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[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #14. The Secret World of Alex Mack

(Picture: Nickelodeon)

Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
Prêts ? Zappez !!!





#14. Les Incroyables Pouvoirs d'Alex / The Secret World of Alex Mack (1994–1998)


Être un môme à la fin des 90's et même au tout début des années 2000, avant que la télévision enfantine/adolescente ne devienne totalement débilisante (d'accord, on avait les productions AB, mais elles étaient tellement plus défendables que toutes les télé-réalités foireuses pondues par la suite), impliquait de devoir faire des choix cornéliens quasiment tous les mercredis et samedis matins (imaginez l'enfer pendant les vacances scolaires) : choisir entre les programmes du club Dorothée et de DKTV/KD2A, voire même des Minikeums - Batman et Fais-moi peur quoi.
Si certains privilégiaient plus une émission que l'autre, d'autres plus téméraires et doués pour la gymnastique du zappage de chaînes, jouait la montre à chaque programme (hésiter entre Olive et Tom et Le Loup Garou du Campus ou Chair de Poule, sauter Sailor Moon pour regarder S Club 7 et revenir juste à temps pour Dragon Ball Z...).
Pion essentiel du show présenté par Donkey Kong (oui), Les Incroyables Pouvoirs d'Alex - plus tard balancée sur la jadis géniale Canal J -, créée sur un coup de poker par Thomas W. Lynch (il devait signer cinq pitchs de séries pour Nickelodeon, il n'en donnera finalement qu'un, celui-ci), aura su égayer nos enfances tout en nous initiant gentiment à de la SF à petite échelle et au visage humain, ou des pouvoirs magiques pas forcément désirés mais au final bien utiles, ne nécessitaient pas fondamentalement de grandes responsabilités, mais étaient suffisamment important pour bousculer le quotidien d'une adolescente comme les autres, et de ses amis.

(Picture: Nickelodeon)

On y suivait les aléas de la pauvre Alex Mack, ado lambda de treize ans au style qui lui est propre (et qu'elle assumait totalement, notamment sa collection folle de chapeau), qui un soir en rentrant de l'école, se voit asperger d'un produit toxique (so Matt Murdock), du GC-161, qui au lieu de la tuer, lui fait développer des pouvoirs kinétiques, électriques mais aussi... liquides, puisqu'elle pouvait se transformer en une flaque dorée; sans oublier qu'elle devenait toute orange quand elle était nerveuse (la saison 3 corse même le débat, puisqu'un nouveau produit chimique lui permet de séparer son côté maléfique d'elle-même, et en faire une personne à part entière, tel un clone diabolique).
Pas commun, même pour les X-men, et si ses parents vont passer totalement à côté de cette information pourtant dingue, elle va petit à petit contrôler ses dons particuliers - véritable métaphore des changements opérés par nos corps à l'adolescence - et échapper aux méchants employés de l'usine qui la pourchasse (oui, parce qu'après lui avoir ruiné son adolescence, ils veulent aussi définitivement l'enlever et en faire un rat de laboratoire, avec la machiavélique Atron en leader suprême), autant grâce à l'aide de son BFF Ray, que de celle de sa grande soeur scientifique (ça tombe bien), Annie, loin du stéréotype du gros cerveau nerd...
Usant intelligemment du fantastique pour servir l'histoire - et non l'inverse -, privilégiant intelligemment les émois de l'adolescence (des soucis communs à tous, juste ici un poil aggravés par ses pouvoirs) et la dureté - on se comprend - du milieu scolaire comme un terreau fertile pour développer ses personnages attachants, et masquer le manque de cohérence de ses intrigues - ou même leur répétitivité, malgré la tension liée à la nécessité de garder ses pouvoirs secrets -; The Secret World of Alex Mack et sa naïveté sincère (jusque dans sa morale : oui les usines chimiques et nucléaires, c'est pô bien), savait parler au môme rêveur qui était en nous, celui qui voulait des pouvoirs magiques sans forcément être un super-héros, qui voulait rendre spectaculaire sa singularité et sortir un brin du moule de la normalité.

(Picture: Nickelodeon)

Avec des SFX limités - pour être poli -, un esprit mélangeant étonnamment bien les aspects teen show et cartoonesque de certains comics, des personnages hautement sympathiques et bien interprétés (on a tous craquer ou voulu être ami avec Alex Mack/Larisa Oleynik), la série a su grandir avec son auditoire et tenir la route pendant quatre jolies saisons, certes un poil inégales mais muées par une honnêteté et un naturel propre aux 90's.
Une série qui faisait la part belle à ses adolescents, aux relations réelles et authentiques (impossible de renier l'alchimie sincère qui liait Alex et sa soeur, ou Alex et Ray), et qui a su s'offrir une fin satisfaisante et heureuse (parce que prévu à l'avance, avec l'envie de Larisa Oleynik de passer à autre chose), avec une Alex qui avoue enfin ses pouvoirs à ses parents, et les vilains derrière les barreaux, même si elle laisse subtilement en suspens la décision de l'héroïne, de prendre ou non l'antidote concocté par son père.
Un vrai teen show so cool pour captiver les petites têtes blondes que l'on était tous, entre une réalisation parfaite des souhaits enfantins, et une science-fiction volontairement simpliste et amusante.
Évidemment que ses vingt-six ans au compteur ne lui ont pas fait du bien, mais la nostalgie parle toujours autant quand on se hasarde à regarder les reliques qu'il en reste sur YouTube.
Ah, que c'était génial la télévision quand on était jeune...


Jonathan Chevrier