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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #89. Semaine du 5 au 11 avril 2020


Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques. 




Semaine du 5 Avril au 11 Avril


Dimanche 5 Avril. 
La veuve Couderc de Pierre Garnier-Deferre sur Arte.
En 1934, Jean, bagnard en cavale, devient ouvrier agricole pour une paysanne vieillissante, la veuve Couderc. Depuis la mort de son mari, cette fermière se bat contre sa belle-famille pour conserver sa maison. Jean devient son amant. Mais, il séduit parallèlement la jeune cousine de la veuve Couderc.

Au travers de ces idylles, Pierre Garnier-Deferre tisse un film psychologique d’une assez belle précision. Si en soit les histoires de coucheries n’auraient rien de bien excitant à notre époque, la mentalité des années 30 et l’ancrage rural de l’œuvre apportent une réelle puissance dramatique. Mais, la véritable force du métrage, et celui qui en fait peut-être l’argument principal pour se laisser tenter, c’est avant tout le duo que forme Alain Delon et Simone Signoret. Il faut dire qu’à l’époque Delon est au sommet, après une explosion dans les années 60 avec les Visconti, Melville ou Deray, et dans La veuve Couderc il habite son personnage à la perfection. Quant à Simone Signoret elle n’a plus à prouver mais donne une force dramatique à son rôle articulant avec Delon un duo époustouflant.


 

Lundi 6 Avril. 
Habemus Papam de Nanni Moretti sur Arte.

Au Vatican, après le décès du souverain pontife, le Conclave se réunit pour désigner son successeur. Alors qu’aucun favori ne parvient à se détacher, c’est le cardinal français Melville qui est choisi. Mais au moment de se présenter aux fidèles places Saint-Pierre, le nouveau pape est pris de panique…

À la fois tendre et fragile, le Habemus Papam est un film aquarelle faite d’une multitude de petites nuances. En effet, Nanni Moretti effectue un bel exercice d’équilibriste en embrassant une certaine mélancolie, portée par un Michel Piccoli splendide, tout en donnant à voir des spasmes burlesques. Tout cela au sein d’une œuvre ne cessant de se faire plus mordante qu’elle ne le laisse paraitre, notamment dans sa peinture du Vatican. Mais surtout, sans même qu’on ne le réalise complètement, Moretti nappe son film d’une tragédie telle une réflexion sur la perte de la spiritualité devenue au sein de l’Église une éternelle lutte pour obtenir le pouvoir.

Mais aussi... France 5 programme Rocco et ses frères de Luchino Visconti. Un film qui pourrait se présenter comme le troisième volet d’une trilogie débutée par Ossessione portant sur l’Italie des pauvres. Car, Visconti se livre ici à une passionnante scrutation des bouleversements habitant cette Italie d’après-guerre. Ceci donne à Rocco et ses frères ses galons de poignante tragédie de mœurs, entre mélodrame et étude psychologique, entre lyrisme et film populaire.



Jeudi 9 Avril. 

Million Dollar Baby de Clint Eastwood sur Cherie25.

Maggie Fitzgerald, serveuse solitaire est parvenue à s’extraire de la misère morale et de la rancœur sourde et intolérante de sa famille. Elle rêve depuis toujours de devenir boxeuse. A 32 ans, elle convainc Frankie Dunn, entraineur de boxe, de lui enseigner les rudiments de ce sport…

Faisant suite à son magistral Mystic River, Million Dollar Baby déroule une histoire classique qui se voit pourtant transcender la Eastwood. Dans un art presque artisanal, le cinéaste vient dessiner des personnages plus anguleux qu’il n’y parait faisant d’eux d’innombrables incarnations visant à raconter les États-Unis. Alors oui, les obsessions sont toujours les mêmes, mais comme les grands, il parvient à trouver et plonger dans ces petites variantes dont il extrait une puissance. Ici, le film de boxe se féminise, et de cette « anomalie » Eastwood tisse une œuvre ne cessant de déjouer les schémas déjà écumer. Avec sa mise en scène d’une belle élégance, le réalisateur transcende son récit et offre une nouvelle grande œuvre.

Mais aussi... TMC propose La Momie de Stephen Sommers. Dans la droite lignée d’un Indiana Jones, le film de 1999 reste malgré ses imperfections un bon divertissement. Entre hommages aux serials d’aventure tout autant qu’aux pulp, le long-métrage possède un côté rétro et une générosité qui rend le moment assurément agréable. Sorte de précurseur de la formule Marvel, avec son mélange d’action, d’humour et de grand spectacle.



Thibaut Ciavarella