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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #66. Hot Shots!

Copyright 20th Century Fox

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !





#66. Hot Shots! de Jim Abrahams (1991)


Hot Shots! est sans contestation possible, l'une des parodies les plus désopilantes de la comédie US qui les aligne pourtant à la pelle, sans pour autant réussir à retrouver la recette magique des 80's/90's, que ce soit la maestria des ZAZ - même si ici, un seul du trio est impliqué -, ou la potacherie totalement décomplexée de la fratrie Wayans - Spoof Movie surtout... uniquement.
Concocté par l'un des maîtres de l'exercice - Jim Abrahams, gentiment délesté des frangins Zucker -, le film suit la même (et brillante) ligne directrice que Airplane! et sa suite (indiscutablement deux monuments de la comédie US), à savoir une accumulation folle de blagues régressives et volontairement absurdes, sublimant le portrait lunaire du fly-boy le plus décérébré de l'ère Reagan.


Copyright 20th Century Fox

Même s'il a eu la maladresse d'être sortie un peu trop tard pour être le plus mordant possible - cinq ans plus tard -, et attaquer pleinement au corps la glorification militaire du cinéma d'action des 80's (déjà sévèrement sur le déclin avant même le début des 90's), Hot Shots! n'en reste pas moins un pastiche aussi affectueux que mordant de Top Gun, singeant ses envolées romantico-viriles et l'aspect furieusement kitsch de son scénario, faisant l'apologie du triomphe de la volonté (et de l'Amérique, best country of the world), qui en faisant sans forcer, une cible facile pour tout détournement.
Jouant pleinement la carte de la nostalgie satirique (nous donnant l'occasion géniale d'avoir un petit coup de rétroviseur fou mais honnête, sur tout un pan un brin révolu, du cinéma qu'on aime) totalement focalisé sur son sujet (même si ça se moque aussi, un peu, de 9 semaines 1/2 dans une scène de romantisme culinaire savoureuse), et non la satire de tout un genre (plus risqué, même si le film de Tony Scott a eu sa part dans la mise en image presque propagandiste sur grand écran, du patriotisme public pendant la guerre du golfe persique), la péloche en reprend son pitch au mot près... ou presque, en suivant les aventures navales de Sean " Topper " Harley (Charlie Sheen, hilarant), un pilote de chasse toujours hanté par les circonstances humiliantes entourant la mort de son père - lui aussi pilote -, et qui décide tant bien que mal de vaincre son traumatisme, mais aussi de séduire la sublime Ramada (Valeria Goliro, aussi drôle que littéralement à tomber).
Et tous les coéquipiers d'Harley, sont des merveilles de clichés malades, du rival de Topper, Kent (yuppie persévérant aussi blond que con, et inversement), au BFF «Wash Out» Pfaffenbach (dont la cornée est tellement inversée, qu'on se demande même comment il capable de mettre un pied devant l'autre), en passant par «Dead Meat» Thompson (incarnation parfaite du poissard, dont la mort tragique est quasiment annoncée à chacun de ses gestes) ou même l'amiral Benson (Lloyd Bridge, immense), une relique militaire à la durée d'attention d'une nanoseconde, qui est rafistolé sur la quasi-totalité de son corps.


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Absurde et cartoonesque à souhait (jusque dans l'exagération de ses vilains, eux-mêmes déjà gentiment exagérés dans les séries B de l'époque), allant jusqu'au bout de son concept (quitte à utiliser des scènes navales WTF-esque et physiquement irréalisables) même s'il est certes moins réussi que les Naked Gun (qui en plus de parodier le genre policier, s'amusait aussi avec tout l'artifice de la narration hollywoodienne), aussi bien du point de vue du scénario que de la réalisation (Abrahams n'a pas la verve agressive et ingénieuse de David Zucker); Hot Shots! n'en reste pas moins une petite bombe du genre, bonne mais pas fine et qui se mange sans faim.
Mieux que ça, la suite trouvera le moyen d'être certes plus tardive, mais pourtant infiniment plus drôle et même encore plus juste dans sa prise en grippe du cinéma d'action de l'époque.
Un bon coup de pied dans les danseuses d'un genre qu'on aime de tout notre coeur, mais qui a trop souvent donné le bâton pour se faire battre.


Jonathan Chevrier

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