[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #99. Coming To America
© 1988 Paramount HE. All rights reserved |
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#99. Un Prince à New York de John Landis (1988)
Qu'on se le dise, tous les enfants des 80's/90's, ont été biberonnés aux comédies savoureusement irrévérencieuses du génial Eddie Murphy, avant que quelques choix de carrière maladroits couplés à des flops plus où moins retentissants, n'est définitivement enterré le bonhomme dans les limbes de la jungle Hollywoodienne, malgré de petits sursauts d'estime au fil des deux dernières décennies.
Et à une heure où il s'est offert un come-back comme le cinoche ricain les aime tant (Dolemite is my name de Craig Brewer, actuellement dispo sur Netflix), et qu'il concocte activement la suite du Prince à New York du côté de la Paramount (justement avec Brewer derrière la caméra), il n'y a donc rien de plus naturel que de se replonger avec nostalgie, dans les aventures passées de l'éternel Axel Foley, celles dont on a poncées les VHS plus que de raison...
© 1988 Paramount HE. All rights reserved |
Murphy-esque de tous ses pores tant il est autant le plus personnel du comédien (une vraie comédie black qui lui ressemble) que le plus représentatif de sa verve folle (on était un an après son légendaire passage sur scène avec son one man show Raw), la péloche suit l'histoire aussi simple que génial d'un prince à la vie on ne peut plus aisé dans le royaume fictif de Zamunda, sorte de Wakanda plus doux et définitivement moins high tech.
Traité comme une icône religieuse par ses contemporains (son palais est géant et remplit d'animaux, il est réveillé par un orchestre, ne marche que sur des pétales de rose,...), n'ayant même plus besoin de se laver par lui-même (" le pénis royale de sa majesté est propre " true story), il aimerait pourtant jouir d'un peu plus de dépendance, notamment dans le choix de sa future femme, histoire de ne pas s'unir avec celle imposée par un père aimant mais férocement respectueux des traditions.
Bien décidé à n'en faire qu'à sa tête en suivant son coeur, il décide de trouver sa reine outre-Atlantique, dans le Queens (logique pour trouver une... queen), sans l'annoncer à son paternel, prétextant une découverte du monde avant d'honorer ses engagements royaux.
Accompagné de son BFF et maître d'arme Semmi, il débarque donc à New York pour un tout petit peu plus d'un mois, une ville qu'il ne connaît ni d'Adam ni d'Eve tout comme les coutumes qui la régit.
Là-bas, ils prétenderont être des étudiants africains sans ressources, et si Semmi désire plus que tout retrouvé sa vie dorée d'avant, Akeem lui, se plaît dans un univers ou il a tout à découvrir, surtout qu'il semble avoir trouvé l'amour de sa vie en la personne de la tendre Lisa, dont le père gère un fast food cloné sur la firme MacDonald...
© 1988 Paramount HE. All rights reserved |
Sorte d'union parfaite entre la romance jamais trop facile et la comédie communautaire totalement débridée et décomplexée, jouant subtilement du choc des cultures pour mieux gentiment égratigner l'American way of life, tout en s'offrant des délires absolument géniaux, motivés par les talents d'improvisations de son héros vedette (le barber shop théorisant sur la boxe, le groupe de gospel Sexual Chocolate et son leader fou Rick James Randy Watson,...); Coming To America, porté par un casting dément totalement voué à sa cause (Eddie, Arsenio, James Earl Jones, Frankie Faison, Madge Sinclaire et aussi et surtout John Amos, visiblement heureux de laisser s'exprimer son penchant comique) et une vraie acuité sociologique, est sans doute ce qu'Eddie Murphy a proposé de plus drôle et juste, avec le mésestimé Boomerang de Reginald Hudlin.
Un conte purement 80's du prince et du pauvre incarnant une seule et même personne, pas toujours servi par son rythme inégal (la première moitié est incroyable, la seconde plus tranquille même si toujours sympathique), mais qui n'a décemment pas volé son statut de comédie US référence, qui ne perd pas une once de sa superbe même après une multitude de visions.
Jonathan Chevrier