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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #80. Semaine du 2 au 8 février 2020



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 2 Février au 8 Février



Dimanche 2 Février. 

Fenêtre sur Cour de Alfred Hitchcock sur Arte.
 
Reporter-photographe coincé sur une chaise roulante après un accident, L. B. Jeffries passe ses journées à observer son voisinage depuis sa fenêtre. Il reçoit régulièrement la visite de son infirmière Stella et de sa fiancée Lisa Fremont. Un soir, il entend un cri venant de l’appartement d’en face et voit sortir son voisin, Thorwald, chargé d’une lourde valise. Il le soupçonne d’avoir tué sa femme, et confie ses soupçons à un ami détective, Doyle...

Comme souvent chez Hitchcock, l’œuvre est double. En effet, Fenêtre sur Cour est de prime abord un film au rythme impeccable, qui au travers d’un scénario minutieux, entre policière et romantique, parvient à capter l’attention de son public de par le dispositif de son intrigue. Mais, derrière cela, se cache une œuvre de son auteur, une œuvre hitchcockienne qui insère des êtres en prise avec le sentiment amoureux. Car, quand, comme James Stewart, on commence à observer ce film, on prend conscience que ces fenêtres sont autant de facettes de l’amour — de sa passion à sa haine. Mais, Fenêtre sur Cour est également un long-métrage sur le regard, la caméra ne fait qu’être les yeux de Stewart et nous balade dans un filandreux montage illustrant le voyeurisme macabre qui happe le personnage autant que le spectateur.

Mais aussi... France 2 diffuse Mad Max : Fury Road de George Miller. Le blockbuster devient dans les mains du cinéaste une pure expérience visant à en repousser les frontières. Épurant son texte tout autant que son intrigue, Miller vient toucher du doigt la fonction première du 7e art : raconter une histoire avec des images. Ici elles collent à la rétine, impriment une gargantuesque démesure qui nous enfonce dans notre siège profitant de ce geste du pur cinéma.

Toujours pas convaincu... laisser-vous tenter par Agents très Spéciaux code U.N.C.L.E de Guy Ritchie sur TFX. Une relecture de la série mythique qui est à l’image des premiers longs-métrages du cinéaste. Impertinents, n’hésitant pas à moderniser le langage de ses personnages, mais là où il surprend, c’est par sa densité cinématographique. Balayant le film d’espionnage des années 60 à nos jours, il fait une sorte d’immense best of des évolutions du genre, quelque part entre un James Bond et un Kingsman, entre un Jason Bourne et un Mission Impossible.



Lundi 3 Février. 

American Gangster de Ridley Scott sur FranceO.
Début des années 1970, New York. Frank Lucas a vécu pendant vingt ans dans l’ombre du Parrain noir de Harlem, Bumpy Johnson. Lorsque son patron succombe à une crise cardiaque, Lucas assure discrètement la relève en prenant pour auxiliaires ses frères et cousins tout en gardant un profil bas. Inconnu de la police comme des hautes instances de la Cosa Nostra, Lucas organise avec la complicité d’officiers basés au Vietnam un véritable pont aérien et importe des centaines de kilos d’héroïne pure ; qu’il revend à bas prix dans les rues de New York. Tandis que Lucas amasse une fortune colossale, l’inspecteur Roberts du NYPD enquête patiemment sur l’origine et le fonctionnement de ce marché parallèle d’un genre inédit, et finit par soupçonner l’insaisissable Frank Lucas.

On ne peut reprocher à Ridley Scott de ne pas avoir, au cours de sa longue carrière, changé de registre. De la SF de Blade Runner au thriller de All the Money in the World, le cinéaste a su, avec plus ou moins de talent, s’accaparer les genres. C’est une nouvelle fois ce qu’il fait, brillamment, avec le film de gangsters. Ici le réalisateur replonge dans les seventies, à l’époque ce cinéma ample et glauque connait un retour fracassant notamment grâce à la série Les Soprano ou au cinéma Zodiac et La Nuit nous Appartient. Voici donc, Ridley Scott s’adonnant à ce qu’il aime le plus, les fresques. Si sa mise en scène se fait somptueusement élégante, son film est lui radicalement obscur. D’un flou permanent, le réalisateur au travers de la carcasse du soldat, capte une troublante Amérique se servant de sa chair comme une poudre à canon avant de finir en mule pour dealers.

La soirée continue... avec Cris et Chuchotements de Ingmar Bergman sur Arte. Œuvre de la chair et de son agonie, Cris et Chuchotements est un film dont la beauté irradie, et qui enferme dans son ambiance feutrée, un quadruple portrait de femmes interrogeant notre sens de la compassion, notre rapport à la souffrance. Tout cela donne corps à une œuvre violente, une œuvre du cri, une œuvre sanglante qui happe, marque, hante son spectateur.




Jeudi 6 Février. 

Nikita de Luc Besson sur Cherie25.

Le braquage d’une pharmacie par une bande de junkies en manque de drogue tourne mal : une fusillade cause la mort de plusieurs personnes, dont un policier, abattu par la jeune Nikita. Condamnée à la prison à perpétuité, celle-ci fait bientôt la rencontre de Bob, un homme mystérieux qui contraint la jeune femme à travailler secrètement pour le gouvernement.

Première incursion de Besson dans le domaine du film d’action, Nikita demeure l’un de ses meilleurs films. Parvenant à allier les exigences du genre et une volonté plus intimiste, le cinéaste va peu à peu faire émerge une œuvre visant avant tout a capter le portrait d’une femme. En effet, Nikita est le corps et le cœur du film qui suit son évolution personnelle et fait de cet élément le support du rythme de son intrigue. Car, si le long-métrage débute avec brutalité, il ne cesse dans ses nombreux fondus d’illustrer l’apaisement gagnant le personnage. Dans ce rôle Anne Parillaud livre une performance instinctive, parvenant à jongler entre les tonalités pour mieux capter la complexité inhérente au personnage. 



Thibaut Ciavarella

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