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[FUCKING SERIES] : Spinning Out saison 1 : Painful Ice


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)



On avait laissé Kaya Scodelario début 2019, avec la facheuse impression que l'une des plus belles révélations de la vénéré Skins qu'elle est, commençait gentiment mais sûrement à voir son aura se détériorer à mesure qu'elle associait son nom à des blockbusters US de moins en moins défendable (la trilogie Le Labyrinthe en tête, surtout l'ultime opus).
Bonne nouvelle, elle corrigeait nerveusement le tir avec la meilleure bande estivale de 2019 : Crawl du frenchy Alexandre Aja, qui semblait enfin retrouvé son mojo au milieu des crocos affamés du sud de la Floride.
Déclinant l'aspect survival viscéral d'une femme luttant littéralement pour sa survie et celle de son père, à celle d'une athlète en proie à sa dernière chance pour potentiellement goûter aux joies de la victoire, elle est cette fois la vedette d'une série Netflix totalement vouée à sa personne, Spinning Out (un temps promis à Emma Roberts), drama familial complexe avec pour toile de fond, le milieu ardu et impitoyable du patinage artistique.


IMAGE : CHRISTOS KALOHORIDIS/NETFLIX

À son meilleur, la série concoctée par l'écrivaine vétéran de la télévision US Samantha Stratton (une ancienne patineuse de compétition elle-même), tutoie la grâce des drama Young Adult touchant et complexe, dont le ressenti intime et judicieusement empathique, nous plonge au coeur d'une histoire ou l'ambition, la passion sportive et le dévouement physique qu'elle impose, s'entrechoquent et usent les âmes au plus profond de leurs chairs.
Surtout que, au-delà de patiner sur la glace sinueuse mais fascinante, d'une héroïne téméraire mais traumatisée par sa raison de vivre (une blessure terrible et publique, au crâne), la série n'hésite même pas à mal visser ses patins en alourdissant le background de son sujet, la rapprochant un brin, de la Tonya Harding de I, Tonya : une pauvreté générationnelle, une mère célibataire bipolaire gentiment abusive (January Jones, qui retrouve un rôle dans la lignée - mais en plus extrême - de sa partition sur Mad Men), une nécessité de voguer vers un patinage en duo pour ne pas terminer serveuse dans un restaurant local (même si elle se sait utiliser pour propulser son binôme vers le firmament), des antécédents d'automutilation coton et un diagnostic bipolaire - magie de l'hérédité - qui pourrait faire salement dérailler sa carrière déjà balbutiante...
Dramatiquement chargée comme une mule amputée d'une patte arrière - ou pas loin -, le show se suit pourtant avec un vrai plaisir rarement coupable, tant les aléas de Kat Baker, à la confiance constamment fragilisée, ne tombe jamais dans la caricature facile - les personnages sont suffisamment fouillés pour ne pas être de simples archétypes incohérents -, malgré les passages romantiques obligés (et appuyées avec la finesse d'un rhinocéros en rute).
Elle a même le bon ton d'effleurer avec une assurance relative selon les sujets, les thèmes de la lutte des classes, des troubles mentaux, de la vie par procuration qu'on certains parents, de l'abusivité/violence parentale (le show l'explique sans forcément la condamner et encore moins l'excuser) mais surtout d'une vision au féminin et à des âges différents, des sacrifices dans la concrétisation des rêves sportifs à l'échelon professionnel.



IMAGE : CHRISTOS KALOHORIDIS/NETFLIX

Entre troubles de l'alimentation, obligation d'incarner une beauté virginale coûte que coûte, dépenses exhorbitantes, risques de blessures physiques et psychologiques ou de rencontrer des entraîneurs/prédateurs, souci de se consacrer à 100% à son objectif de percer (quitte à délaisser les enseignements scolaires qui pourraient pourtant offrir un échappatoire après une retraite de la glace qui arrive très, très vite),... le show n'occulte rien, et brosse le milieu avec une minutie franchement louable sans en masquer la beauté artistique.
Alors tant pis si elle a une furieuse tendance à tourner en rond dès qu'elle engage le virage de sa seconde moitié - portée par un penchant trop prononcé pour la théâtralité -, Spinning Out est une belle surprise aussi touchante qu'humaine porté par une Kaya Scodelario au charisme étonnamment sombre (et donc renversant), prouvant que le drama sportif au féminin du côté de Netflix, alors que la merveilleuse GLOW tirera prochainement sa révérence, a peut-être de beaux jours devant lui... et c'est tant mieux.


Jonathan Chevrier 




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