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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #79. Semaine du 26 janvier au 1er février 2020



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.

Semaine du 26 Janvier au 1er Février



Dimanche 26 Janvier. 

Exodus de Otto Preminger sur Arte.

En 1947, Kitty Fremont une infirmière américaine en visite à Chypre, est émue par les milliers de juifs qui espèrent rejoindre la Palestine. Mais ils sont retenus dans un camp. Pour les aider, arrive en secret sur l’ile Ari Ben Canaan, membre d’une organisation juive qui œuvre en faveur de la création de l’État d’Israël.

Tissant des intrigues ramifiant une dizaine de personnages, Exodus est avant tout une petite prouesse scénaristique. Parvenant dans ce foisonnement romanesque à orchestrer une fresque aussi humaine que politique, évitant le manichéisme pour mieux capturer la complexité du sujet — et des personnages. Malgré, une cause palestienne trop peu incarnée, Exodus demeure une véritable épopée vibrante, poignante quand elle évoque l’Histoire, sobre quand le récit l’exige. Mais, c’est bel et bien sur la longueur, quand les liens entre les personnages s’explicitent que le film trouve sa plus grande force, puisqu’offrant à cette leçon d’Histoire une véritable âme. Trop méconnu, Exodus mérite un coup d’œil.

Mais aussi... 6Ter propose Le Jour d’après de Roland Emmerich. Je n’ai pas de haine pour le cinéma de Emmerich, je dirais même que dans la thématique du « film catastrophe » il s’est imposé comme le maitre du genre. Si le long-métrage repose sur une exagération des phénomènes climatiques, il offre tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un film de ce type, du grand spectacle avec son lot de scènes de destruction impressionnante le tout avec du frisson. Je n’en demande pas plus.



Mardi 28 Janvier.

OSS 117 : Le Caire nid d’Espion de Michel Hazanavicius.
Égypte, 1955, le Caire. Tout le monde se méfie de tout le monde, tout le monde complote contre tout le monde : Anglais, Français, Soviétiques, la famille du Roi déchu Farouk qui veut retrouver son trône, les Aigles de Kheops, secte religieuse qui veut prendre le pouvoir. Le Président de la République Française, Monsieur René Coty, envoie son arme maitresse mettre de l’ordre dans cette pétaudière au bord du chaos : Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117.

Avant OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, toujours avec Jean Dujardin mais sous la houlette de Nicolas Bedos, prenons le temps de redécouvrir — en avance — les films de Hazanavicius. Avec OSS 117, le réalisateur est parvenu à faire un film de divertissement, visant un grand public, tout en imprimant une réelle patte de cinéaste auteur. Un exploit d’autant plus salutaire quand on évoque un film comique. Dans ce genre où le gag est souvent lourd, l’humour douteux et la mise en scène inexistante, Hazanavicius apporte toute sa sophistication. S’acoquinant avec la plume de Jean-Francois Halin, OSS117 est une parodie désopilante des récits d’espionnages type James Bond. Avec un Jean Dujardin en vrai-faux Clark Gable, déployant un humour poil à gratter imbibé de colonialisme et patriotisme exacerbé. Un tour de force qui se voit sublimé par un Hazanavicius inventif, ressuscitant sur sa pellicule une époque entre glamour et kitsch.

Mais aussi... NRJ12 programme Un Homme Ideal de Yann Gozlan. Porté par un Pierre Niney Delonien en diable, ce thriller hitchcockien qui fait plonger le personnage dans la spirale infernale du mensonge est assez bien troussé pour capter notre attention et nous offrir un agréable moment.



Mercredi 29 Janvier.

Un air de famille de Cedric Kaplisch sur Arte.
Chaque vendredi soir, les Ménard se retrouvent au bistrot tenu par l’un des fils, Henri. Son frère Philippe, cadre, qui vient de passer à la télévision, n’a qu’une idée en tête : savoir ce que les gens ont pensé de lui. Betty, la benjamine, décide de rompre avec Denis, le serveur du bar.

Écrit par le tandem Bacri/Jaoui, Un air de famille repose sur un quasi-huis clos qui le relie à son format original, le théâtre. Loin d’être un défaut en soi, le film de par son approche parvient à mêler les genres afin de tisser une véritable petite étude des mœurs. Si Kaplisch apporte dans sa réalisation une énergie indéniable, c’est bien l’écriture, le ton et les personnages qui font fonctionner l’ensemble. Touchant sans être plombant, Un Air de Famille se présente comme une satire, aussi pétillante que féroce voir franchement cynique. En articulant en son sein une multitude de personnalités, le film capte l’essence même des relations humaines, ce qui provoque chez le spectateur un effet miroir faisant de notre rire, un rire jaune.


Thibaut Ciavarella