu’il a conduit de victoire en victoire avec une bravoure et un dévouement exemplaires. Jaloux du prestige de Maximus, et de l’amour que lui voue l’empereur, le fils de Marc Aurèle, Commode, s’arroge brutalement le pouvoir, puis ordonne l’arrestation du général et son exécution. Maximus échappe à ses assassins, mais ne peut empêcher le massacre de sa famille. Capturé par un marchand d’esclaves, il devient gladiateur et prépare sa vengeance.
C’est en 2000 que Ridley Scott décide de ressusciter un genre désuet : le péplum. Doté d’une filmographie riche en sommets (Alien, Blade Runner, Thelma & Louise…), Gladiator impose son réalisateur comme l’homme de la démesure. Ce génie de l’image voit en ce récit toute l’inspiration nécessaire pour fournir un film éblouissant, aidé par la gargantuesque B.O de Hans Zimmer et un casting au diapason (Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Richard Harris…). De ce souffle épique qui porte le long-métrage tout du long, Scott en tire des réflexions sur le pouvoir, la famille, l’amour en articulant son récit autour de personnages loin de tout manichéisme. Dès lors Gladiator prend des allures de drame shakespearien que l’on contemple le pouce levé.
Thibaut Ciavarella