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[FUCKING SERIES] : Une dose de scandale : Étouffer ce qui ne peut l’être


(Critique - avec spoilers - des quatre épisodes de la mini-série)

On aura beau chipoter sur la qualité relative de certaines productions Netflix - chipotage stupide au final, tant il y en a pour tous les goûts -, force est d'avouer que la firme balance parfois quelques petites bombes dont on a du mal à se remettre, que ce soit aussi bien dans sa section cinéma que dans son giron télévisé.
Dans le haut du panier de la cuvée 2020 (avec Uncut Gems et I'm not okay with this), How to fix a drug scandal est non seulement une merveille de show didactique sur une affaire méconnue chez nous, mais avant tout et surtout, le témoignage puissant de l'échec cuisant du gouvernement américain, dans sa guerre contre les diverses drogues qui gangrènent ses États.
Petit retour en arrière, en janvier 2013, la police du Massachusetts arrête Sonja Farak, une chimiste étroitement liée aux forces de l'ordre puisque son travail est de certifier l’authenticité d’échantillons de drogues associés à des causes judiciaires.
Le hic, c'est que son arrestation est justement des causes d'un usage de ces substances sur son propre lieu de travail (c'est balot...), et si l'État a tenté d’honteusement étouffer les ramifications de cette affaire, c'est tout l'inverse qui va se produire; un effet boule de neige qui va s'enlacer autour d'une autre affaire (celle d’une autre chimiste, Annie Dookan, qui avait falsifié des milliers d’analyses d’échantillons de drogue), et provoquer la remise en jeu des milliers de jugements antérieurs ayant envoyé des individus derrière les barreaux, grâce à l’insistance de journalistes et d’avocats de la défense se battant corps et âmes pour faire éclater la vérité.

© 2020 - Netflix

Fou mais vrai, à l'issue de ces deux affaires et dans un pays où la consommation de drogues ne cessent d'exploser - et donc d'être pénalement punis également -, plus de 35 000 cas judiciaires du Massachusetts, ont été finalement révoqués...
Une histoire tellement folle qu'elle ne peut qu'être vraie, narrée avec une justesse folle par la réalisatrice Erin Lee Carr, coutumières des documentaires judiciaires, et ici scindée en quatre épisodes incroyablement minutieux et documenté, certes peut-être pas aussi bouillant et sauvage que certaines séries documentaires criminelles récentes (zéro rebondissement et une tendance à la redite dans ses reconstitutions/témoignages, malgré un suspense maîtrisé), mais suffisamment captivant et élégant pour en faire une chronique immanquable dans les secrets fermés du monde de la drogue.
Plongée de plus en plus sinueuse au fond du terrier du lapin d'une Alice qui n'est plus aux pays des merveilles (et foulant encore moins la terre de la liberté), didactique (autant sur les affaires que sur la façon dont les stupéfiants sont testés en laboratoire) et parfaitement lisible (une narration bourrée d'informations mais toujours cohérentes, avec une chronologie visible des événements qui vont et viennent dans le temps); Une Dose de Scandale n'atteint peut-être pas les sommets virtuoses de la terrifiante Making a Murderer, mais il est un effort important et nécessaire, qui pousse constamment à la réflexion.
Une vraie belle découverte qui s'échine à poser des questions importantes sur le système de justice pénale ricain - mais pas que -, ainsi qu'un regard appuyé sur ceux qui sont à son sommet.


Jonathan Chevrier
 


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